ALGER: Une journaliste algérienne a été condamnée mardi à une peine de prison avec sursis et un autre, poursuivi dans plusieurs affaires, placé sous contrôle judiciaire, selon une association de soutien aux détenus d'opinion.
Kenza Khatto, journaliste politique de la station privée Radio M, a été condamnée par le tribunal algérois de Sidi M'hamed à trois ans de prison avec sursis et à une amende de 20 000 dinars (120 euros environ), a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Elle était poursuivie pour « outrage à corps constitué » après avoir été arrêtée alors qu'elle couvrait la marche hebdomadaire du mouvement contestataire du Hirak le 14 mai à Alger. Plusieurs journalistes avaient été interpellés ce vendredi là. Elle avait passé quatre jours en garde vue.
En revanche, la journaliste de Radio M, un média proche du Hirak, a été relaxée des chefs d' « atteinte à l'unité nationale », de « publications de nouvelles pouvant porter atteinte à l'intérêt national » et d' « incitation à attroupement non armé ».
Le parquet avait requis le 25 mai un an de prison ferme contre Kenza Khatto.
Par ailleurs, le rédacteur en chef du quotidien local Le Provincial à Annaba (nord-est de l'Algérie), Mustapha Bendjama, a été placé mardi sous contrôle judiciaire après avoir été entendu par un juge d'instruction du tribunal de cette ville, selon le CLND.
Bendjama est poursuivi pour « diffamation » et « atteinte à l’intérêt national » à la suite d'une plainte du wali (préfet) d'Annaba qui lui reproche d'avoir révélé qu'un mariage avait été célébré dans une salle de la municipalité au début du confinement sanitaire.
Déterminé à étouffer toute voix dissidente et à briser le Hirak avant les élections législatives du 12 juin, le régime n'hésite pas à poursuivre et condamner des journalistes indépendants.
Ainsi, le correspondant du quotidien francophone Liberté à Tamanrasset (extrême-sud), Rbaha Karèche, est en détention depuis plus d'un mois.
Il a été écroué le 19 avril pour diffusion de « fausses informations » pouvant porter « atteinte à la sécurité publique » après avoir rendu compte d'un mouvement de protestation des Touaregs, populations berbérophones, qui dénoncent régulièrement leur marginalisation économique et sociale.