PARIS : Figure reconnue du monde culturel parisien, Laurent Le Bon va prendre la tête du Centre Pompidou avec pour mission de définir un nouveau projet culturel hors les murs alors que ce lieu phare de l'art contemporain va être fermé pour de longs travaux fin 2023.
L'actuel président du musée Picasso est "une personnalité hors normes, largement reconnue en France et à l’international, qui a magnifiquement réussi au Centre Pompidou Metz et au Musée Picasso", a salué l'Élysée. Il va remplacer Serge Lasvignes, dont le mandat arrive à échéance.
Le nom de Laurent Le Bon circulait parmi les possibles prétendants, ainsi que pour la succession de Jean-Luc Martinez au Louvre. C'est Laurence des Cars, présidente du Musée d'Orsay, qui a finalement été nommée à la tête du plus grand musée au monde.
"Ouvert et inventif, Laurent Le Bon propose de défricher de nouveaux territoires de la création et de pousser encore plus loin l'ADN pluridisciplinaire du Centre Pompidou", a expliqué l'Élysée.
Expert en art contemporain, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, il connait très bien le Musée national d’art moderne qu'abrite le Centre Pompidou pour y avoir été conservateur de 2000 à 2010.
Après s'être spécialisé dans l'histoire de l'art des jardins, Laurent Le Bon avait été responsable de la commande publique à la délégation aux arts plastiques au ministère.
En 2010, ce sera la création du Centre Pompidou-Metz: projet critiqué car jugé fou, trop loin de Paris, il sera un grand succès de décentralisation culturelle.
Nommé en 2014 au musée Picasso en crise, il réussira à faire connaître les richesses de ses collections grâce à une large politique de prêts. Il a été notamment un des commissaires de l'exposition du Musée d'Orsay "Picasso. Bleu et rose" en 2018.
"Nouveau chapitre"
Usé par le temps, le bâtiment futuriste voulu par Georges Pompidou et construit en bordure du Marais par Renzo Piano et Richard Rogers va fermer totalement fin 2023 avant de rouvrir début 2027, pour une restauration indispensable: désamiantage, mise aux normes de sécurité, économies d'énergie, etc...
Laurent Le Bon aura "pour première tâche" de concevoir "un nouveau projet culturel pour le Centre pendant et après le chantier", a expliqué un communiqué de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot.
La période sera en effet l’occasion pour Beaubourg d’"aller à la rencontre du public sur l’ensemble du territoire francilien et national, en renforçant les partenariats existants, mais aussi en expérimentant de nouvelles actions hors les murs".
Des actions qui s'inscrivent dans la ligne des initiatives déjà lancées, notamment en banlieue, par Serge Lasvignes.
Dans acte de son candidature, l'ambition de Laurent Le Bon de "faire du chantier lui-même un acte culturel" ouvert sur la ville a été apprécié. "Laurent Le Bon pense ce chantier comme une opportunité pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire du Centre qui fêtera ses 50 ans en 2027", s'est félicité l'Élysée.
Le nouveau président entend réaffirmer "la vocation pluridisciplinaire" de Beaubourg et le développement des liens entre ses différentes composantes - musée, bibliothèque publique d'information (BPI), etc...
Mme Bachelot a rendu hommage à Serge Lasvignes pour "son engagement en faveur de l’éducation artistique et culturelle, par la consolidation de la place du Centre dans les débats de société et une politique de rayonnement international très dynamique": avec notamment l'ouverture d'une antenne du musée à Shanghaï et le partenariat avec Jersey City, dans la banlieue new-yorkaise, pour y ouvrir d'ici à 2024 un centre d'exposition.
La décision d'une longue fermeture totale a été regrettée par des acteurs de la culture et certains riverains. Mme Bachelot se trouvait avec Serge Lasvignes devant deux options: l’une, plus longue, consistant à restaurer le Centre tout en le maintenant ouvert, l’autre en le fermant complètement. Une option plus courte et moins chère.