L'éolien vecteur de mobilisation politique et de «fake news»

Cette photographie montre des éoliennes près d'Ollières, dans le sud de la France. (Photo, AFP)
Cette photographie montre des éoliennes près d'Ollières, dans le sud de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

L'éolien vecteur de mobilisation politique et de «fake news»

  • Dans la plupart de ses déplacements pour les régionales, Marine Le Pen fustige les éoliennes, qu'elle envisage de « démonter » si elle arrive à l'Elysée
  • Plus discrets sur la question, les Républicains réclament un « moratoire » sur l'éolien

PARIS :L'opposition aux éoliennes est devenue un axe de bataille et de ralliement, en particulier pour le Rassemblement national, au grand dam de la ministre de la Transition écologique qui crie aux « fake news » et aux « polémiques électorales ».

Dans la plupart de ses déplacements pour les régionales, Marine Le Pen, partisane de longue date du nucléaire, fustige les éoliennes, qu'elle envisage de « démonter » si elle arrive à l'Elysée.

« La peste éolienne »: la cheffe du RN salue ce titre d’un ouvrage de Patrice Cahart, un inspecteur des finances invité régulier, sous son pseudonyme Nicolas Saudray, de la radio d'extrême droite Radio Courtoisie. Pour elle, « la vérité s'impose mais le gouvernement refuse de la voir pour des raisons purement électoralistes. "La peste éolienne", voilà un titre clair! »

A Noirmoutier, où un parc marin est en projet, elle sort « confortée » d'une rencontre avec des pêcheurs : les éoliennes vont empêcher de « pêcher », sans compter « le coût, le caractère tout à fait anti-écologique, leur importation, la destruction probablement quasi définitive de l’environnement » avec le coulage de « centaines de tonnes » de béton. C'est une « expropriation de la mer, qui appartient aux Français », dit-elle.

Idem pour les parcs terrestres, « pollution » visuelle et « drame économique » qui amoindrit la valeur des biens immobiliers, affirme Mme Le Pen depuis Châlon-sur-Saône.

« Vital » 

Le sujet a permis de rallier des candidats extérieurs au RN, tel Yves Bonnet en Normandie. L'ex-directeur du contre-espionnage et ex-député UDF, qui préside une association nommée « Patrimoine et Progrès », estime que « seul Nicolas Bay », candidat RN en Normandie, « peut mettre fin au mirage éolien ».

Plus discrets sur la question, les Républicains réclament un « moratoire » sur l'éolien.

Face à cette vague, la ministre Barbara Pompili s'est appliquée vendredi à démonter les « contre-vérités » accablant l'éolien, lors d'une conférence de presse dédiée. Une première.

Oui, les énergies renouvelables sont intermittentes, mais le réseau gère et les progrès du stockage régleront le sujet. Oui elles sont déjà compétitives et le seront plus encore demain. Non, rien ne dit que l'éolien fait chuter les prix de l'immobilier, hors cas particulier, a-t-elle énuméré, dénonçant des « campagnes de désinformation alimentées avec cynisme par quelques opportunistes politiques ».

Déployer l'éolien, « c'est vital » pour lutter contre le réchauffement climatique, a-t-elle plaidé. Et diversifier le bouquet énergétique de la France réduit « l'insécurité » liée à une trop forte dépendance au nucléaire.

Les pylônes transforment les paysages. Mais « j'aimerais qu’on ait les mêmes prescriptions pour les zones commerciales ou les panneaux publicitaires qui défigurent les entrées de ville », a-t-elle ajouté.

« Des citoyens se posent des questions, c'est normal, mais il faut se fonder sur des faits. Or ce débat est en train d'être infiltré politiquement car nous sommes dans des campagnes électorales, notamment par l'extrême droite et par des gens dangereux », a-t-elle dit, citant aussi l'activisme de Jean-Louis Butré.

« Hérésie »

Ce président de la Fédération environnement durable, qui regroupe la majorité des associations anti-éoliennes, affirme à l'AFP que son association est « a-politique » mais reconnaît que le RN "essaie de nous récupérer".

Cet ancien membre du CEA et de l'Institut français au pétrole, qui avait en 2014 reçu un prix du Cercle renaissance, proche de l'extrême droite, tient à parler à tout le monde. En avril, il a signé une tribune intitulée « Il n'y a pas d'urgence climatique », expliquant à l'AFP vouloir lutter « contre les certitudes acquises ».

La ministre pointe aussi du doigt Xavier Bertrand, candidat ex-LR dans les Hauts-de-France, région concentrant une grande part des éoliennes de France, qui « se plaît à répandre l’idée que l’éolien serait une hérésie ».

L'Etat et la filière affichent leur volonté de mieux répartir les installations. La ministre, qui reconnaît des erreurs dans le passé, parfois un manque de concertation, a demandé aux préfets de cartographier les zones susceptibles d'accueillir de futurs sites, et veut croire que l'éolien séduise une majorité de l'opinion.

Selon l'Institut de sûreté nucléaire (IRSN), 82% des Français ont une bonne image de l'énergie éolienne. Pour ce qui est de vivre près d'un site, le parc éolien est jugé comme le moins inacceptable: 41% des sondés accepteraient de vivre près d'éoliennes, 22% près d'une ligne à haute tension, 16% près d'une centrale nucléaire.

 


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.