Face au fort déclin des oiseaux communs, changer les pratiques agricoles et de chasse

Quarante-trois espèces sont en déclin, comme le chardonneret élégant (en photo), la tourterelle des bois ou l'hirondelle des fenêtres. (Photo / AFP)
Quarante-trois espèces sont en déclin, comme le chardonneret élégant (en photo), la tourterelle des bois ou l'hirondelle des fenêtres. (Photo / AFP)
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Publié le Mardi 01 juin 2021

Face au fort déclin des oiseaux communs, changer les pratiques agricoles et de chasse

  • Le gouvernement a autorisé en 2020 une réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, dont l'effet néfaste sur les abeilles est documenté
  • Les scientifiques mettent en garde contre la «fausse bonne nouvelle» de l'augmentation de populations de certaines espèces plus adaptables

PARIS : Oiseaux des villes et des champs voient leurs populations s'effondrer à cause des activités humaines en France, alertent lundi des scientifiques, demandant d'agir plus vite et plus fort pour changer les pratiques agricoles ou pour renoncer à certaines chasses.

Entre 1989 et 2019, des ornithologues bénévoles ont suivi l'évolution des 123 espèces d'oiseaux les plus communes en France via le programme de Suivi temporel des oiseaux Communs (STOC). Les oiseaux servent d'indicateurs pour suivre l'état de la biodiversité en Europe.

En 2018 déjà, le Muséum national d'histoire naturel (MNHN) et le CNRS s'alarmaient d'un déclin à "un niveau proche de la catastrophe écologique".

Trois ans plus tard, le MNHN, l'Office français de la biodiversité (OFB) et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) sont sur la même ligne. "Le STOC dresse un constat relativement implacable en matière de déclin des populations d'oiseaux", a constaté Bruno David, président du muséum, lors d'une conférence de presse.

Le bilan n'est pas homogène. Quarante-trois espèces sont en déclin, comme le chardonneret élégant, la tourterelle des bois ou l'hirondelle des fenêtres. Les espèces qui souffrent le plus sont celles vivant en milieu urbain (28% d'oiseaux en moins depuis 1989) et celles vivant dans des milieux agricoles (-30% depuis 1989).

"36% des espèces évaluées sont en déclin", a détaillé Caroline Moussy de la LPO, dont beaucoup d'espèces communes, "35% sont stables mais c'est une stabilité relativement fragile, et on a 26% d'espèces en augmentation", des espèces généralistes ou forestières ou encore des espèces emblématiques comme la cigogne blanche.

En cause dans les villes, "la transformation des bâtiments et la rénovation des façades, qui détruisent les cavités dans lesquelles certaines espèces nichent", "l'artificialisation toujours plus forte", "l'intensification de l'agriculture à proximité des zones urbanisées", la pollution due aux transports et aux activités industrielles. 

«Hécatombe» dans les champs

En milieu agricole, "c'est une hécatombe", dénonce Benoit Fontaine, scientifique au MNHN. En cause, l'intensification de l'agriculture et l'usage de pesticides, "en particulier les néonicotinoïdes", les grandes parcelles et la disparition des haies, ou encore la mécanisation.

Le gouvernement a autorisé en 2020 une réintroduction temporaire des néonicotinoïdes, dont l'effet néfaste sur les abeilles est documenté.

"Les associations demandent la prise en compte de la biodiversité dans la prochaine Politique agricole commune (PAC)" dont les discussions sont en cours, a rappelé Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO. 

"Les perspectives françaises ne sont pas satisfaisantes", a-t-il poursuivi. "Si on ne change pas assez fondamentalement les pratiques, on n'en sortira pas.".

Les négociations sur la prochaine PAC ont achoppé sur les règles environnementales destinées à "verdir" l'agriculture européenne et reprendront en juin.

En France, "il y a ponctuellement une bonne volonté des agriculteurs pour faire autrement", pas de changement de paradigme, a regretté Allain Bougrain-Dubourg.

En forêt, la situation est moins mauvaise avec une baisse des effectifs de 10% en 30 ans.

Les oiseaux doivent aussi composer avec le réchauffement climatique, qui conduit certaines espèces à migrer plus au Nord, mais pas assez vite, le braconnage ou la chasse.

La France, qui accueillera en septembre le Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), autorise la chasse d'oiseaux classés sur sa Liste rouge des espèces menacés comme la tourterelle des bois (chasse finalement suspendue par le Conseil d'Etat pour 2020-2021), s'est étonné Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO.

Il faut mettre fin à "des pratiques cynégétiques d'un autre âge", a complété Bruno David en évoquant les chasses dites traditionnelles comme la chasse à la glu.

Les scientifiques mettent en garde contre la "fausse bonne nouvelle" de l'augmentation de populations de certaines espèces plus adaptables, comme le pigeon ramier ou la mésange bleue: elle "révèle en fait une uniformisation de la faune sauvage".

"Cette biodiversité ordinaire tend à disparaître et il faut absolument faire quelque chose pour la restaurer. Si la connaissance, l'expertise, le suivi ne servent pas à protéger derrière, ça ne sert à rien!" a alerté Pierre Dubreuil, directeur général de l'OFB.


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.