TRIPOLI : Des centaines de Libyens ont manifesté dimanche soir à Tripoli leur colère contre la détérioration des conditions de vie et la corruption dans ce pays meurtri depuis plusieurs années par les conflits, avant d'être dispersés par la police, selon des témoins.
Scandant « Libye ! Libye » et « Non à la corruption ! », des centaines de Tripolitains, essentiellement des jeunes, ont défilé dans le centre-ville, pour exprimer leur ras le bol contre la détérioration des services, les fréquentes coupures de courant et d'eau et les longues files d'attente devant les stations d'essence.
« Nous sommes fatigués de vivre sans espoir. Ça suffit ! », a dit à l'AFP Ayman al-Wafi, un jeune d'une vingtaine d'année, joint par téléphone pendant la manifestation.
Ignorant les restrictions en vigueur face à l'augmentation de cas du nouveau coronavirus dans le pays, les manifestants se sont d'abord rendus devant le siège du Gouvernement d'union nationale (GNA) avant de se rassembler sur la Place des Martyrs dans le centre de la capitale.
En fin de soirée, les manifestants ont été dispersés par les forces de l'ordre qui ont tiré en l'air.
« Nous avons quitté la Place (des Martyrs) parce que les (forces) de sécurité ont commencé à tirer en l'air », a rapporté Aymen al-Wafi à l'AFP.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la succession de conflits ont épuisé la population de ce pays qui dispose pourtant des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.
Miné par les divisions et les luttes d'influence, le pays est dirigé aujourd'hui par deux entités rivales : le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen.
Cette manifestation intervient deux jours après l'annonce par les deux autorités rivales de la cessation des hostilités et de l'organisation prochaine d'élections dans le pays.
Ces annonces ont suscité à la fois espoir et méfiance compte tenu des précédents dans ce pays déchiré depuis des années par des violences et où des acteurs étrangers sont directement impliqués.