Quelles priorités pour le nouveau mandat d'Assad ?

L’Iran a félicité vendredi Bachar al-Assad pour sa « victoire ferme » à l'élection présidentielle, y voyant une « étape importante » vers la paix en Syrie. Alors que le président russe Vladimir Poutine a félicité Assad lui affirmant dans un télégramme que sa victoire confirmait sa « haute autorité politique ». (Photo, AFP)
L’Iran a félicité vendredi Bachar al-Assad pour sa « victoire ferme » à l'élection présidentielle, y voyant une « étape importante » vers la paix en Syrie. Alors que le président russe Vladimir Poutine a félicité Assad lui affirmant dans un télégramme que sa victoire confirmait sa « haute autorité politique ». (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

Quelles priorités pour le nouveau mandat d'Assad ?

  • Les images de foules en liesse dans plusieurs villes syriennes diffusées par les médias publics ont révélé l'importance que le pouvoir attache à la question de la légitimité interne
  • La marge de manœuvre de l'opposition, minée par les divisions et dont les principaux responsables vivent en exil, semble plus que jamais réduite

BEYROUTH : Avec un conflit quasiment à l'arrêt en Syrie mais une économie ruinée par dix ans de guerre, quelles sont les priorités du président Bachar al-Assad, cible de sanctions internationales et réélu mercredi lors d'un scrutin décrié par opposants et Occidentaux.

Quel message veut-il donner ?

Dans un discours à la nation vendredi, le message de défi de M. Assad était clair. « Ce que vous avez fait est un défi sans précédent aux ennemis du pays (...) Vous avez bouleversé l'équilibre (des forces) », a-t-il lancé à ceux qui l'ont élu.

« Les ennemis ont reçu (...) le plus fort des messages.  Vous avez défini la révolution et sauvé sa réputation après qu'elle a été ternie par (...) des mercenaires », a-t-il dit, en allusion à la révolte populaire prodémocratie dont la répression fut l’étincelle du conflit en 2011.

Selon les résultats officiels, M. Assad a obtenu 95,1% des voix lors de cette deuxième élection depuis le début du conflit. Un score meilleur que lors de la précédente présidentielle en 2014 (88%). 

Si sa réélection n'a été une surprise pour personne, les images de foules en liesse dans plusieurs villes syriennes diffusées par les médias publics ont néanmoins révélé l'importance que le pouvoir attache à la question de la légitimité interne.

Sur les 18,1 millions d'électeurs en Syrie et à l'étranger, plus de 14,2 millions ont voté, selon les chiffres officiels, soit un taux de participation de 76,64%. Et plus de 13,5 millions d'entre eux ont donné leur voix à M. Assad lors du scrutin organisé dans les zones contrôlées par le régime. 

A travers cette réélection, le message de M. Assad « à la fois à l'opposition syrienne et aux pays étrangers opposés à lui », c'est que « leurs rêves de le renverser sont morts », estime Nicholas Heras, expert du Newlines Institute à Washington.  

Après s'être fait à l'idée que M. Assad ne quitterait pas le pouvoir, la communauté internationale avait parié sur une issue politique au conflit, espérant que la structure du régime pourrait être changée. 

Mais avec son « résultat implacable de 95,1% », cette élection, c'est aussi « l'enterrement des efforts diplomatiques internationaux visant à réformer la Syrie », estime M. Heras. 

Il s'agit également d'un « message majeur » de la Russie et l'Iran, alliés de M. Assad, « aux Etats-Unis et à leurs partenaires qu'il n'y a pas d'avenir pour la Syrie sans Assad ». 

Quelles priorités ?

Avec comme slogan électoral « L'espoir par le travail », dans un pays à l'économie en lambeaux et aux infrastructures ravagées par le conflit, M. Assad a assuré après sa victoire qu'il « débutait le travail » pour reconstruire le pays. 

Selon M. Heras, « durant la campagne électorale, l'accent a été mis sur son rôle d'homme ayant gagné la guerre, qui a de grandes idées pour la reconstruction et le seul capable d'instaurer l'ordre après le chaos » d'un conflit qui a fait plus de 388 000 morts et déplacé plus de la moitié de la population. 

Or, les Occidentaux ne voulant pas donner de fonds pour la reconstruction sans une transition politique, M. Assad et ses alliés se tournent vers d'autres « donateurs potentiels ».  

Et de miser sur un rapprochement avec les riches monarchies pétrolières du Golfe, dont certaines ont rétabli le contact avec son régime après des années de froid.  

Avant l'élection, des responsables syriens ont d'ailleurs évoqué un « changement majeur » à venir dans les relations avec les Etats du Golfe. 

Quelles options pour ses adversaires?

Si certaines zones du pays comme Idleb (nord-ouest), dernier grand bastion djihadiste et rebelle de Syrie, ou les régions sous contrôle kurde (nord-est), lui échappent, M. Assad a réussi grâce à l'aide militaire russe à reprendre les deux-tiers du pays. 

Dans le camp opposé, la marge de manœuvre de l'opposition, minée par les divisions et dont les principaux responsables vivent en exil, semble plus que jamais réduite.  

Pour le politologue Karim Bitar, les détracteurs d'Assad « ont très peu d'influence sauf peut-être continuer de plaider leur cause sur la scène internationale ». 

Il avance cependant qu'à long terme, le président lui-même pourrait se sentir « l'otage de ses parrains internationaux, notamment la Russie et l'Iran ».

Et que « tôt ou tard, la donne va changer et l'opposition va voir la lumière au bout du tunnel ». « Mais actuellement, pour être honnête, je vois très peu de raisons d'être optimiste. »

 


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
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  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée annonce avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza

Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
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  • L'armée israélienne a récupéré «les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari
  • Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

L'armée a récupéré "les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant qu'ils avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova et "leur corps emmenés" à Gaza.

Selon l'amiral Hagari, les corps des otages ont été récupérés "durant une opération conjointe entre l'armée et l'agence de renseignements" sur la base de renseignements obtenus notamment "lors d'interrogatoire de terroristes arrêtés dans la bande de Gaza" et ont été identifiés à l'institut national de Médecine légale israélien.

Germano-Israélienne de 22 ans, Shani Louk était apparue dans une vidéo sur les réseaux sociaux, allongée sur le ventre, apparemment inconsciente et à moitié dénudée, à l'arrière d'un pick-up dans la bande de Gaza.

Amit Buskila était âgée de 27 ans et Itzhak Gelerenter de 56 ans lors de l'attaque.

"Le retour de leurs corps est un rappel douloureux et brutal que nous devons rapidement ramener tous nos frères et soeurs de leur cruelle captivité", les vivants et les morts, a réagi le Forum des familles d'otages, principale association de proches.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'attaque surprise menée depuis la bande de Gaza par des commandos du Hamas dans le sud israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 360 personnes ont été tuées sur le seul site du festival de musique Nova, organisé dans le sud d'Israël, tout près de la frontière avec la bande de Gaza.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances aux familles. "Cette perte terrible brise le coeur", nous "pleurons avec les familles", a assuré M. Netanyahu, promettant de ramener "tous les otages, les vivants et les morts".

 

 


Tunisie: l'ONU dénonce «l'intimidation et le harcèlement» des avocats

Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
Ces arrestations ont suscité des condamnations de la part de la société civile tunisienne et ont déclenché une réaction internationale. (Dossier/AFP)
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  • «L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées», exige le Haut-Commissariat
  • Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était «très préoccupé par le fait que des migrants sont de plus en plus souvent pris pour cible»

GENEVE: Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a dénoncé vendredi "l'intimidation et le harcèlement" dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires.

Les perquisitions contre l'Ordre des avocats dans ce pays "portent atteinte à l'Etat de droit et violent les normes internationales relatives à la protection de l'indépendance et de la fonction des avocats. De tels actes constituent des formes d'intimidation et de harcèlement", a dénoncé Ravina Shamdasani, la porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, lors d'un point de presse.

Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, "exhorte les autorités à respecter et à sauvegarder les libertés d'expression, d'association et de rassemblement pacifique, qui sont garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Tunisie est partie", a souligné Mme Shamdasani.

"L'Etat de droit doit être respecté et les personnes détenues arbitrairement, y compris pour avoir défendu les droits des migrants et lutté contre la discrimination raciale, doivent être libérées", exige encore le Haut-Commissariat, ajoutant que "les droits humains de tous les migrants doivent être protégés et les discours de haine xénophobe doivent cesser".

Mme Shamdasani a indiqué que le Haut-Commissariat était "très préoccupé par le fait que des migrants, pour la plupart originaires du sud du Sahara, ainsi que les personnes et les organisations qui leur viennent en aide, en Tunisie, sont de plus en plus souvent pris pour cible".

Et elle a dénoncé "une augmentation de l'utilisation d'une rhétorique déshumanisante et raciste à l'encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs".

Le président tunisien Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis juillet 2021, s'est insurgé jeudi contre les critiques occidentales, défendant la légalité de ces mesures.