JIUQUAN: Les premiers astronautes sont arrivés jeudi dans la nouvelle station spatiale chinoise, dans le cadre de la plus longue mission avec équipage jamais entreprise par le pays, une étape décisive pour Pékin en pleine rivalité technologique avec Washington.
Il s'agit du premier vol habité pour la Chine en près de cinq ans. Les trois astronautes de la mission, dont les noms n'ont été révélés que mercredi, doivent séjourner trois mois dans l'espace.
Dans un contexte de tension avec l'Occident, la réussite de la mission est une question de prestige pour Pékin, qui s'apprête à célébrer le 1er juillet le centenaire du Parti communiste chinois (PCC).
Jeudi après-midi, l'agence spatiale chinoise chargée des vols habités a annoncé « le succès » de l'arrimage du vaisseau habité Shenzhou-12 au premier module de la Station spatiale chinoise que Pékin assemble, « Palais céleste », qui doit rivaliser avec la Station spatiale internationale (ISS).
Six heures plus tôt, la fusée Longue-Marche 2F avait quitté à 09h22 (01h22 GMT) son pas de tir du Centre de lancement spatial de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest), avant de s'installer en orbite dix minutes plus tard.
La télévision publique CCTV a diffusé des images des astronautes, tout sourire, en train de soulever leur visière après leur arrivée en orbite, alors qu'un crayon flottait en apesanteur.
« Les panneaux solaires se sont déployés normalement et nous pouvons déclarer que ce lancement est réussi », avait annoncé le directeur du centre de lancement, Zhang Zhifen.
Jeudi soir, les astronautes ont été montrés à la télévision entrant dans le premier module de la Station spatiale, l'un d'entre eux effectuant un saut périlleux de 360 degrés au cours de cette opération.
Centre de contrôle et lieu de vie des astronautes, le module Tianhe a été placé fin avril en orbite terrestre basse (à 350-390 km d'altitude).
A son bord, les astronautes ne chômeront pas: maintenance, installation de matériel, sorties dans l'espace, préparation des missions de construction à venir et des séjours des futurs équipages.
Dimension patriotique
Appelée Tiangong (« Palais céleste »), la station spatiale chinoise, une fois terminée, sera semblable en taille à l'ancienne station soviétique Mir (1986-2001). Sa durée de vie sera d'au moins dix ans.
La mission Shenzhou-12 constitue le troisième lancement sur les 11 nécessaires à la construction de la station entre 2021 et 2022. Quatre missions habitées sont prévues au total.
En plus de Tianhe déjà en place, les deux modules restants (qui seront des laboratoires) devraient être envoyés dans l'espace en 2022. Ces derniers permettront de mener des expériences en matière de biotechnologie, médecine, astronomie ou encore de technologies spatiales.
La Chine s'est résolue à construire sa propre station dans l'espace après le refus des Etats-Unis de la laisser participer à l'ISS.
Cette dernière - qui réunit les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l'Europe et le Japon - doit prendre sa retraite en 2024, même si la Nasa a évoqué une prolongation possible au-delà de 2028.
« Nous sommes prêts à coopérer avec n'importe quel pays qui s'engage en faveur de l'utilisation pacifique de l'espace », a déclaré mercredi un haut responsable de l'Agence chinoise des vols habités (CMSA), Ji Qiming.
Mercredi, l'astronaute français Thomas Pesquet et son co-équipier américain Shane Kimbrough ont effectué sans encombre une sortie de plus de sept heures dans l'espace afin de déployer un panneau solaire de nouvelle génération à l'extérieur de l'ISS.
Juste avant le départ, le commandant de la mission Nie Haisheng, accompagné de Liu Boming et Tang Hongbo, ont fait leurs adieux à leurs proches et collègues lors d'une cérémonie au fort contenu patriotique au cours de laquelle a retenti un vieux refrain révolutionnaire: « Pas de Chine nouvelle sans le Parti communiste ».
Le trio a subi plus de 6 000 heures d'entraînement afin de s'habituer aux sorties en apesanteur.