Régionales : LREM pointée du doigt face au taux record d'abstention

Le président français Emmanuel Macron, entre dans un isoloir alors qu'il vote au bureau de vote du Touquet, lors du premier tour des élections régionales françaises le 20 juin 2021.(AFP)
Le président français Emmanuel Macron, entre dans un isoloir alors qu'il vote au bureau de vote du Touquet, lors du premier tour des élections régionales françaises le 20 juin 2021.(AFP)
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Publié le Vendredi 09 juillet 2021

Régionales : LREM pointée du doigt face au taux record d'abstention

  • Face au déferlement de reproches vis à vis de l’organisation du gouvernement, les représentants LREM se sont expliqués sur cet « accident industriel majeur »
  • Après avoir présenté ses excuses, le résident de la place Beauvau a indiqué que c’est la société « Adrexo » en charge des élections « qui n'a pas été à la hauteur »

PARIS : Deux jours après le premier tour des régionales et départementales, le taux d’absentation significatif de 66,7%, inquiète les élus politiques.

Ainsi, tous les partis de l’opposition se sont accordés pour mettre l’accent sur la « désorganisation de ces élections », en pointant du doigt le travail effectué par l’entreprise privée chargée de distribuer le matériel de campagnes aux français. 

Dans un communiqué commun l’ensemble des collectivités françaises – l’Assemblée des départements de France, Régions de France, ainsi que l’Association des maires de France, ont fait part de leur mécontentement : « la défaillance du service public national des élections est inacceptable et ne peut qu’alimenter l’abstention ».

Bastien Faudot (Mouvement républicain et citoyen- gauche) a indiqué qu’il s’agit d’une « crise démocratique profonde » tout en s’indignant face à la gestion de cet événement citoyen. « Nous vivons dans la 6ème ou 7ème puissance mondiale et l'Etat n'est pas foutu de distribuer les professions de foi. Je suis opposé à toutes ces logiques de privatisations mises en œuvre par l’Etat ».

Marie-Guite Dufay (PS), parle quant à elle de « vrai problème démocratique » en soulignant le fait que les les documents soient « distribués par l’Etat, qui a imposé [aux candidats (NDLR)] des délais très serrés pour leur réalisation. »

En effet, la distribution des professions de foi est une obligation légale de l'État, prévue dans le code électoral. Ainsi, le ministre de l'Intérieur est le garant du bon déroulé des élections.

 

Qu’est-ce que la profession de foi en politique ?

Il s’agit un document qui présente le programme et les idées majeures sur lesquels s'engage un candidat s’il est élu. La profession de foi est préalablement validée par une « Commission de propagande » que le texte est conforme avec la loi.

 

Patrick Molinoz (gauche unie), qualifie ces faits de « scandale démocratique » causés par « l’incompétence pour ne pas dire de la manipulation » du gouvernement, tout en interpellant le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

Olivier Damien (RN), juge « lamentables » les conditions dans lesquelles les élections ont été tenues. « La démocratie en prend un coup » a-t-il ajouté.

Claire Mallard (EELV), appelle à une « réflexion de fond sur les causes qui font qu'on arrive à ce genre de situation », en insistant sur le fait que « cette défiance » n’est plus « tenable ».

Face au déferlement de reproches vis à vis de l’organisation du gouvernement, les représentants LREM se sont expliqués sur cet « accident industriel majeur ». Après avoir présenté ses excuses, le résident de la place Beauvau a indiqué que c’est la société « Adrexo » en charge des élections « qui n'a pas été à la hauteur ».

Vers de nouvelles modalités de vote ?

Pour venir à bout du taux faible de participation , Stanislas Guerini (délégué LREM) évoque un nouvel outil. « Il faut maintenant se donner tous les moyens. La République en Marche avait dit les choses clairement sur le vote par Internet. Moi, je souhaite qu’on puisse le mettre en place dès le prochain quinquennat. Ça fait aussi partie des enjeux démocratiques ».

La question du vote à distance (électronique ou par correspondance) avait déjà été mentionnée dans le débat public, notamment dans le contexte de la crise sanitaire.

En novembre dernier, une mission d’information intitulée « Le vote à distance, à quelles conditions ? » avait été mise en place. François-Noël Buffet qui présidait cette mission a souligné sa préférence pour le vote électronique plutôt que le vote par correspondance « même s’il est subordonné à une question de sécurité technique ». 

Dimanche soir, Emmanuel Macron et François Bayrou ont tenu une conversation téléphonique à propos de la mise en place de nouvelles modalités de vote. Le patron du Modem a tenu à rappeler qu’il avait récemment plaidé pour le retour du vote par correspondance.

Le vote par internet dans le monde

En raison de failles de sécurité, le vote par Internet est une pratique très peu répandu dans le monde.

Il est présent dans certaines municipalités du Canada, mais aussi en Estonie pour les élections locales et législatives.

Cette modalité de vote a été abandonnée en Suisse et dans certains Etats des Etats-Unis.

« Le vote électronique ne résoudra pas à lui seul le problème de l’abstention qui s’aggrave en raison d’un manque de crédibilité de l’action publique, et d’un destin collectif qui n’est pas porté », insiste François Noel Buffet.

Eric Kerrouche, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique de profession (PS), est quant à lui un fervent défenseur du vote à distance. Selon ses dires, « un système politique doit fonctionner avec les pratiques sociales de son époque. Les modes de vie ont changé ».

Le patron d’Orange, Stéphane Richard indique quant à lui dans un tweet que « face à l’abstention massive, un chantier urgent s’impose : la modernisation du vote. Vote par correspondance, vote électronique sécurisé : notre démocratie doit s’adapter à nos vies d’aujourd’hui, en restant irréprochable ! »

Rivalités politiques 2.0

Cette nouvelle modalité favorisera-t-elle certains partis politiques ?  En effet, comme l’a indiqué François Patriat (sénateur LREM) « LREM est un mouvement qui est trop virtuel: on est trop dans l'entre-soi, on n'a pas de militants, on a des cliqueurs », en référence à l'adhésion au parti qui se fait par un simple clic sur internet, sans cotisation. Cet état de fait à double tranchant pourrait favoriser le parti au pouvoir, dans le cas où les votes se déroulent en ligne.

Effectivement, lors du scrutin régional, 68% des sympathisants de la France Insoumise se sont abstenus. Du côté du RN, 73% ne sont pas allés au bureau de vote.

En réponse à cela, Julien Odoul, tête de liste du RN en région Bourgogne-​Franche-Comté  déplore : « nos électeurs qui font confiance à Marine Le Pen ont décidé de déserter les urnes. Un grand nombre d'électeurs du RN considèrent que l'abstention est un acte patriotique. Ils ont tort. Une abstention c'est une voix pour Macron. »

Carte des résultats du premier tour des élections régionales, selon les résultats du ministère de l'Intérieur
Carte des résultats du premier tour des élections régionales, selon les résultats du ministère de l'Intérieur

Quoi qu’il en soit, Marine Le Pen et les candidats RN ont exhorté leurs partisans « à un sursaut» dimanche prochain afin de « redresser le résultat de ce premier tour ».

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, a promis de livrer les « leçons » de cette régionale pour sa candidature présidentielle après le deuxième tour.

Qu’elle que soit les affinités politiques des français, avec deux électeurs sur trois qui ont boudé les urnes dimanche, « les citoyens ont exprimé un faible niveau de proximité ressenti avec leurs conseils départementaux et régionaux », constate l'institut Kantar, dans une étude diffusée mardi sur les enseignements du premier tour.

En plus du débat sur les modalités de vote, l'abstention record ravive le débat sur les régions géantes et les cantons redessinés.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.