PARIS: « Aidez-nous à vous aider ! »
C’est avec ces mots que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a exhorté mercredi les autorités libanaises à engager des réformes, afin d'obtenir un soutien financier de la communauté internationale et de sortir le pays du naufrage économique.
« Aujourd'hui, il y a un risque d'effondrement. Il faut que les autorités libanaises se ressaisissent et je me permets de dire ici à nos amis libanais : vraiment nous sommes prêts à vous aider, mais aidez-nous à vous aider, bon sang ! », a-t-il lancé devant le Sénat français, en précisant qu'il se rendrait « dans quelques jours » au Liban.
Le gouvernement du Premier ministre libanais Hassan Diab, formé en janvier après plusieurs mois de crise politique, s'était engagé à mener une série de réformes dans un « délai de 100 jours », a rappelé le chef de la diplomatie française.
« Ces réformes ne sont pas au rendez-vous. On sait ce qu'il faut faire sur la transparence, la régulation de l'électricité, la lutte contre la corruption, la réforme du système financier et bancaire. Mais rien ne bouge ! », a déploré Jean-Yves Le Drian, se disant « très inquiet » sur la situation au Liban.
« La prise de conscience du risque d'effondrement est très nettement insuffisante de la part de l'ensemble des partenaires politiques libanais », a-t-il ajouté, peu après devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat.
Le Liban, en proie à une crise sans précédent, a sollicité début mai une aide du Fonds monétaire international (FMI), après avoir annoncé un plan de réformes et de relance économique qui n'a toujours pas été mis en œuvre.
« La France - et la communauté internationale autour de la France - ne pourra rien faire si les Libanais ne prennent pas les initiatives indispensables pour leur sursaut », a martelé le ministre français des Affaires étrangères.
La débâcle économique sans précédent a été un des catalyseurs en octobre d'un soulèvement inédit au Liban contre l'intégralité de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence.
Après les manifestations de l'automne, plus sociales que confessionnelles, « c'est en train de redevenir des confrontations confessionnelles avec des risques majeurs de dérive qui sont extrêmement préoccupants », a insisté Jean-Yves Le Drian.