Les allégations d'un chef de la mafia jettent une ombre sur la prochaine rencontre Biden-Erdogan

Sedat Peker (Photo/Twitter)
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Publié le Lundi 07 juin 2021

Les allégations d'un chef de la mafia jettent une ombre sur la prochaine rencontre Biden-Erdogan

Sedat Peker (Photo/Twitter)
  • Un criminel fugitif prétend qu’un ministre a conseillé à l'homme d'affaires corrompu Sezgin Baran Korkmaz de fuir le pays.
  • Bien qu’elles aient bouleversé la politique intérieure de la Turquie, le gouvernement tarde à réagir avec force ou à fournir des réponses convaincantes face à ces accusations

DJEDDAH: C’est avec impatience que la plupart des Turcs attendaient la nouvelle vidéo et les dernières allégations d'une figure emblématique de la mafia, autrefois proche du gouvernement turc. 

Dans sa neuvième vidéo, le chef mafieux fugitif Sedat Peker, censé résider à Dubaï, a soutenu que le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, a conseillé à l'homme d'affaires corrompu Sezgin Baran Korkmaz de fuir le pays afin d’éviter les poursuites. 

En septembre dernier, les procureurs de l'Utah ont en effet soumis à un tribunal américain une liste de propriétés appartenant aux frères Kingston, partenaires commerciaux de Sezgin Baran Korkmaz. Ils ont ainsi demandé à ce que ces propriétés soient récupérées, les frères Kingston ayant été reconnus coupables d'une fraude de 470 millions de dollars (1 dollar = 0,82 euro) dans le cadre d'un programme gouvernemental. 

Parmi ces propriétés figuraient des sociétés et des biens immobiliers en Turquie. 

Les autorités américaines ont mis en évidence que les deux frères ont transféré, de manière frauduleuse, des sommes colossales à diverses sociétés, dont certaines établies en Turquie. Ce transfert a été ordonné par l'homme d'affaires arméno-turc Lev Aslan Dermen, qui aurait financé les activités commerciales de M. Korkmaz en Turquie. 

Au début du mois de mai, les procureurs turcs ont rédigé un acte d'accusation à l'encontre de Sezgin Baran Korkmaz pour blanchiment d'argent via le transfert illégal de ses revenus perçus aux États-Unis vers les sociétés qu’il possède. L’accusation fait état d’une manœuvre sur une période de dix ans, visant à escroquer les autorités américaines et à leur extorquer au moins 470 millions de dollars. 

Selon Sedat Peker, Sezgin Baran Korkmaz et Süleyman Soylu se sont rencontrés le 5 décembre au ministère de l'Intérieur à Ankara durant deux heures. C'est à cette occasion que le ministre aurait averti M. Korkmaz qu'il faisait l'objet d'une enquête. 

M. Korkmaz a ainsi fui le pays le lendemain de cette rencontre. Dans la foulée, un mandat de détention a été délivré à son encontre dans le cadre d'une enquête relative à une affaire de blanchiment d'argent à hauteur de 132 millions de dollars. 

M. Peker affirme que M. Korkmaz s'est rendu au siège du ministère à l'invitation d'un chef de police adjoint. Il exhorte par ailleurs les partis d'opposition à consulter toutes les vidéos de surveillance enregistrées le jour même, des vidéos qui montrent, selon lui, l'homme d'affaires au moment où il entre dans le bâtiment du ministère. 

Le chef de la mafia affirme en outre que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait connaissance d'une importante transaction de 45 millions de dollars entre M. Korkmaz et un homme d'affaires turc. 

Cette transaction provenait du rachat par Sezgin Baran Korkmaz, en septembre 2020, de la société Silcolux Investment, basée au Luxembourg dont l'homme d'affaires turc Inan Kiraç détenait 45 % des parts.  

Cet achat a permis à M. Korkmaz d’acquérir les 45 % d’actions de M. Kiraç et près d'un tiers de la société Karsan Automotive, partenaire d'un grand groupe qui travaille à la conception de la première voiture turque. C'est l'un des projets «emblématiques» de M. Erdogan. 

L'année dernière, au terme de l'enquête sur le blanchiment d'argent menée contre M. Korkmaz, M. Kiraç a demandé à ce dernier de lui restituer ses parts; une demande qui a été rejetée. Sedat Peker prétend qu'un accord entre les deux hommes a été conclu par la suite sur intervention de la présidence turque. 

M. Peker, autrefois allié du gouvernement turc, a récemment publié une série de vidéos qui ont eu l'effet d'une bombe et dans lesquelles il confesse avoir commis des actes de corruption et expose en détail son partenariat avec de hauts responsables du gouvernement. 

Le chef de la mafia a en outre fui la Turquie en raison de l’imminence d’une enquête à son endroit. On lui avait promis un retour dans son pays en avril, mais une opération de police l'a visé, ainsi que ses associés, à travers tout le pays. 

Bien qu’elles aient bouleversé la politique intérieure de la Turquie, le gouvernement tarde à réagir avec force ou à fournir des réponses convaincantes face à ces accusations. 

La dernière vidéo en date de M. Peker porte le titre suivant: «C'est en résistant que nous grandissons, et non pas en vieillissant ni en vivant», et a été consultée par plus de de  6,6 millions de personnes depuis dimanche matin. 

À la veille de la rencontre prévue entre M. Erdogan et son homologue américain, Joe Biden, le 14 juin au Sommet de l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), la réponse des autorités américaines aux déclarations retentissantes concernant une personne de premier plan impliquée dans une fraude majeure aux États-Unis suscite l'inquiétude. 

Metin Külünk, personnalité éminente de la scène politique turque et ancien député du Parti de la justice et du développement (PJD) au pouvoir, aurait récemment demandé à M. Peker, comme l’indique ce dernier, de s'abstenir de diffuser la vidéo avant la rencontre Erdogan-Biden. 

Cette requête semble avoir irrité davantage le chef de la mafia, qui affirme vouloir se venger des fonctionnaires impliqués dans les perquisitions effectuées dans sa résidence. 

Dans cette même vidéo, Sedat Peker déclare avoir versé de l'argent à M. Külünk chaque mois durant les périodes électorales. Il affirme également avoir envoyé de l'argent à des associations basées en Allemagne et liées au gouvernement turc en soutien à leurs activités criminelles. 

Ces dernières années, la presse allemande a révélé les liens étroits entre Metin Külünk, un confident d'Erdogan, et Osmanen Germania, un gang turco-allemand impliqué dans le crime organisé. 

Ce gang était accusé de prendre pour cible les opposants au gouvernement turc, notamment les Kurdes vivant en Allemagne. 

Les médias allemands, notamment l'émission d'investigation Frontal 21 de la chaîne publique ZDF et le quotidien Stuttgarter Nachrichten, ont accusé M. Külünk de financer le gang afin d’acquérir des armes et organiser des manifestations. 

L'enquête sur le groupe, dont le nombre de membres en Allemagne est estimé à 2 500, s'est appuyée sur des écoutes téléphoniques et des surveillances. 

La police allemande a dévoilé les contacts étroits que le gang entretenait avec l'Union des démocrates turcs européens (UETD), le groupe de pression du PJD à l'étranger. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.