Lamia Ziadé pleure son port de Beyrouth

Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.
Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.
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Publié le Samedi 10 juillet 2021

Lamia Ziadé pleure son port de Beyrouth

  • Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique
  • On me dit que le livre est bouleversant car je l’ai fait à chaud

 

PARIS: Le 6 juin dernier, les portraits de Sahar Farès ont de nouveau fleuri sur les réseaux sociaux. Ses longs cheveux noirs, son sourire éclatant, éblouissante dans sa robe du soir. Ce 6 juin, la jeune femme aurait dû se marier, si elle n’avait pas péri dans l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020. Appelée avec ses collègues pompiers pour éteindre le feu, elle est morte soufflée par l’explosion, sur le quai du port. Dix mois plus tard, aucun coupable n’a été identifié ni condamné et son fiancé partage photos et dessins sur Instagram, pour se souvenir, tenter de faire revivre Sahar.

Depuis Paris où elle habite depuis qu’elle a 18 ans, Lamia Ziadé a sans doute vu ces images sur l’écran de son téléphone, comme toutes celles qui ont été partagées depuis ce funeste 4 août 2020. L’auteure et illustratrice franco-libanaise a en effet publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth, dans lequel elle revient sur la tragédie, à la manière d’un journal intime, mêlant textes et dessins tirés de photos partagées sur les réseaux ou dans les médias, souvenirs et instants pris sur le vif.

En janvier dernier, au moment d’y mettre la touche finale, elle n’a pu s’empêcher d’y ajouter un dernier dessin, celui de Sahar Farès, célébrant son dernier anniversaire, à la caserne de pompiers de la Quarantaine: «J’ai terminé ce livre il y a quelques jours. Mais ce matin, une courte vidéo m’a arraché des larmes. Impossible de ne pas ajouter un dernier dessin», écrit-elle sur la dernière page du livre.

Toujours depuis Paris, elle répond aux questions d’Arab News en français.

Lamia Ziadé a publié en avril dernier, aux éditions P.O.L, un livre, intitulé Mon Port de Beyrouth. Photo fournie

Vous commencez Mon Port de Beyrouth, en disant que depuis l’explosion du port de Beyrouth, vous ne vivez plus, vous ne dormez plus, vous sanglotez toutes les heures. Comment allez-vous aujourd’hui, dix mois après l’explosion?

Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique, avec la crise économique, les impasses politiques... Les reconstructions après l’explosion du port de Beyrouth avancent. De ça, on s’en sortira, mais la crise économique et la situation politique sont vraiment très dures. Les gens ont faim, ils se font tirer dessus, et mettre en prison quand ils manifestent. C’est terrible. Je suis toujours les événements tous les matins.

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«Je ne pleure plus tous les jours, comme durant les six mois au cours desquels j’ai écrit le livre, mais la situation au Liban est de plus en plus dramatique, avec la crise économique, les impasses politiques.»

Vous expliquez dans le livre que vous suiviez ce qui se passait au Liban via WhatsApp et Instagram, en notant que chaque Libanais était une agence de presse à lui tout seul. Vous continuez à suivre ce qui se passe sur les réseaux sociaux?

Au moment de l’explosion et juste après, c’était vraiment les choses instantanées qui étaient partagées, sur les victimes, les informations sur le stockage du nitrate d’ammonium. Il y a maintenant des articles de fond, des analyses. Je suis toujours très concernée par la situation et pas très optimiste.

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«Au moment de l’explosion et juste après, c’était vraiment les choses instantanées qui étaient partagées.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Avez-vous malgré tout un peu d’espoir?

Bien sûr, car si on n’a pas d’espoir, on arrête de vivre, de regarder ce qui se passe. Il y a des gens qui ne veulent plus entendre parler de ce qui se passe. Il y a toujours la possibilité de faire quelque chose.

En même temps, un des derniers dessins de mon livre montre la lumière du soleil couchant sur la façade Ouest des silos, comme un symbole de la fin d’une époque. Il faudrait un miracle.
 

Vous sentez-vous impuissante depuis la France?

Sans doute, mais même en étant là-bas, je crois que les marges de manœuvre sont très limitées, sauf pour faire des choses concrètes, sur le terrain, dans l’humanitaire. Les ONG libanaises sont incroyables, elles assurent.


Après l’explosion, les gens sur place disaient qu’il fallait continuer à parler de Beyrouth, surtout sur la scène internationale. C’était important pour vous de témoigner, à travers votre livre notamment?

Oui. De toute façon, même pour les livres précédents, mon travail est de témoigner de l’Histoire du Liban, que j’ai vécue ou pas, d’ailleurs, pour garder une trace, faire connaître des histoires qui sont mal connues, fouiller un peu dans les archives. Dès mon premier livre, Bye Bye Babylone, ma démarche était de refaire vivre le début de la guerre du Liban, que j’ai vécue, enfant. C’était un témoignage de la vie quotidienne, mes souvenirs de petite fille, mais pas seulement, il y avait aussi un aspect plus politique, j’avais fait des recherches pour parler des événements qui avaient eu lieu. Depuis toujours, ma démarche consiste à témoigner, garder une trace, raconter, mais là, c’était la première fois que je le faisais en direct, à chaud, sur un événement en train de se produire. C’était assez dur de faire ça, car je n’avais pas de recul.

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«Depuis toujours, ma démarche consiste à témoigner, garder une trace, raconter.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

De ce fait, comment avez-vous travaillé sur ce livre? Avez-vous travaillé au jour le jour, comme un journal intime?

J’ai commencé à récolter les informations et les photos que j’allais dessiner, car tous mes dessins sont réalisés d’après photos. En même temps, j’ai commencé à écrire et je continuais à faire des recherches sur des informations plus anciennes, dans les archives de L’Orient-Le Jour notamment, car il y a beaucoup de retours dans le passé dans le livre, ou des recherches plus familiales parce que c’est un livre assez personnel. J’ai mené les trois choses de front, dessins, écriture et recherches, jusqu’à la dernière minute.

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«J’ai mené les trois choses de front, dessins, écriture et recherches, jusqu’à la dernière minute.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Le dernier jour, alors que je venais de terminer le livre, j’ai vu cette photo de Sahar Farès, la jeune infirmière de la brigade de pompiers, une photo postée sur Instagram le jour de son anniversaire. Je me suis dit que je ne pouvais pas ne pas mettre cette photo, que j’allais prendre un jour de plus pour faire ce dessin. Même une fois le livre fini, il y avait encore des choses qui arrivaient, mais je ne pouvais plus continuer.
 

Sahar Farès revient régulièrement dans votre livre. Est-elle la personne qui vous a le plus marquée dans cette tragédie?

En effet. D’abord, c’est le premier visage de victime qui est apparu sur les réseaux. Elle était tellement belle, pleine de vie, elle avait l’air sympa, elle était bénévole chez les pompiers. C’est un personnage de film, une vraie héroïne de roman. Pendant les six mois durant lesquels j’ai travaillé sur le livre, des photos d’elle continuaient à arriver, des photos de son anniversaire, au ski, de ses fiançailles, de Noël. J’avais l’impression de la connaître. Ce n’était pas le cas pour les autres victimes, dont il n’y a pour la plupart qu’une photo; et leur histoire n’est pas aussi incroyable. C’est quand même elle qui a filmé la dernière vidéo de ce qui se passait juste avant l’explosion au port, la photo des trois hommes en train d’essayer d’ouvrir la porte du hangar. Elle est vraiment au cœur du drame. Je ne vois pas quel autre personnage aurait pu être aussi fort. Cette photo dans le camion de pompier, avec le rouge autour, c’est vraiment très fort.

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«Cette photo dans le camion de pompier, avec le rouge autour, c’est vraiment très fort.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Ce livre est né d’une commande de M, le magazine du Monde, puis de votre éditeur. Au début vous ne vous sentiez pas capable d’écrire sur le sujet...

Exactement. Je n’avais pas du tout cette intention d’écrire. Je ne pensais pas que je pourrais faire quelque chose à chaud comme ça. J’étais tellement abattue. Puis, je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre, à part ça. Je me suis dit qu’au moins, je ferai quelque chose de concret, pas forcément utile, mais un témoignage qui reste, et un hommage aussi à toutes les victimes et à Beyrouth.

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«Je me suis dit qu’au moins, je ferai quelque chose de concret, pas forcément utile, mais un témoignage qui reste, et un hommage aussi à toutes les victimes et à Beyrouth.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Concrètement, à quel moment avez-vous pris votre stylo? Votre pinceau?

Le 5 août, Le Monde m’a contactée. Au début, j’ai dit non. Je n’étais pas capable, je n’étais pas bien du tout. Et puis le lendemain, le 6, je me suis dit que 15 pages dans Le Monde, pour parler de Beyrouth, ça ne se refusait pas. J’ai commencé à dessiner. Un mois après, l’article a été publié. Mon éditeur m’a dit qu’il fallait que je pense la chose plus loin, que ça ne pouvait pas rester un article. Alors, j’ai travaillé cinq mois de plus pour en faire un livre.

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«15 pages dans Le Monde, pour parler de Beyrouth, ça ne se refusait pas.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Du coup, on sent vraiment le côté carnet intime dans le livre...

On me dit que le livre est bouleversant car je l’ai fait à chaud. Si je l’avais fait dans cinq ans, il aurait été certainement beaucoup plus froid. Le fait que je le fasse alors que j’étais moi-même complètement bouleversée, se ressent dans l’écriture. Ce n’était pas évident. Le début, je l’ai commencé tout de suite, en racontant concrètement comment j’avais reçu ces messages sur WhatsApp et comprenant qu’il s’était passé quelque chose. Et puis j’ai vu la vidéo de l’explosion et j’ai raconté ça de manière très simple; le reste en a découlé, et j’ai beaucoup réécrit.

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«Et puis j’ai vu la vidéo de l’explosion et j’ai raconté ça de manière très simple; le reste en a découlé, et j’ai beaucoup réécrit.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Tous les Libanais ont été plus ou moins traumatisés par cet événement. Écrire vous a-t-il aidée à surmonter ce traumatisme?

Ça m’a aidée de faire quelque chose de concret, certainement. Inversement, j’étais aussi tout le temps plongée uniquement dans ça. Je travaillais non-stop, 24 h/24, 7 j/7. Je n’avais aucune distraction, je n’ai regardé aucun film, je n’ai lu aucun livre, rien qui pouvait un peu me changer les idées. Je n’ai pas pu m’en échapper.

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«Je n’avais aucune distraction, je n’ai regardé aucun film, je n’ai lu aucun livre, rien qui pouvait un peu me changer les idées.» Illustration tirée de Mon Port de Beyrouth.

Continuez-vous à suivre les événements?

Dans mon travail, je suis vraiment passée à autre chose, mais dans la vie, je suis ce qui se passe, bien sûr.

 

Mon Port de Beyrouth : C’est une malédiction, ton pauvre pays!

De Lamia Ziadé

Aux éditions P.O.L


Focus Tripoli à l’IMA: mettre en valeur une ville jadis rayonnante

Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre. (Photo IMA)
Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre. (Photo IMA)
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  • Tripoli, est connue pour ses souks, El Bazerkane et Al-Attarine, Bab el Ramel, et ses vieilles maisons et anciens palais marqués par le temps et des décennies de négligence
  • L’association « PTL » dirigée par Joumana Chahal Timéry se consacre à la promotion, à la mise en valeur et à la préservation de Tripoli, capitale septentrionale et deuxième ville du Liban

PARIS: Jadis prospère et rayonnante par sa position géographique et son patrimoine architectural, la ville de Tripoli (nord du Liban) est au centre d’un évènement organisé par l’Institut du monde arabe à Paris « IMA » en coopération avec l’association Patrimoine Tripoli Liban « PTL ».

Intitulé « Focus Tripoli », l’évènement se déroule sur deux jours (23/24 novembre) avec pour objectif de célébrer la nomination de Tripoli comme capitale culturelle arabe en 2024, et de mettre en valeur à travers une programmation exceptionnelle, cette ville phénicienne et ses trésors culturels.

Tripoli, est connue pour ses souks, El Bazerkane et Al-Attarine, Bab el Ramel, et ses vieilles maisons et anciens palais marqués par le temps et des décennies de négligence.

L’association « PTL » dirigée par Joumana Chahal Timéry se consacre à la promotion, à la mise en valeur et à la préservation de Tripoli, capitale septentrionale et deuxième ville du Liban. 

Par le biais d'actions précises, elle s'attache à protéger les sites emblématiques et organise des événements culturels ainsi que des initiatives de conservation afin de célébrer et de diffuser la richesse de ce patrimoine exceptionnel. 

Interrogée par Arab News en français, Timéry affirme que « Focus Tripoli » a un double objectif, faire découvrir la ville et son patrimoine mais aussi profiter de cette tribune « pour parler du Liban, et soutenir nos compatriotes », dans les circonstances tragiques que vit le pays, sujet à un déluge de feu quotidien de la part d’Israël.

Selon elle, les intervenants « vont forcément parler des souffrances de la population, de ce qui se passe, et du danger que cela implique au niveau du patrimoine qui est en train d'être ravagé par la violence » que subit le pays.

« On ne peut plus ne rien faire » affirme Timéry « il faut recourir aux conférences, au cinéma, à tout ce qui peut mettre en valeur les belles choses » pour montrer « qu'on existe, qu’on reste debout, sans se résigner, mais être dans la résilience et dans l'action réelle pour le Liban »

Le fait que Tripoli ait été désignée comme capitale culturelle arabe constitue pour Timéry « une reconnaissance et une sorte de récompense prestigieuse qui la hausse au rang des grandes villes arabes », et que cela veut dire que son patrimoine « nécessite et justifie qu'on s'en occupe, qu'on s'en préoccupe et qu'on le sauvegarde ».

A regret elle concède, que « cette ville est complètement abandonnée, c’est ça, le vrai problème », en plus de l'absence de l’Etat qui « centralise tous les projets à Beyrouth », ce qui fait que depuis 50 ans « Tripoli n'a pas bénéficié d'un seul projet » de réhabilitation à l’exception de la foire internationale », conçue par le célèbre architecte Oscar niemeyer.

Elle espère par conséquent que les tables rondes qui se tiennent à l’IMA en présence d’experts, de gens de la culture et du patrimoine aboutiront « à proposer des solutions, qu'on va certainement soumettre aux autorités libanaises et aux instances locales afin de voir s'ils acceptent de faire quelque chose ».

Le programme de « Focus Tripoli » est excessivement dense et varié, il démarre par un marché solidaire avec la participation d’un nombre d’artisans qui présentent des créations artisanales, dont ils ont un savoir faire millénaire telles que la poterie, la broderie ou le travail du cuivre et du verre.

Le savoir-faire culinaire sera également à l’honneur, dans le cadre d’une rencontre et dégustation de la gastronomie tripolitaine à travers une rencontre avec le chef étoilé Alain Geaam lui-même originaire de Tripoli.

Ensuite place aux tables rondes qui aborderont différents sujets tel que le patrimoine de Tripoli et son histoire, et les défis et perspectives d’une ville multiculturelle, ainsi qu’un intermède photographique portant le titre de Tripoli face à la mer, et la projection du film « Cilama » du cinéaste Hady Zaccak.

L'événement rend aussi hommage à des personnalités du monde de l’écriture et de l’érudition.


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
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  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

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Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

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3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

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Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

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Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

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3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
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  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

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«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

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L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com