Les États-Unis, ainsi que l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France (UE3) font pression pour relancer l'ancien Plan d'action global conjoint (PAGC), également connu en tant qu’accord sur le nucléaire iranien, malgré tous les signaux d'alarme actuels liés au régime iranien et à son programme nucléaire.
Alors que les négociations sont en cours, le régime iranien ne cesse de violer les termes de l’accord, notamment en faisant tourner davantage de centrifugeuses et en enrichissant l’uranium à un niveau beaucoup plus élevé, ce qui rapproche Téhéran de l’obtention d’armes nucléaires.
Même le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a reconnu récemment que le délai d'éclatement de l'Iran, c'est-à-dire le temps nécessaire pour rassembler suffisamment de matières fissiles pour une seule arme nucléaire, pourrait n’être plus que de quelques semaines. Il a déclaré en outre que le programme nucléaire de l’Iran «avance au galop… Plus cela dure, plus le délai d'éclatement diminue... il n'est plus, selon les rapports publics, que de quelques mois au mieux. Et si cela continue, ce ne sera plus qu'une question de semaines.»
L'Iran accélère le programme en partie pour menacer les États-Unis et l'UE3, afin d’obtenir davantage de concessions dans les négociations nucléaires et pour pousser les puissances mondiales à rejoindre le PAGC. À l’évidence, c’est la République islamique qui cherche désespérément la reprise de l'accord; son économie est dans un état déplorable, elle peut difficilement se permettre de financer ses groupes mandataires à travers le Moyen-Orient et elle enregistre un déficit budgétaire important en grande partie du fait qu'elle ne peut pas exporter de pétrole en grandes quantités. L'accord nucléaire lèvera toutes les sanctions et aidera le régime iranien à réintégrer le système financier mondial.
Téhéran et certains défenseurs du PAGC soutiennent que l'administration Trump doit être tenue pour responsable des violations nucléaires de l'Iran. Mais dans la mesure où une nouvelle administration aux États-Unis démontre pleinement son objectif de revenir à l'accord nucléaire, l'Iran n'a aucune excuse pour continuer l'escalade.
Les États-Unis et l'UE3 se précipitent également, à tort, pour relancer l’accord avant la fin du mandat du président iranien, Hassan Rohani. Mais le désespoir et le désir de l'Iran de revenir à l'accord nucléaire ne changeront pas lorsqu'un nouveau président sera élu. La politique nucléaire ne vient pas du président iranien, mais du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les questions de politique étrangère de l'Iran. La République islamique a récemment admis que la politique nucléaire de l'Iran ne changera pas lorsqu'un nouveau président sera au pouvoir, après que le porte-parole du gouvernement, Ali Rabiei, a déclaré le 8 juin: «Les autres parties de l'accord nucléaire peuvent être assurées que l'Iran ne rompra pas ses obligations tant qu'ils respecteront leurs engagements. Nous nous concentrons sur la finalisation des pourparlers pour l’instant. Pour le moment, nous ne sommes pas intéressés par le fait de spéculer à l'avance sur les différentes possibilités.»
À l’évidence, c’est la République islamique qui cherche désespérément la reprise de l'accord; son économie est dans un état déplorable, elle peut difficilement se permettre de financer ses groupes mandataires à travers le Moyen-Orient et elle enregistre un déficit budgétaire important.
Dr Majid Rafizadeh
Un autre signal d’alarme que les États-Unis et l'UE3 ne prennent pas en compte est lié aux récentes déclarations de Rafael Grossi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ses déclarations suggèrent que le régime iranien violait l'accord nucléaire de 2015 avant même que l'administration Trump ne retire les États-Unis du PAGC.
Rafael Grossi a déclaré lors d'une réunion du conseil d'administration de l'AIEA à Vienne le 7 juin: «Après de longs mois, l'Iran n'a pas fourni l'explication nécessaire à la présence de particules de matériaux nucléaires sur les trois sites où l'Agence a mené des inspections supplémentaires. En l'absence d'une telle explication de la part de l'Iran, je suis profondément préoccupé par le fait que des matières nucléaires aient été présentes dans les trois emplacements non déclarés en Iran et que les emplacements actuels de ces matières nucléaires ne soient pas connus par l'agence.»
Les activités clandestines de l'Iran lors de l'accord nucléaire ont été révélées pour la première fois par Israël. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a déclaré dans son discours à l'Assemblée générale des nations unies que l'Iran dispose d’un «entrepôt atomique secret à Téhéran, qui sert à stocker des quantités massives d'équipements et de matériaux destinés au programme d'armes nucléaires secrètes de l'Iran». L'AIEA a d'abord ignoré la révélation d'Israël. Mais plus tard, les inspecteurs de l'AIEA ont pu détecter des traces d'uranium radioactif sur le site.
L'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et les États-Unis ne doivent pas tenter de revenir à l'ancien accord nucléaire insuffisant que l'Iran aurait violé même pendant sa mise en œuvre.
L'administration Biden et les puissances européennes ne doivent pas ignorer les avertissements de l'AIEA. Les États-Unis et l'UE3 doivent non seulement interrompre les pourparlers nucléaires jusqu'à ce que Téhéran coopère pleinement avec l'AIEA mais aussi réponde aux préoccupations concernant les matières nucléaires trouvées sur trois sites nucléaires non déclarés en Iran.
Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard. Homme d'affaires et expert de premier plan sur la politique étrangère iranienne et américaine, il est président de l'International American Council. Il siège aux conseils d'administration de la Harvard International Review, du Harvard International Relations Council et de la Chambre de commerce et d'affaires des États-Unis et du Moyen-Orient. Twitter: @Dr_Rafizadeh
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com