KHARTOUM: Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok a appelé mardi à l'unité entre les acteurs politiques et militaires du pays, mettant en garde contre des fractures « profondément inquiétantes » au sein de l'armée soudanaise.
Le Soudan est actuellement dirigé par un gouvernement civilo-militaire, né d'un accord en août 2019 après la chute de l'ex-autocrate Omar el-Béchir, chassé du pouvoir après plusieurs mois de manifestations populaires.
Depuis, Khartoum fait face à des défis de taille dont une économie désastreuse, héritée des 30 ans de règne de M. Béchir, marqués par les conflits armés et les sanctions internationales.
« Tous les défis auxquels nous faisons face émanent d'une crise plus profonde qui est politique avant tout », a déclaré M. Hamdok, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé une nouvelle initiative pour l'unité et la réconciliation des factions politiques soudanaises.
Cette initiative consiste notamment à réformer l'institution militaire et assurer l'intégration dans l'armée de groupes paramilitaires, dont la puissante organisation des Forces de soutien rapide (RSF), a-t-il indiqué, estimant que la « fragmentation de l'armée » est « profondément inquiétante ».
Des médias locaux ont récemment rapporté des tensions larvées entre les forces armées soudanaises et les RSF concernant leur intégration dans le corps militaire.
En octobre 2020, Khartoum a signé un accord de paix historique avec plusieurs groupes rebelles notamment du Darfour et poursuit ses négociations de paix avec deux groupes insurgés récalcitrants.
La semaine dernière, le gouvernement a ajourné des pourparlers avec l'un d'eux, le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-Nord). La question de l'intégration dans l'armée des RSF serait l'un des principaux points d'achoppements, selon la presse locale.
M. Hamdok souhaite créer un conseil législatif de transition, a-t-il précisé lors de sa conférence de presse, ajoutant vouloir éradiquer les vestiges du régime d'Omar el-Béchir au sein de l'Etat et s'attaquer à la crise économique qui asphyxie son pays.
Depuis la récente suppression des subventions sur le carburant, le mécontentement populaire gronde au Soudan. La capitale, en particulier, a connu ces derniers jours une recrudescence de manifestations violentes avec pillages et pneus brûlés.
Le pays pourrait basculer dans le chaos si les factions politiques ne se réconciliaient pas, avait averti la semaine passée M. Hamdok. Il a mardi relevé que des dissensions existaient aussi au sein des mouvements pro-démocratie qui ont mené le soulèvement populaire fin 2018.