KINSHASA: L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a dit dimanche craindre une flambée de choléra dans les sites de déplacés qui ont fui le volcan Nyiragongo, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), et a appelé à leur fournir une « assistance immédiate ».
« Nous craignons évidemment une flambée épidémique de choléra. Le risque est élevé dans cette zone où le choléra est déjà endémique », a déclaré Magali Roudaut, chef de mission MSF en RDC, basée à Goma.
« Avec des populations qui bougent, ce serait une catastrophe », a-t-elle mis en garde.
Près de 400 000 personnes ont fui jeudi Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, menacée par une nouvelle éruption du Nyiragongo, après avoir reçu l'ordre des autorités d'évacuer.
Dans la panique et le chaos, les habitants se sont précipités sur les routes, en particulier vers la localité de Saké, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest, de même que vers Rutshuru au nord, et vers Minova dans la province voisine du Sud-Kivu.
A Saké, où MSF intervient depuis plusieurs années contre un choléra déjà endémique, « on parle de 100 000 à 180 000 personnes, en plus d'une population normale de 70 000 habitants, on imagine la difficulté d'accueillir cet afflux », a expliqué Roudaut.
« Le gros problème est l'accès à l'eau, il est essentiel qu'il y ait de l'eau potable à disposition pour ces populations », a-t-elle insisté.
« Les déplacés restent dans les centres religieux, églises, temples ou mosquées, et les autres centres collectifs. Beaucoup de personnes continuent de dormir dehors, même si la population de Saké est incroyablement accueillante », a-t-elle ajouté.
MSF s'est « tout de suite mobilisé », notamment sur cette question de l'eau, en mettant à disposition des réservoirs et en faisant de la distribution par camion-citerne.
Les besoins sont « urgents et nombreux » : « nourritures, shelter (abris) temporaires, aide médicale... cette crise demande une assistance et une mobilisation immédiates », a conclu Mme Roudaut.
L'ONU, notamment par sa mission dans le pays (Monusco), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ONG et diverses organisations internationales sont présentes en nombre à Goma, capitale d'un Nord-Kivu meurtri par trois décennies de violences des groupes armés, et où les besoins humanitaires sont importants.
Ces organisations se sont rapidement activées pour venir en aide aux sinistrés de l'éruption du 22 mai, estimés à au moins 9 000 personnes après la destruction de centaines d'habitations par les coulées de lave dans les faubourgs nord de Goma.
La question de l'accès à l'eau courante s'est tout de suite posée, après la destruction d'une station d'épuration alimentant une grande partie de la ville.
L'exode du 27 mai vient aggraver la situation, avec désormais 400 000 personnes dispersées dans toute la région, dans des familles, dans des sites d'accueil mais également livrées à elle-même sur les routes.
La question de centaines d'enfants isolés, séparés de leurs parents dans leur fuite, est aussi une priorité des humanitaires. La Monusco a par ailleurs engagé ses moyens aériens pour suivre l'activité du volcan.