Pourquoi l'Egypte a-t-elle changé de politique envers le Hamas après le conflit de Gaza?

Yahya Sinwar (à gauche), leader politique du Hamas à Gaza, donne une accolade au général Abbas Kamel (à droite), chef du renseignement égyptien de la ville de Gaza. (Photo, AFP/Archives)
Yahya Sinwar (à gauche), leader politique du Hamas à Gaza, donne une accolade au général Abbas Kamel (à droite), chef du renseignement égyptien de la ville de Gaza. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 17 juin 2021

Pourquoi l'Egypte a-t-elle changé de politique envers le Hamas après le conflit de Gaza?

  • Al-Sissi promet un demi-milliard de dollars pour reconstruire l'enclave assiégée
  • D’aucuns estiment qu’il ne faut pas confondre entre la politique égyptienne envers Gaza et la relation officielle du Caire avec le Hamas

GAZA : Au cours du dernier conflit israélien avec Gaza, le changement de ton dans la politique égyptienne est devenu évident, notamment quand le président Abdel Fattah Al-Sissi a promis un demi-milliard de dollars pour reconstruire l'enclave assiégée.

Première de son genre entre les deux pôles, la visite du chef des services de renseignements généraux égyptiens, Abbas Kamel, à Gaza, en tant qu'envoyé officiel d'Al-Sissi, marque un virage dans la position du Caire envers le Hamas. 

Les relations bilatérales se sont détériorées après la chute de l'ancien président égyptien Mohammad Morsi, affilié aux Frères musulmans, en 2013.

L'Égypte a joué un rôle crucial dans les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas le 21 mai, après 11 jours de combats transfrontaliers qui ont laissé une traînée de destruction, plus de 250 morts, et des centaines de blessés.

Le Caire a ouvert le poste-frontière de Rafah à des dizaines de véhicules égyptiens, qui sont entrés à Gaza afin de déblayer les décombres des bâtiments détruits et débuter la reconstruction. 

Le Caire a de plus fourni des marchandises à l’enclave, bravant les strictes restrictions israéliennes.

Cependant, Moukhaimer Abou Saada, professeur de sciences politiques à l'Université Al-Azhar à Gaza, estime qu’il ne faut pas confondre la politique égyptienne envers Gaza et la relation officielle du Caire avec le Hamas.

Il rappelle que le rôle de l'Égypte à Gaza est stratégique en raison de facteurs historiques et géographiques. Quant à la relation du pays avec le Hamas, elle s'inscrit dans le cadre de «tactiques politiques» au service des deux côtés.

Abou Saada croit que le changement récent dans la politique égyptienne envers les leaders de Gaza, le Hamas, n'aurait pas eu lieu «sans le feu vert de l'administration américaine» lors du premier appel téléphonique entre le président américain Joe Biden et Al-Sissi.

«L'Égypte et le Hamas profitent tous deux de ce changement», explique Abou Saada à Arab News.

«Le Hamas, qui a beaucoup souffert politiquement et financièrement après les années d'éloignement qui ont suivi le renversement de l'ancien président Morsi, souhaite développer ses relations avec le régime égyptien», poursuit-il.

Quant à l'Égypte, elle se tient à sa position d'acteur régional primordial dans l'arène palestinienne, étant le parrain historique de la question palestinienne, a souligné Abou Saada.

Par contre, l'Autorité palestinienne (AP) n'est pas entièrement satisfaite de la politique égyptienne actuelle envers Gaza et de l'ouverture du pays au Hamas, précise-t-il. Il ajoute que ceci pourrait être l'une des principales raisons du retard dans le dialogue qui aurait dû débuter au Caire samedi dernier.

«L'Autorité palestinienne, qui a cherché au cours des quatre dernières années à assiéger le Hamas politiquement et financièrement en imposant des sanctions à Gaza, ne veut pas que le Hamas exploite le récent conflit israélien en sa faveur par le biais de l’Égypte», a expliqué Abou Saada.

Après l'éviction de Morsi, les relations entre le Hamas et l'Égypte se sont détériorées au point où les médias égyptiens insinuaient que le Hamas avait soutenu les salafistes du Sinaï, et les a aidés à mener des attaques au Caire.

Ibrahim Al-Madhoun, un analyste politique proche du Hamas, estime que l'Égypte a une belle opportunité de regagner son poids régional. 

Il croit également que le Hamas est prêt à valoriser le rôle important de l’Égypte si ses demandes sont satisfaites, en particulier la levée du siège de Gaza et la cessation des attaques israéliennes contre Jérusalem.

Al-Madhoun ne voit pas une volte-face de l'Égypte, mais il estime que la situation a provoqué un regain d’intérêt de la part du Caire en termes de sa capacité à traiter les dossiers vitaux.

Hani Al-Basous, professeur de sciences politiques et de relations internationales, croit que la tactique égyptienne actuelle avec le Hamas est basée sur sa reconnaissance comme un fait accompli. Il soutient que la force palestinienne dispose d’un grand poids aujourd’hui, forte de l’élan populaire arabe qui a suivi le dernier conflit, et qu'elle devrait être traitée avec de nouvelles visions, et non avec une nouvelle orientation politique.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.