PARIS : Les industriels des emballages alimentaires, de la plasturgie et les acteurs du recyclage se sont engagés mercredi, sous la pression du gouvernement, à créer ensemble une filière de recyclage opérationnelle à 100% en France en 2025.
Pots de yaourt ou barquettes en polystyrène usagés, même triés, ne sont quasi jamais recyclés (pas plus de 3 à 4% selon le ministère de la Transition écologique), et beaucoup finissent dans les océans.
L'objectif est de réutiliser les milliers de tonnes d'emballages en polystyrène à usage unique jetés chaque année, qui vont à l'enfouissement ou à l'incinération, même s'ils sont bien triés dans le bac jaune, ou dans la nature.
"Le postulat de départ est de créer une filière française de recyclage des emballages alimentaires en polystyrène avec retour au contact alimentaire" a indiqué un responsable de Syndifrais (produits laitiers frais).
En clair, des pots de yaourt redeviendraient des pots de yaourt.
Pour y parvenir, trois projets se fondant sur du recyclage chimique sont en route en France. Ce procédé implique la décomposition du plastique avec retour à la cellule de base, le monomère, pour réassembler et fabriquer ensuite de nouveaux polymères.
Le premier projet est porté par Michelin; il prévoit une usine pilote opérationnelle en 2021, avec son partenaire Pyrowaven et le démarrage d'une unité industrielle "d'ici fin 2023" indique-t-il dans un communiqué.
Le deuxième est porté par Ineos Styrolution et Trinseo au Royaume-Uni et prévoit une usine exploitée par Ineos "entre 2023 et 2025" sur son site français à Wingles.
Enfin, l'unité de recyclage chimique de Total à Grandpuits se dit capable d'intégrer "jusqu'à 20% de polystyrène recyclé en 2023".
Le ministère de la Transition écologique a pris acte de la charte d'engagement signée le 14 juin par les industriels.
Au total, selon le ministère, "ce sont 2,2 millions de tonnes d'emballages en plastique ménager, industriels ou commerciaux qui sont mis sur le marché en France, le polystyrène représentant à lui seul plus de 350 000 tonnes par an, soit 7% des matériaux utilisés tous secteurs confondus".
Côté industriel, on planche plutôt sur un "gisement" de "100 000 tonnes" par an à recycler. Chacune des trois unités prévues devant permettre de traiter entre 10 et 15 000 tonnes par an, il faudra d'autres unités pour tenir l'objectif.
Le secteur a été poussé par la loi Climat en discussion au Sénat, et par la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), votée en février 2020, qui impose de tendre vers 100% de recyclage des emballages en plastique à usage unique d'ici 2025.
L'industrie se réserve néanmoins encore une porte de sortie fin 2021 en cas de non-viabilité du projet. "Mais dans ce cas, les industriels s'engagent à éliminer le polystyrène de leurs emballages", a indiqué une source industrielle mercredi soir.
L'industrie du plastique s'était récemment émue du "plastic bashing" et des injonctions contradictoires qu'elle disait subir de la part des pouvoirs publics, l'Assemblée nationale ayant voté dans le cadre de la loi Climat l'interdiction pure et simple de tout emballage en polystyrène, alors que la loi AGEC imposait leur recyclage.
"Ceci nous interdisait d'avancer sur nos projets de recyclage" a dit l'un d'entre eux. Mardi soir, un amendement voté au Sénat a repris le texte en interdisant les emballages en polystyrène "qui ne seraient pas recyclés", "ce qui nous permet d'aller de l'avant avec notre filière de recyclage", a indiqué la même source industrielle.