Les forces armées libanaises se préparent à un éventuel chaos

Des cadettes des unités armées de la Sûreté Générale participent à un défilé militaire lors des célébrations marquant les 75 ans de l'indépendance du Liban à Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
Des cadettes des unités armées de la Sûreté Générale participent à un défilé militaire lors des célébrations marquant les 75 ans de l'indépendance du Liban à Beyrouth. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Samedi 12 juin 2021

Les forces armées libanaises se préparent à un éventuel chaos

  • Une source affirme que l'armée exercera le rôle qui lui est assigné, au moment où l'impasse politique semble s’éterniser
  • La France organisera une conférence «afin de mobiliser le soutien de la communauté internationale en faveur de l'armée libanaise»

BEYROUTH : La France organisera jeudi prochain une conférence virtuelle «afin de mobiliser le soutien de la communauté internationale en faveur de l'armée libanaise», à la suite d'une visite officielle en France du chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun fin mai.

Aoun a rencontré le président français Emmanuel Macron qui a promis de «fournir une aide alimentaire et médicale d'urgence aux forces de sécurité libanaises dans l'espoir de maintenir l'ordre public».

Les États-Unis et le Liban ont également tenu une conférence fin mai, Washington renouvelant son engagement envers les Forces armées libanaises en augmentant son aide militaire de $15 millions, pour atteindre un total de $120 millions au cours de l’année fiscale 2021.

«Nous avons un programme d'aide militaire permanent avec les États-Unis, mais nous n'avons pas besoin d'armes pour le moment. Nous avons besoin d'une aide en nature pour l'armée», a souligné une source militaire.

Ces développements ont lieu au moment où les avertissements externes continuent sur la possibilité d'un chaos régnant au Liban, alors que la situation économique et sociale se détériore.

Les observateurs étrangers craignent que les forces de sécurité ne soient pas en mesure d'empêcher des troubles qui pourraient s'avérer plus violents que les manifestations de 2019 et 2020.

Les querelles politiques se poursuivent et le gouvernement démissionnaire refuse de jouer un rôle que son chef, Hassan Diab, considère comme une violation de la constitution.

Une source militaire a révélé à Arab News que les conflits politiques « ont affecté le moral de l'armée ainsi que les autres forces de sécurité». Toutefois, la source souligne que les forces de l’ordre ont réussi jusqu'à présent à gérer les mouvements de protestation.

La même source a ajouté : «Il est vrai que l'armée souffre et comprend ce que ressent la population, mais sa priorité est de protéger la paix civile et la stabilité; nuire à la paix civile, c'est franchir une ligne rouge».

«L'institution militaire n'a pas de nouveau plan pour empêcher le chaos s'il se produit, elle exercera donc le rôle qui lui est assigné».

Le général Aoun, quant à lui, a adressé des lettres aux commandants des armées arabes amies voisines demandant de l'aide à l'armée libanaise, en particulier de la nourriture et des fournitures médicales.

«Certains pays ont répondu, dont l'Irak, qui a alloué $3 millions pour acheter ces matériaux », a ajouté la source.

Le ministère de la Défense et les forces armées libanaises ont également été récemment contraints de démentir les rumeurs de désertion parmi ses troupes. «Ceux qui ont tenté de déserter l'armée sont revenus car elle leur offre des garanties en matière de sécurité sociale qui ne sont pas disponibles ailleurs», a mentionné la source militaire.

Le taux de vol au Liban a augmenté de 144% en janvier et février 2021. Le vol a touché des articles tels que des couvercles d'égouts, des séparateurs de routes en fer, des câbles électriques et des poteaux en fer, des portes de cimetières en fer et même des préparations pour nourrissons.

Les forces de sécurité ont mis en garde contre «la gravité de la situation et la possibilité que la sécurité sociale du pays s'effondre».

La situation difficile à laquelle le pays est confronté a été résumée par une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux plus tôt cette année montrant un père qui était descendu dans la rue pour protester face à son fils, un soldat déployé pour affronter les manifestants. Les caméras ont capturé le père embrassant son fils et pleurant, tandis que le fils était déchiré entre l'engagement envers ses ordres et la loyauté envers son père.

Dans un discours prononcé le 8 mars, le général Aoun s'est prononcé contre «la rancœur croissante dans les rangs de l'armée et des services de sécurité libanais après la chute de la valeur de leurs salaires, un peu comme tous les employés libanais, en raison de l'effondrement de la livre libanaise, tandis que l'agitation règne et que le taux de criminalité augmente.

«Comme le peuple, les soldats ont aussi faim», a-t-il ajouté, s'adressant aux responsables politiques. «Voulez-vous une vraie armée ou non? Voulez-vous une institution forte et inébranlable ou non ?»

La livre libanaise a perdu environ 90 % de sa valeur depuis fin 2019, atteignant presque LBP 15 000 pour $1 (sur le marché noir), à un moment où les prix des denrées alimentaires sont en forte augmentation.

La valeur du salaire mensuel de base d'un soldat ou d'un policier a diminué, passant d'environ $800 (LBP 1 507 sur la base du taux de change officiel) à moins de $100 actuellement. Les coupes budgétaires ont incité l'armée à écarter la viande de ses repas en 2020.

La pression politique sur les forces armées libanaises et d'autres services de sécurité a commencé après les manifestations du 17 octobre 2019, où le général Aoun a refusé à l'époque d'utiliser une force excessive contre les manifestants.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 

 

 

 

 


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk