TRIPOLI : Des centaines de Libyens, principalement des jeunes, ont manifesté mardi à Tripoli pour le troisième jour consécutif contre la corruption et la détérioration de leurs conditions de vie, dans un mouvement de protestation étroitement encadré par les forces de l'ordre.
La nouvelle manifestation a eu lieu malgré une intervention lundi du chef du Gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, qui s'est dit déterminé à combattre la corruption et a promis un prochain remaniement ministériel.
Sous une chaleur accablante, les manifestants ont défilé dans les rues avant de converger sur la Place des Martyrs, dans le centre de la capitale libyenne.
Des manifestations similaires ont eu lieu dimanche et lundi pour protester contre la détérioration des services publics, les fréquentes coupures de courant et d'eau et les longues files d'attente devant les stations d'essence dans un pays qui dispose pourtant des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.
Surtout, les manifestants dénoncent la corruption qui vient s'ajouter au calvaire d'une population épuisée par plusieurs années de conflits.
« Il faut juger les corrompus ! », peut-on lire sur l'une des pancartes brandies par les manifestants.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 après une révolte populaire, la Libye est minée par l'insécurité et les luttes d'influence. Elle est dirigée aujourd'hui par deux entités rivales : le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen.
Le rassemblement était encadré par les forces de l'ordre, pour éviter des heurts, comme ce fut le cas dimanche lorsque des hommes armés non identifiés ont ouvert le feu sur les protestataires et blessé certains d'entre eux.
Dans son allocution télévisée lundi soir, M. Sarraj a tenté l'apaisement en soulignant « le droit légitime » de tout Libyen de s'exprimer. « Nous reconnaissons (...) notre part de responsabilité » dans la détérioration de la situation mais cette crise « dure depuis des années. »
Il a promis un remaniement ministériel. « Partant de mes responsabilités politiques et nationales, je prendrai certaines décisions, notamment la modification de certains portefeuilles ministériels. ».
« Le choix des nouveaux ministres se fera sur la base de leur compétence, leurs capacités et leur intégrité », a souligné M. Sarraj. Si ce projet est contesté, il a prévenu qu'il était prêt à recourir à des « mesures exceptionnelles », pour effectuer ce remaniement.