Mali: la France à l'offensive face « au coup d'Etat dans le coup d'Etat »

Emmanuel Macron et le président rwandais par intérim, Bah Ndaw, à l'Elysée le 18 mai 2021 lors du sommet pour les Economies africaines organisé par l'Elysée. (AFP).
Emmanuel Macron et le président rwandais par intérim, Bah Ndaw, à l'Elysée le 18 mai 2021 lors du sommet pour les Economies africaines organisé par l'Elysée. (AFP).
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Publié le Jeudi 27 mai 2021

Mali: la France à l'offensive face « au coup d'Etat dans le coup d'Etat »

  • A la différence du putsch d'août 2020, marqué par un certain attentisme initial, le président Emmanuel Macron a rapidement condamné avec « la plus grande fermeté » ce «coup d'Etat dans le coup d'Etat» et brandi la menace de sanctions, au nom des Européens
  • Pour Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, « il faut être très ferme vis-à-vis de Goïta, c'est une question de principe »

PARIS: La France a réagi vite et fort au coup de force du colonel Assimi Goïta au Mali, mais sa marge de manoeuvre s'avère étroite et risque d'être brouillée par son soutien à la junte tchadienne.


A la différence du putsch d'août 2020, marqué par un certain attentisme initial, le président Emmanuel Macron a rapidement condamné avec "la plus grande fermeté" ce "coup d'Etat dans le coup d'Etat" et brandi la menace de sanctions, au nom des Européens.


Paris a exigé la libération du président Bah Ndaw et du Premier ministre Moctar Ouane, arrêtés lundi et retenus dans une base militaire, et "la reprise immédiate du cours normal de la transition".


Selon un responsable militaire, ils ont été libérés dans la nuit de mercredi à jeudi, après avoir démissionné.


Ces deux dirigeants incarnaient le visage civil de la transition - qui doit conduire à des élections début 2022 - face au colonel Goïta, vice-président et chef de la junte à l'origine du coup d'Etat en août.


"La réaction de la France tient en partie à la bonne relation qu'elle a établie avec le président Ndaw, qui revenait tout juste d'un sommet sur l'économie africaine à Paris", relève Andrew Lebovich, expert sur le Sahel au Conseil européen des Relations internationales (ECFR). 


"Le gouvernement français veut sans doute aussi éviter le tumulte d'un nouveau coup de force militaire", dit-il à l'AFP.

« Complaisance au Tchad » 

Pour Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, "il faut être très ferme vis-à-vis de Goïta, c'est une question de principe" mais le message risque d'être difficile à faire passer après le précédent tchadien.


"On nous a déjà beaucoup reproché une certaine complaisance au Tchad. On a beaucoup dit que cette complaisance avait encouragé Goïta. En tout cas elle a été mal perçue au Mali", explique à l'AFP le diplomate, aujourd'hui chercheur indépendant.


La France, prise de court par la mort brutale du président Idriss Déby Itno en avril, son allié de longue date dans la région, a alors soutenu la transition militaire mise en place au Tchad avec à sa tête le général Mahamat Idriss Déby, fils du défunt chef de l'Etat. 


Le gouvernement français souligne la différence entre les deux pays: "circonstances exceptionnelles" après le décès brutal de Déby, contre "nouveau coup de force contre les autorités civiles" au Mali.


Après ce énième bouleversement à Bamako, la lutte contre le jihadisme au Sahel, emmenée par la force française Barkhane (5.100 hommes), se retrouve une nouvelle fois fragilisée.


Au lieu de se concentrer sur la reconstruction de l'Etat et le soutien aux populations, de plus en plus sensibles aux sirènes jihadistes, les autorités maliennes se retrouvent aux prises avec l'instabilité politique. 


"Si on met Goïta et le Mali sous sanctions, Barkhane ne pourra pas rester longtemps, ou difficilement, et les jihadistes risquent de prendre le pouvoir dans une situation de chaos", anticipe  Nicolas Normand.


La junte a toutefois très clairement manifesté dès sa prise de pouvoir en 2020 sa volonté de maintenir la coopération militaire avec Barkhane et la force de l'ONU (Minusma). 

 Barkhane et Ag Ghali 

"Vu l'importance de Barkhane pour la stabilité du Mali, il est difficile d'imaginer sa remise en question, de même que la coopération (sécuritaire entre Etats) au niveau régional, au moins du point de vue malien", considère Andrew Lebovich. 


"Mais la communauté internationale va vraisemblablement se demander si et comment elle souhaite poursuivre sa coopération avec le Mali", ajoute-t-il.  


Côté politique, le colonel Goïta pourrait s'allier avec une partie du Mouvement du 5-Juin (M5), le collectif qui avait mené en 2020 la contestation contre le président aujourd'hui déchu Ibrahim Boubacar Keïta et qui avait été marginalisée par les colonels après le putsch, considèrent des experts.


Se pose la question d'éventuelles négociations avec les jihadistes, qui ont une influence de plus en plus marquée dans le nord et le centre du Mali.


"Ce qui rend le président Macron aussi furieux, c'est qu'une partie de la classe politique malienne est prête à négocier avec Iyad Ag Ghali", chef de file de l'alliance jihadiste au Sahel affiliée à Al-Qaïda et ennemi juré de la France, estime Antoine Glaser, expert des questions africaines. 


Le tumulte malien complique aussi son plan de réduction de la force Barkhane au fur et à mesure que les Etats de la région prendront leur destin en main et gagneront en stabilité, dit-il à l'AFP.  "C'est tout un processus qui se retrouve déstabilisé".

 


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.