PARIS : Des masques et du désinfectant, encore moins de contacts et peut-être davantage d'attente: pour ceux qui retrouveront cet été les aéroports et les avions après un an et demi de pandémie, ce ne sera plus tout à fait le même voyage.
Avant de décoller: plus de cerbères, moins de sièges
Pour les étreintes d'adieu, restez dehors: comme depuis le début de la crise, "seules les personnes qui ont un motif de voyage ou accompagnent des personnes vulnérables" peuvent entrer dans le terminal, souligne Edward Arkwright, directeur général exécutif du gestionnaire des aéroports parisiens, le Groupe ADP.
Une fois l'étape des vigiles franchie, direction l'enregistrement et la dépose bagages, pour ceux qui n'auraient pas effectué le maximum de démarches en ligne.
L'environnement ne dépaysera pas les clients des transports et des magasins, avec des distributeurs de gel désinfectant, des marquages au sol pour la distanciation, des panneaux transparents aux guichets et des haut-parleurs rappelant l'obligation des masques.
Autres marqueurs, "la condamnation ou le démontage d'un certain nombre d'assises" et la désactivation d'écrans tactiles, explique M. Arkwright.
Ces écrans seront en revanche disponibles pour l'enregistrement et la dépose bagages automatiques, comme dans la partie du terminal T4 d'Orly (ex Orly-Sud) refaite à neuf et agrandie qui va notamment accueillir les clients d'Air Caraïbes et French Bee.
"Si vous souhaitez n'avoir aucune interaction avec nos personnels, vous le pouvez, mais vous avez juste à côté des gens qui sont là pour vous assister", promet Fabien Pelous, directeur de l'expérience client à Air France.
La pandémie et ses contraintes ont accéléré la modernisation des parcours en aéroport, dans le but de les fluidifier, remarque M. Arkwright.
ADP expérimente ainsi l'enregistrement par reconnaissance faciale, explore l'idée d'ascenseurs à commandes vocales, tandis qu'à Roissy, les bannettes de certains détecteurs sont désinfectées automatiquement.
A bord: du quasi-normal, sauf pour les masques
Le trajet en avion de 2021 paraîtra plus familier aux voyageurs de 2019: tous les sièges seront occupés, le service sera assuré normalement, à quelques exceptions près, dont l'emballage ou le dressage des aliments.
Fini le papier journal en revanche: les compagnies privilégient la lecture numérique. Les masques et le gel désinfectant seront aussi de la partie.
Comme au sol, la crise aura précipité les réformes. Les adeptes du long-courrier ne retrouveront donc plus les A380 et A340 d'Air France, ou les Boeing 747 de KLM, plus assez rentables. Des A350 neufs arrivent en revanche dans les flottes.
La limitation des créneaux dans certains pays pourrait nécessiter des appareils de grande taille pour desservir des routes plus courtes, comme des Boeing 777 de plus de 450 sièges vers le Maroc, selon Air France.
A l'arrivée: des files d'attente plus longues
C'est la grande inquiétude des gestionnaires et des compagnies, même avec moins de voyageurs qu'en 2019: de longues files d'attente à la sortie, le temps pour les autorités de contrôler les certificats de vaccination, tests PCR, formulaires de localisation ou de quarantaine...
"Le passe sanitaire et la digitalisation sont la clé (...) pour éviter ces points d'engorgement", souligne M. Pelous, d'Air France.
Les arrivées de la zone Schengen devraient pouvoir s'effectuer de façon relativement fluide, grâce à l'adoption du certificat sanitaire européen, mais la situation sera plus difficile pour les vols de pays considérés comme à risque. Le défi sera donc d'éviter que les passagers d'un vol "rouge" bloquent ceux de vols "verts".
Des mesures appelées à durer?
L'expérience voyageur sera durablement altérée par la pandémie, estime Luis Felipe de Oliveira, directeur général de l'association mondiale des aéroports (ACI World).
Lors d'une conférence de l'organisme européen de surveillance du trafic aérien Eurocontrol, il a évoqué le "rôle clé des technologies pour remettre les aéroports en ordre de marche": "plus de biométrie aux formalités d'immigration", "le contrôle des flux de personnes" ou le "nettoyage aux ultra-violets".
Et pour lui, les masques resteront sans doute obligatoires "pour longtemps (...) au moins jusqu'à ce que le monde entier soit vacciné".
"La couche de sécurité qui a été rajoutée dans le transport aérien après le 11-Septembre n'a jamais été supprimée", constate Bertrand Mouly-Aigrot, directeur général du cabinet spécialisé Archery Strategy Consulting.
Mais "ces inspections supplémentaires, au départ très lourdes et chronophages, ont progressivement été optimisées", rappelle-t-il.