BADHOEVEDORP, PAYS-BAS: Des juges néerlandais démarrent lundi l'examen des preuves contre les suspects russes et ukrainiens, accusés d'avoir abattu le vol MH17 de Malaysia Airlines survolant l'Ukraine en 2014.
Le procès s'est ouvert en mars 2020 mais a jusqu'ici dû faire face à de nombreuses discussions juridiques, portant principalement sur l'admissibilité des preuves dans le crash de l'avion, qui a tué les 298 personnes à son bord.
Les Russes Sergueï Doubinski, Igor Guirkine et Oleg Poulatov, ainsi que l'Ukrainien Leonid Khartchenko, quatre hauts gradés des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine, sont poursuivis par le parquet néerlandais pour meurtre et pour avoir été délibérément impliqués dans le drame.
Ils sont jugés par coutumace et Oleg Poulatov est le seul des quatre suspects à y avoir une représentation légale.
"Le tribunal ouvrira le procès pénal du MH17 pour de bon, en examinant et en discutant le contenu du dossier de l'accusation, et élucidera les questions clés qu'il a déjà commencé à traiter", a indiqué le tribunal dans une déclaration.
"Le vol MH17 a-t-il été abattu par un missile BUK ? Un missile BUK a-t-il été tiré depuis un champ agricole près de Pervomaiskyi ? Les accusés ont-ils joué un rôle là-dedans ?" précise la déclaration.
Le Boeing 777, parti d'Amsterdam pour Kuala Lumpur le 17 juillet 2014, avait été abattu au-dessus de la zone de conflit armé avec les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine.
L'équipe internationale d'enquêteurs, dirigée par les Pays-Bas, a établi en mai 2018 que l'avion avait été abattu par un missile BUK en provenance de la 53e brigade antiaérienne russe basée à Koursk (sud-ouest).
Oleg Poulatov, l'un des suspects, a déclaré en novembre 2020 qu'il n'avait vu aucun signe du type de missile utilisé selon l'accusation pour
« Chargée en émotion »
Le procès se déroule au tribunal de Schiphol à Amsterdam, car il se trouve à quelques encablures de l'aéroport d'où le Boeing au destin maudit avait décollé, et parce que 196 des 298 victimes étaient néerlandaises.
Le tribunal a indiqué que "l'audience sur le fond" de l'affaire débutera lundi avec des sujets généraux, dont l'enquête par le juge d'instruction, et qu'elle sera suivie de trois jours supplémentaires de discussion, de mardi à jeudi.
L'accusation et la défense auront ensuite la possibilité de soulever des questions lors d'audiences qui dureront jusqu'au 9 juillet. Les proches des victimes pourront s'adresser au tribunal en septembre, a-t-il précisé.
Des juges néerlandais ont inspecté pour la première fois en mai l'épave criblée d'impacts de l'avion de ligne du vol MH17 de la Malaysia Airlines dans le cadre du procès, dans un hangar sur la base aérienne de Gilze-Rijen, dans le sud des Pays-Bas, où une partie du Boeing 777 a pu être reconstituée à l'aide de morceaux de l'avant.
Le juge présidant le tribunal, Hendrik Steenhuis, avait alors décrit une visite "chargée en émotion" pour les proches des victimes, ajoutant que qu'il s'agissait "d'une reconstruction d'un avion dans lequel leurs proches étaient en route vers une destination qu'ils n'ont jamais atteinte".