LONDRES: Les dons d’argent et de livres ont afflué pour aider à reconstruire l’une des plus grandes et des plus anciennes librairies de Gaza, un bâtiment de deux étages complètement rasé par les attaques israéliennes.
La librairie Samir Mansour a été touchée par plusieurs frappes aériennes le 18 mai, au cours des onze jours d’affrontements entre Israël et les militants palestiniens qui ont coûté la vie à environ 150 Palestiniens.
Fondée il y a plus de vingt ans, cette librairie palestinienne était très appréciée par la communauté. Elle comprenait des dizaines de milliers de livres, couvrant des genres allant de la fiction à la philosophie, et bien plus.
Aujourd’hui, un mouvement mondial a vu le jour pour reconstruire le trésor de Gaza, et la librairie britannique en ligne Books2Door a fait don de 1 000 livres pour enfants.
«C’est sans hésitation que j’ai su que nous pouvions aider», a affirmé Abdul Thadha, fondateur de Books2Door. «Les collecteurs de fonds nous ont aimablement informés que Samir possédait une collection diverse et éclectique. Nous espérons l’avoir rendu fier.»
Une collecte de fonds organisée par les avocats en droits de l’homme Mahvish Rukhsana et Clive Stafford Smith a permis de récolter plus de 210 000 dollars, et des dizaines de milliers de livres provenant du monde entier ont été donnés afin d’aider M. Mansour dans ses efforts de reconstruction.
«Le bombardement de la librairie Samir Mansour n’est pas la pire tragédie qui ait frappé la population de Gaza, mais cette frappe aérienne particulière visait l’accès aux livres», a déclaré Mme Rukhsana.
«C’était une attaque contre le savoir et la culture de cette communauté. Samir a perdu près de 100 000 livres destinés aux écoliers et aux adultes», a-t-elle ajouté.
«Je savais que les hôpitaux et les routes recevraient des fonds, mais les institutions culturelles secondaires telles que les bibliothèques sont souvent négligées, bien qu’elles soient tout aussi essentielles pour la communauté.»
Ils espèrent reconstruire la bibliothèque, remplacer les 100 000 livres perdus de M. Mansour et créer un nouveau projet, le Centre culturel de Gaza, qui serait une nouvelle bibliothèque située juste à côté et qui permettrait aux lecteurs d’emprunter des livres sans payer.
Mme Rukhsana a mentionné que dans la librairie de M. Mansour, «les gens étaient autorisés à rester, à prendre le thé et à lire ses livres aussi longtemps qu’ils le voulaient, gratuitement, sans obligation d’achat... Il a décidé d’utiliser tous les livres légèrement usagés et certains livres neufs pour créer une véritable bibliothèque».
M. Mansour a confié au Guardian que son «cœur brûlait» lorsqu’il a réalisé que des missiles avaient touché sa librairie.
«Les frappes aériennes israéliennes ont bombardé la moitié du bâtiment et ma librairie se trouvait dans l’autre moitié. J’ai souhaité qu’ils s’arrêtent... J’ai fait quelques pas en avant, vers la librairie. Le dernier missile a frappé et a détruit le bâtiment», raconte-t-il.
«Il était 6 heures du matin. Je ne savais pas quoi faire. J’ai commencé à fouiller dans les décombres à la recherche d’objets liés à ma bibliothèque. Mais tout était sous les décombres», ajoute-t-il.
«Je me suis assis et j’ai réfléchi aux raisons pour lesquelles mon magasin a été bombardé. Je n’ai pas publié, écrit ou attaqué un pays ou une personne dans ma vie. Je n’ai pas répandu la haine, mais la culture, la science et l’amour. Je n’ai pas trouvé de réponses à mes questions.» Cependant, il a juré de «tout reconstruire à nouveau, peu importe ce que ce bombardement [lui] a pris».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com