PONTOISE: Le procès des émeutes consécutives à la mort d'Adama Traoré en juillet 2016, qui va confronter son frère Bagui à des dizaines de policiers et gendarmes parties civiles, s'est ouvert lundi sous haute surveillance à la cour d'assises du Val-d'Oise.
Quatre hommes, dont Bagui Traoré, le donneur d'ordres présumé, sont jugés pour tentatives de meurtre en bande organisée pour des tirs d'armes à feu pendant les affrontements de rue dans les heures et jours suivant la mort d'Adama Traoré à la caserne de Persan, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris.
Le jeune homme noir de 24 ans était décédé le 19 juillet 2016 peu après son arrestation par des gendarmes. Persan et la commune mitoyenne de Beaumont-sur-Oise, où réside la fratrie Traoré, avaient alors connu trois nuits de violences urbaines.
Dans ce dossier périphérique de l'affaire Adama Traoré, devenue en cinq ans une cause emblématique du combat contre les violences policières, la compagne de Bagui Traoré comparaît elle aussi pour complicité et subornation de témoin.
Devant la cour présidée par l'ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, les cinq accusés ont décliné tour à tour leur identité à la barre. Bagui Traoré, vêtu d'un T-shirt cintré à manches longues, et un autre accusé comparaissent détenus.
Pour les besoins de l'audience, qui compte plus de 80 parties civiles et doit durer trois semaines, les autorités locales ont déployé un important dispositif de sécurité.
En plus de la salle d'audience, le tribunal de Pontoise a installé deux tentes de retransmission dans la salle des pas perdus pour pouvoir accueillir tout le public. Des policiers y sont déployés en nombre.
Selon l'accusation, Bagui Traoré a organisé les attaques contre les forces de l'ordre après la mort de son frère, assisté par sa compagne. « Tout passait par Bagui », a affirmé lors de l'enquête l'un des accusés, suspectés d'avoir fait usage d'armes à feu.
Personnage central du procès, incarcéré depuis 2016, l'homme de 29 ans a déjà été condamné à de multiples reprises, notamment pour trafic de drogue et des faits de violence. Sa sœur Assa Traoré, devenue une célèbre militante antiraciste, témoignera mardi.
L'instruction sur les causes de la mort d'Adama Traoré et une éventuelle responsabilité des gendarmes, pas mis en examen à ce stade, est toujours en cours.
Les cinq accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu autour du 8 juillet.