Réfugiés syriens au Danemark: «plutôt mourir en détention que retourner au pays»

Le régime de Bachar al-Assad, qui sort d’une campagne présidentielle, initie désormais une campagne de communication présentant le président syrien comme l’homme de la reconstruction
Le régime de Bachar al-Assad, qui sort d’une campagne présidentielle, initie désormais une campagne de communication présentant le président syrien comme l’homme de la reconstruction
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Publié le Mardi 22 juin 2021

Réfugiés syriens au Danemark: «plutôt mourir en détention que retourner au pays»

  • En 2019, les autorités danoises ont officiellement reclassé Damas comme «sûre» dans un rapport d'information
  • «Il y a au Danemark une posture politique générale vis-à-vis des réfugiés qui s'inspire de plus en plus des idées de l'extrême droite»

PARIS: «Je choisirai toujours une mort lente et douloureuse dans un camp au Danemark plutôt que le retour en Syrie, pour y être torturé et tué en toute impunité», souligne Radwan Fouad Gomaa, un refugié syrien de Damas arrivé à Copenhague en 2015 avec sa femme et leurs trois enfants. Comme des milliers d’autres réfugiés, Radwan reçoit en 2015 une carte de séjour de cinq ans et ouvre un restaurant à pizzas avec sa compagne dans lequel ils travaillent en journée, pour ensuite suivre des cours de danois le soir. Mais en décembre 2020, au moment du renouvellement des cartes de séjour de la famille, Radwan s'aperçoit que les demandes ont été refusées. 

En effet, en 2019, les autorités danoises ont officiellement reclassé Damas comme «sûre» dans un rapport d'information. Un an plus tard, Copenhague a décidé de réexaminer les dossiers de Syriens originaires de Damas, sous le contrôle du régime, qui selon les autorités danoises, ne justifient plus un permis de séjour ou une extension du permis de séjour. 

Depuis, 402 Syriens vivant au Danemark ont vu leurs visas révoqués ou non renouvelés selon l’Agence des migrations danoises. Ces derniers peuvent faire appel de la décision, mais dans la plupart des cas, c’est en vain. «Au moins 48 personnes parmi les Syriens vivant au Danemark qui ont vu leurs permis de séjour révoqués ou non prolongés, ont été envoyés dans des centres de retour où ils risquent de rester des mois ou des années. Cette situation nous inquiète à Amnesty International car nous savons que les Syriens dans ces centres de retour ne peuvent ni étudier ni travailler», explique Lisa Blinkenberg, conseillère principale et responsable de la question chez Amnesty Danemark. 

En réalité, ces Syriens n’ont pas le luxe du choix. Une fois que les possibilités d’appel sont épuisées, les réfugiés ont trois mois pour quitter librement le territoire danois, ou être placés en centre administratif de rétention. «Trente jours après un refus définitif de renouveler le visa, vous êtes envoyé dans un centre de retour. Si les règles ne sont pas respectées, les réfugiés sont envoyés dans un centre de détention. Les Syriens ne sont pas encore contraints de retourner en Syrie, ce qui est une bonne chose car Amnesty considère que la Syrie n'est pas un pays sûr pour leur retour», continue Lisa Blinkenberg. Mais cette absence de contrainte du retour en Syrie n’est pas éternelle puisqu’elle dépend de l’inexistence des relations diplomatiques entre Copenhague et Damas. 

Même s’il n’y a pas eu de communication officielle entre les deux pays, le gouvernement d'extrême droite du parti social-démocrate de la Première ministre, Mette Frederiksen, serait prêt à discuter avec n’importe quel pays afin atteindre les objectifs de sa politique antimigratoire. Le Danemark a adopté une loi qui lui permettrait d'ouvrir des centres pour demandeurs d'asile délocalisés dans des pays comme le Rwanda et l’Érythrée dans lesquels les droits de l’homme ne sont pas respectés. 

«Il y a au Danemark une posture politique générale vis-à-vis des réfugiés qui s'inspire de plus en plus des idées de l'extrême droite. C'était déjà très visible au moment de la crise des réfugiés de 2015. Le combat mené par le gouvernement est politique, pas juridique», explique Thomas Pierret, chercheur à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) et au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 

«Avant d'être tué, on nous arrachera toute notre dignité»

«Cela ne prendra pas beaucoup de temps. Dès mon arrivée à l'aéroport de Damas, ils nous arrêteront, et ils nous humilieront avant de nous séparer, de nous torturer et de nous faire disparaître», prédit Radwan qui est un opposant politique de Bachar al-Assad depuis plusieurs années. «Avant d'être tué, on nous arrachera toute notre dignité», continue-t-il. 

Cette sale guerre n’a en effet provoqué que des catastrophes humaines: plus de 500 000 personnes mortes, 100 000 personnes disparues dans les geôles du régime, 10 000 personnes kidnappées par Daech, sans oublier les 5,5 millions de réfugiés et les 6,6 millions de déplacés internes. Mais la question qui est posée ici n’est pas la bonne. Il ne s’agit pas de savoir si Damas est un lieu sûr militairement pour ces personnes, mais comment ces personnes seront accueillies. 

«Le problème du retour en Syrie n’est pas la situation sécuritaire de Damas vis-à-vis de la guerre dans le pays. Le problème, qui n’est pas négligeable, est l’oppression du régime, la torture et les disparitions», continue Thomas Pierret, également spécialiste de la Syrie. Car même si Damas est militairement sûre, elle demeure dangereuse, du fait de cette répression du régime, pour ceux qui y reviennent. «En Syrie, les services de renseignements ne se limitent pas aux dossiers individuels. Si vous êtes issu d’une famille d’opposants, vous risquez vous aussi d'être pris pour cible. Il y a des Syriens qui sont rentrés de leur plein gré après avoir reçu des garanties quant à leur sécurité, et qui ont malgré tout été arrêtés à leur retour», poursuit le chercheur.

Le régime de Bachar al-Assad, qui sort d’une campagne présidentielle (M. Al-Assad a été réélu pour un quatrième mandat avec plus de 95 % des voix), initie désormais une campagne de communication présentant le président syrien comme l’homme de la reconstruction, et que la vie en Syrie reprend. Mais sans fonds étrangers et avec une économie détruite par la guerre, Bachar al-Assad se trouve dans une situation compliquée. Dans un entretien sur la chaîne Arte, le politologue Ziad Majed explique que Bachar al-Assad a également un message à faire passer pour sa communication internationale: «Envoyez des fonds à la Syrie et en échange, nous reprendrons les réfugiés.» Mais avec plus de 12 000 enfants tués, des armes chimiques utilisées contre les civils, Bachar Al-Assad a multiplié les crimes contre l'humanité, comme son père Hafez al-Assad.

«Je connais l’oppression politique depuis tout jeune. Mon père (Que dieu ait son âme) était un opposant politique de Hafez al-Assad, et nous en avons subi les conséquences quand il a été démis de ses fonctions et puni pour son opposition», explique Radwan. Son frère, également un opposant de Bachar al-Assad, a été arrêté et a connu les geôles. «Pour être relâché, mon frère a dû coopérer avec les services de renseignements syriens et a dû dire que j'étais un opposant politique, ce qui fait que si je reviens, ce sera ma fin et celle de ma famille», conclut Radwan. Robert Baer, ancien agent de la CIA au Moyen-Orient, a très bien résumé la situation carcérale dans le pays: «Si vous voulez un interrogatoire sérieux, vous envoyez vos prisonniers en Jordanie. Si vous voulez qu’ils disparaissent, vous les envoyez en Égypte. Et si vous voulez qu'ils soient torturés, vous les envoyez en Syrie.»

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.