LONDRES: Une Canadienne qui a quitté son pays pour rejoindre les rangs de Daech va pouvoir rentrer chez elle grâce à l’intervention d’un ancien diplomate américain qui s’est occupé de son cas.
La décision du gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau d’organiser le retour de la femme contraste avec la politique d’autres pays occidentaux interdisant le retour des «femmes de djihadistes».
Les analystes estiment que ce rapatriement renforcera la pression exercée sur les gouvernements occidentaux pour qu’ils accèdent aux demandes du Moyen-Orient et du président américain, Joe Biden, de modifier leur approche concernant le retour des anciennes épouses de djihadistes de Daech.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déclaré aux membres de la coalition anti-Daech que la situation dans le nord de la Syrie, où des milliers de combattants étrangers et les membres de leurs familles vivent dans des camps, était «intenable».
La fille de quatre ans de cette Canadienne a été libérée du camp d’Al-Roj en mars pour des raisons humanitaires. C’est dans ce même camp qu’est détenue Shamima Begum, qui a fui l’est de Londres pour rejoindre Daech en Syrie à l’âge de 15 ans. Elle se bat actuellement contre le gouvernement britannique qui a décidé de lui retirer sa citoyenneté.
La Canadienne, quant à elle, se trouve actuellement au Kurdistan irakien où Peter Galbraith, l’ancien ambassadeur américain en Croatie qui l’a aidée, entretient des relations étroites avec les dirigeants locaux.
M. Galbraith a également participé aux efforts visant à réunir les femmes et les enfants yazidis avec leur famille.
Il a affirmé que la femme avait prouvé qu’elle rejetait sincèrement l’idéologie de Daech.
M. Galbraitth a ajouté que sa renonciation au groupe terroriste lui faisait courir le risque de subir les attaques des loyalistes restés dans le camp.
«Je suis en contact avec elle depuis un an et elle a fourni beaucoup d’informations précieuses pour les forces de l’ordre. Elle était donc un peu un cas particulier», indique-t-il au Times of London.
Il y a plus de 10 000 femmes et enfants étrangers dans les camps du nord-est de la Syrie. Il y en a 60 000 autres originaires d’Irak et de Syrie. Leur avenir est en jeu, les populations occidentales et régionales ne souhaitant pas accueillir des personnes ayant rejoint Daech.
Cependant, l’administration dirigée par les Kurdes qui gouverne ces régions exhorte les pays à assumer la responsabilité des captifs étrangers.
Le gouvernement canadien a affirmé qu’il autoriserait les femmes et les enfants à rentrer de Syrie.
Invoquant des raisons de sécurité, le gouvernement n’a pas envoyé ses responsables dans les régions ravagées par la guerre où se trouvent ses ressortissants. C’est ce qui a poussé les Canadiennes à dépendre d’une aide privée comme celle de M. Galbraith.
L’ancien ambassadeur, qui était le diplomate de Washington en Croatie pendant la guerre d’indépendance, a déclaré qu’il pouvait «comprendre» pourquoi la Grande-Bretagne et d’autres pays européens refusaient fermement le retour des anciens membres de Daech, mais a ajouté que les enfants devaient être rapatriés.
Il a souligné que ceux-ci grandissaient dans des conditions épouvantables où l’entraînement djihadiste se poursuivait.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com