PARIS: La fusion des trois listes de gauche en lice aux régionales en Ile-de-France a été scellée lundi autour de l'écologiste Julien Bayou qui a réalisé le meilleur score parmi elles au premier tour, et tentera dimanche de battre la sortante Valérie Pécresse.
Après une douzaine d'heures de négociations, à grand renfort de « calculettes » et de « règles de trois », selon un observateur, la fumée blanche est apparue en début d'après-midi sous la forme d'un tweet de Julien Bayou : « Ça y est, nous sommes uni-es avec Audrey Pulvar et Clémentine Autain pour l'écologie et la solidarité en Ile-de-France ! »
Arrivés à la table des négociations au milieu de la nuit, dans la foulée de l'annonce tardive des résultats, les trois candidats ont conclu un accord de fusion qu'ils ont scellé devant les caméras lors d'un déplacement commun à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) lundi après-midi.
« On a enrichi notre projet. Ce n'étaient pas que des mots. Il y a un espoir pour l'emporter dimanche » au deuxième tour, a insisté Julien Bayou en meneur de troupes après avoir remporté, avec 12,95% des voix, une « primaire » serrée devant Audrey Pulvar (11,07%), soutenue par le PS, et Clémentine Autain (10,24%), candidate de LFI et du PCF.
Cela suffira-t-il pour faire rebasculer à gauche une région que Valérie Pécresse (ex-LR-Libres) lui avait arrachée en 2015 ? Avec un total de 34,26% des voix au premier tour, les trois listes cumulées se retrouvent proches du score de Pécresse (35,94%).
« Rien n'est joué »
Mais selon un sondage réalisé début juin avec les trois hypothèses testées au second tour, le report de voix n'est pas total pour M. Bayou (27%). Mme Pécresse reste donc favorite, d'autant que l'ex-ministre compte grappiller des voix à Jordan Bardella (RN, 13,12%) et Laurent Saint-Martin (LREM, 11,76%) face au danger que constitue selon elle une liste qu'elle qualifie de « gauche extrême ».
« Valérie Pécresse n'a aucune réserve » de voix, a rétorqué Clémentine Autain, qui sera tête de liste départementale en Seine-Saint-Denis. « Si on pense que ce rassemblement peut créer une dynamique, alors rien n'est joué dans cette élection. »
Pour Bayou, tête de liste à Paris, la « fébrilité » de Pécresse « témoigne de notre dynamique ».
Une dynamique espérée après l'accord programmatique qui a permis de surmonter les quelques pierres d'achoppement, dont la gratuité progressive des transports en commun.
Audrey Pulvar en avait fait une proposition non « négociable », alors que Julien Bayou y était opposé, estimant qu'on ne pouvait mener de front « la rénovation et la gratuité ».
Vingt mesures
Parmi les 20 mesures de l'accord, un compromis a été trouvé avec la gratuité des transports dès septembre pour les moins de 18 ans, les étudiants entre 18 et 25 ans, les demandeurs d'emploi et les bénéficiaires des minimas sociaux.
Avec, comme l'horizon pour la fin du mandat, la gratuité pour les moins de 25 ans. « Fusionner, ce n'est jamais très simple. On pourrait faire un film sur ces négociations », a commenté Pulvar, N.2 de la liste d'union à Paris.
Pendant la campagne, Autain et Bayou avaient aussi fait front commun contre le projet de gare du Triangle de Gonesse (Val-d'Oise), alors qu'Audrey Pulvar était restée plus en retrait.
Si les trois listes n'ont pas « tranché ce point », a admis l'ancienne journaliste, elles ont acté « le maintien et la protection des terres agricoles », selon Bayou, ainsi que « le principe de non-régression environnementale ».
Toujours dans les transports, compétence phare de la région, les trois candidats ont pris position « contre la privatisation des transports en commun », a souligné Autain.
Julien Bayou a de son côté renoncé à transformer l'aéroport d'affaires du Bourget en un « gigantesque parc », l'accord de fusion prévoyant simplement de « poser les principes sur le besoin de reconversion et d'accompagnement » dans la filière aéronautique, selon Autain.
La députée de Seine-Saint-Denis a aussi obtenu gain de cause avec l'inclusion dans l'accord de la « gratuité des cantines pour les lycéens des quatre premières tranches du quotient familial ».