PARIS: Sa vidéo simulant l'exécution d'un électeur LFI avait suscité une vague d'indignation: le parquet de Paris a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête pour "provocation" au meurtre contre le Youtubeur d'extrême droite "Papacito".
L'enquête a été ouverte "du chef de provocation publique non suivie d'effet à la commission d'atteintes à la vie ou à l'intégrité des personnes", a précisé le parquet.
Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a ajouté la même source.
Dans une vidéo publiée dimanche sur YouTube, et retirée depuis, le vidéaste "Papacito" s'en est pris aux "6%" des "gens qui votent pour le parti de Jean-Luc Mélenchon", chef de file de la France insoumise (LFI), "dans ce pays".
"Peut-être qu'ils seront démunis s'il se passe quelque chose de pas prévu dans les années prochaines. Qu'est-ce qu'on peut faire pour ces gens-là ?", ironisait le Youtubeur, affublé d'un treillis militaire, avant de tirer avec des armes à feu sur un mannequin représentant un électeur LFI, ensuite lardé de coups de couteau.
"Alors bien sûr, le but de cette vidéo n'est pas de vous engager à produire de la violence, elle est purement expérimentale", précisait ensuite "Papacito".
Des extraits de cette vidéo, diffusée dimanche, ont été abondamment relayés et dénoncés sur les réseaux sociaux par LFI, avant un communiqué puis une intervention publique de Jean-Luc Mélenchon lundi.
Adoptant un ton particulièrement grave et ému, le candidat à l'élection présidentielle de 2022 a dénoncé un "appel au meurtre" et annoncé une plainte.
Il a été rejoint par le secrétaire national du PCF Fabien Roussel, qui avait pour sa part annoncé "saisir le procureur", les communistes étant également désignés comme cibles dans la vidéo.
Au sein de l'exécutif, le Premier ministre Jean Castex a fait savoir que le gouvernement condamnait "sans réserve et de la manière la plus ferme" cette vidéo, mardi devant l'Assemblée nationale.
Climat délétère
"Papacito", de son vrai nom Ugo Gil Jimenez, s'est défendu en invoquant la satire. "C'est une vidéo humoristique (...) elle est inattaquable", a argué le Youtubeur dans un entretien publié mercredi sur le site du magazine Valeurs actuelles.
"Il n'y a aucune attaque (...) ad hominem de Jean-Luc Mélenchon ou de ses électeurs" dans cette vidéo, a-t-il assuré, tout en reconnaissant qu'elle était "extrêmement provocante". Il a juré l'avoir tournée pour "montrer ce qui arrive aux gauchistes en cas d'attaque terroriste", car ceux-ci "prônent le désarmement de la police".
Selon lui, son contenu a choqué car "la société se gauchise, donc elle se féminise (...) Comme aujourd'hui les gens réagissent comme des femmes, dès qu’il y a le moindre coup de pression, ça part dans des tours et dans des proportions qui ressemblent à des disputes de femmes."
Le Youtubeur a reçu le soutien du polémiste Eric Zemmour, qui l'a décrit comme un "garçon sympathique et intelligent", qui a réalisé "une vidéo gaguesque" maniant "une espèce de dérision de la virilité".
Dans son livre "Les Grand-remplacés", le journaliste Paul Conge décrit "Papacito" comme un "royaliste et catholique" qui "dans sa jeunesse a collé des affiches pour le PCF puis le Front de gauche".
Il est entre autres le fondateur d'un blog dans lequel il fustige les "bourgeois de gauche" et intervient régulièrement dans les médias d'ultradroite comme TV Libertés, selon Paul Conge.
Sa vidéo de simulation de meurtre a été diffusée après l'émission "Questions politiques" dimanche (France info/Inter/Le Monde), dans laquelle Jean-Luc Mélenchon a fait un lien entre terrorisme et élections. Une coïncidence "tout à fait fortuite", selon l'influenceur.
"Cette histoire a été complètement utilisée pour que Mélenchon puisse faire oublier son énorme dérapage", après la bronca suscitée dans la classe politique par les propos du député LFI, a estimé le Youtubeur.
Le climat délétère qui entoure les prémices de la campagne présidentielle de 2022 s'est encore aggravé mardi, avec la gifle reçue par Emmanuel Macron par un homme poussant le cri de guerre royaliste "Montjoie Saint Denis !"