TUNIS: Au moins six manifestants pacifiques ont été enlevés à Tripoli, la capitale libyenne, dimanche lors de rassemblements contre la détérioration des conditions de vie, a affirmé mercredi Amnesty International, demandant la « libération immédiate » de toutes les personnes détenues.
Durant cette même soirée, « quelques » manifestants ont été blessés par des tirs à balles réelles de la part d'une milice alliée au gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, a ajouté dans un communiqué l'ONG, qui dit avoir recueilli de nombreux témoignages et analysé plusieurs vidéos.
Les Libyens sont épuisés par des années de conflits et des manifestations contre les mauvaises conditions de vie et la corruption ont lieu depuis dimanche, notamment à Tripoli, où siège le GNA.
Les principaux heurts ont éclaté le premier soir, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu pour disperser la foule, faisant des blessés.
Un pays en proie au chaos
D'après Amnesty, ces tirs d'hommes « en tenue militaire de camouflage » ont retenti vers 19H30 locales et se sont poursuivis jusqu'à 21H00.
Durant ces incidents, au moins six personnes ont été enlevées dans un quartier de Tripoli tenu par une milice opérant sous l'autorité du ministère de l'Intérieur du GNA, selon l'ONG basée à Londres, mais leur localisation reste « inconnue ».
Celle-ci « doit être immédiatement communiquée « et toutes les « personnes détenues doivent être libérées », a réagi la directrice-adjointe d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, Diana Eltahawy.
Elle a appelé le GNA à mener « une enquête approfondie, impartiale, indépendante et transparente sur l'usage excessif de la force ». Les responsables « doivent rendre des comptes », a-t-elle ajouté.
Dans une allocution télévisée lundi soir, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj a tenté l'apaisement en proclamant « le droit légitime » de tout Libyen à s'exprimer.
« Nous reconnaissons (...) notre part de responsabilité » dans la détérioration de la situation mais cette crise « dure depuis des années », a-t-il argué, promettant un remaniement ministériel.
Plusieurs centaines de personnes ont tout de même manifesté mardi à Tripoli, réitérant leurs demandes.
Deux pouvoirs s'opposent aujourd'hui en Libye, en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 et théâtre de multiples ingérences étrangères: le GNA, à l'Ouest, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar à l'Est.
A la faveur d'un soutien accru de la Turquie, les forces du GNA sont parvenues à repousser en juin la longue offensive des pro-Haftar sur Tripoli.