TRIPOLI: Le Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) a haussé le ton jeudi, tentant de prévenir de nouvelles violences dans la capitale Tripoli après que des hommes armés ont tiré mercredi à balles réelles sur des manifestants.
« Le ministère de l'Intérieur met en garde ces groupes armés s'ils tentent de porter atteinte à la vie des manifestants, de les intimider ou de les priver de leur liberté », a indiqué dans un communiqué le ministre de l'Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, se disant prêt « à recourir à la force pour protéger les civils ».
Depuis dimanche, des centaines de Libyens manifestent chaque soir à Tripoli, siège du GNA -- reconnu par l'ONU et qui s'oppose au maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est --, contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie.
Privés des services les plus basiques dans leur vie quotidienne, les Libyens sont épuisés par des années de conflits depuis la fin de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011.
Bien que les manifestations soient encadrées par les forces de l'ordre, des hommes armés ont ouvert le feu sur des « manifestants pacifiques mercredi soir (...), tirant à balles réelles au hasard », a indiqué M. Bachagha. Ils ont « enlevé et séquestré » plusieurs manifestants « semant la panique », a-t-il ajouté.
Sur les réseaux sociaux, des internautes ont évoqué des blessés et des manifestants arrêtés.
Bravant un confinement total décrété temporairement par les autorités, officiellement pour lutter contre le nouveau coronavirus, quelques manifestants sont quand même sortis mais ont été réprimés par la force.
« Ces groupes (armés) sont connus ainsi que les organes officiels dont ils dépendent », a affirmé M. Bachagha, promettant de « protéger les civils sans armes face à la brutalité d'une bande de truands ».
Selon des témoignages et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, des forces armées ont encerclé la Place des Martyrs, dans le centre de Tripoli, puis ont tiré des coups de feu pour disperser les manifestants.
D'après Amnesty International, au moins six personnes ont été enlevées, mais leur localisation reste « inconnue ».
Mercredi, le chef du GNA Fayez al-Sarraj a « demandé la libération immédiate de toutes les personnes non impliquées dans des actes de vandalisme », et réclamé une enquête « sur les violations commises contre des manifestants ».