Mali: le président et le Premier ministre de transition libérés

Dans cette photo prise le 22 septembre 2020, le colonel Assimi Goïta (au centre), président du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) s'adresse à la presse lors de la cérémonie du 60e anniversaire de l'indépendance du Mali à Bamako. (Photo / AFP)
Dans cette photo prise le 22 septembre 2020, le colonel Assimi Goïta (au centre), président du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) s'adresse à la presse lors de la cérémonie du 60e anniversaire de l'indépendance du Mali à Bamako. (Photo / AFP)
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Publié le Jeudi 27 mai 2021

Mali: le président et le Premier ministre de transition libérés

  • «Le Premier ministre et le président de transition ont été libérés cette nuit vers 01H30 (locales et GMT). Nous avons respecté notre parole»
  • Le président et le Premier ministre de transition maliens ont démissionné après leur arrestation lundi par les militaires, dans ce qui s'apparente à un deuxième coup d'État en neuf mois

BAMAKO : Le président et le Premier ministre de transition maliens, arrêtés lundi et démissionnaires selon les militaires, ont été libérés dans la nuit, a affirmé jeudi à l'AFP un responsable militaire.

"Le Premier ministre et le président de transition ont été libérés cette nuit vers 01H30 (locales et GMT). Nous avons respecté notre parole", a-t-il dit sous couvert d'anonymat. Des membres des familles ont confirmé leur libération.

Le président et le Premier ministre de transition maliens ont démissionné après leur arrestation lundi par les militaires, dans ce qui s'apparente à un deuxième coup d'État en neuf mois et qui a poussé les États-Unis à suspendre mercredi leur assistance aux forces maliennes.

Le président Bah Ndaw et son Premier ministre Moctar Ouane ont démissionné en présence de la mission de diplomates venus les voir à la base militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, a dit à un correspondant de l'AFP Baba Cissé, conseiller spécial du colonel Assimi Goïta, à l'origine de ce coup de force aux conséquences imprévisibles.

En réalité, ils ont démissionné avant l'arrivée de la mission à Kati, lieu de leur rétention, a dit à des journalistes sous le couvert de l'anonymat un membre de la délégation constituée de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine (UA) et de la Mission de l'Onu dans le pays (Minusma).

La délégation s'est ensuite rendue dans les bureaux du colonel Goïta, vice-président de la transition, qu'elle avait déjà rencontré mardi. "On a revu le vice-président pour lui dire notre désaccord", a déclaré le même membre de la délégation.

Ces démissions, dont on ignore les conditions mais qui figuraient parmi les multiples scénarios possibles depuis le coup de tonnerre de lundi, maintiennent une inconnue totale sur la suite des évènements dans ce pays crucial pour la stabilité du Sahel, plongé depuis des années dans une inextricable crise polymorphe.

Le département d'Etat américain condamne la détention de dirigeants civils

Dans un communiqué, le département d'Etat américain a condamné la détention de dirigeants civils.

Voici le texte intégral du communiqué: « Les États-Unis condamnent fermement la détention de dirigeants civils du gouvernement de transition du Mali. Nous appuyons la déclaration commune du 24 mai de la CEDEAO et de l’Union africaine, et nous travaillons en étroite collaboration avec le comité local de suivi de la transition et d’autres acteurs internationaux pour demander la libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues et la reprise de la transition menée par des civils.

Un gouvernement démocratique civil présente la meilleure opportunité de parvenir à la sécurité et à la prospérité au Mali et de l’ensemble de la région du Sahel. L’engagement du gouvernement de transition malien en faveur d’une transition menée par des civils et d’élections démocratiques en 2022 a ouvert la voie au dialogue continu du Mali avec les partenaires internationaux pour faire progresser les efforts en matière de démocratie, de droits de l’homme, de paix et de sécurité. Les événements du 24 mai ont mis ces progrès en péril.

À la suite du coup d’état d’août 2020 au Mali, les États-Unis ont limité l’aide au Gouvernement malien conformément aux dispositions des lois budgétaires annuelles. Nous suspendons maintenant l’assistance à la sécurité au profit des Forces de sécurité et de défense maliennes que nous avions maintenues précédemment en vertu des pouvoirs existants. Les États-Unis envisageront également des mesures ciblées à l’encontre des dirigeants politiques et militaires qui font obstacle à la transition du Mali vers une gouvernance démocratique sous l’impulsion des civils.

Nous soutenons le peuple malien dans ses aspirations à la démocratie, à la paix, au développement et au respect des droits humains».

Le colonel Goïta, homme de terrain mué en homme de pouvoir

"Nous n'avons plus le droit à l'erreur", disait le colonel Assimi Goïta le lendemain du putsch d'août 2020 qui faisait de lui le nouvel homme fort du Mali. Neuf mois et un second coup de force plus tard, le propos résonne d'autant plus que la parole de l'intéressé est rare.

À l'heure d'une nouvelle crise, une grande part de mystère subsiste sur l'ancien commandant de bataillon des forces spéciales devenu vice-président de transition, ainsi que sur ses motivations : sacrifice de sa personne ou ivresse du pouvoir ?

Les Maliens exaspérés par des années de violence, de pauvreté et de corruption avaient accueilli favorablement en 2020 le fait que des militaires renversent le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Après l'arrestation du président et du Premier ministre de transition à l'instigation d'Assimi Goïta lundi, nombre de Maliens amers ravalent les putschistes de 2020, aujourd'hui élevés aux plus hautes fonctions, au rang de l'ancienne classe politique honnie alors que les réalités ne sont pas moins sombres qu'avant.

"Nous n'avons plus le droit à l'erreur. Donc, nous, en faisant cette intervention hier, nous avons mis le pays au-dessus, le Mali d'abord", disait le colonel Goïta le 19 août 2020.

Le monde avait découvert la veille le petit groupe de colonels qui avaient abruptement mis fin à une présidence tumultueuse et annoncé l'instauration d'un gouvernement de militaires.

Assimi Goïta, inconnu de 37 ans assis dans le groupe, avait laissé un autre, le colonel Ismaël Wagué, lire le communiqué informant les Maliens que des soldats avaient décidé de "prendre (leurs) responsabilités", parce que "notre pays, le Mali, sombre de jour en jour dans le chaos, l'anarchie et l'insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée".

Être et paraître

Rien n'annonçait alors que la parole d'Assimi Goïta resterait aussi rare que ses apparitions en tenue de ville sans sa tenue de camouflage et son béret vert. Maliens, gouvernants, diplomates, journalistes allaient cependant assister à l'ascension du chef de la junte et à la militarisation de l'appareil d'État.

Fils d'un ancien directeur de la police militaire, Assimi Goïta a étudié au Prytanée de Kati, la principale école militaire du Mali.

En 2002, il a été envoyé dans le nord et y a fait ses armes, basé successivement à Gao, Kidal, Tombouctou, Ménaka, Tessalit. Il a participé au combat contre les rebelles indépendantistes, puis jihadistes, et est monté en grade.

Pas grand-chose ne distingue l'officier athlétique des hommes en tenue de combat qui l'accompagnent partout.

"Paraître, ce n'est pas son problème. C'est un homme de terrain, on l'a vu dans le nord", dit un colonel sous couvert de l'anonymat.

Après août 2020, Assimi Goïta a continué à fuir la lumière. 

À l'époque, la communauté internationale et les États ouest-africains redoutent déjà que les militaires ne fassent main basse sur l'État. Ils obtiennent que la transition censée ramener des civils au pouvoir dure 18 mois, et non trois ans, et que soient nommés un président et un Premier ministre civils. Assimi Goïta doit renoncer à la possibilité de devenir président en cas d'empêchement de ce dernier.

«Fils du pays»

Dans les faits, la junte a la haute main sur les nominations : président, Premier ministre, membres de l'organe législatif de la transition. Elle place les siens aux ministères. Elle remplace nombre de civils par des militaires aux importants postes de gouverneur dans les régions.

Une vice-présidence investie des attributions primordiales de la défense et de la sécurité est taillée sur mesure pour Assimi Goïta.

Ce "ne sont que les parties émergées d'un système beaucoup plus vaste destiné à assurer la mainmise de l'ex-junte sur l'appareil d'Etat. Cela en dit long sur le siège réel du pouvoir, derrière les apparences de transition civile", dit Ornella Moderan, cheffe du programme Sahel de l'Institut d'études de sécurité (ISS).

Rapidement, Assimi Goïta devient un interlocuteur obligé pour les partenaires étrangers: engagé dans la lutte antijihadiste et promettant de remettre le pouvoir aux civils à la fin de la transition.

L'arrestation du président et du Premier ministre confronte ces partenaires à une situation compliquée et les renvoie aux "tares" du début de la transition, dont beaucoup se sont accommodés, dit le sociologue Bréma Ely Dicko.

Dans un contexte social et politique "assez délétère", la mise à l'écart de deux colonels dans le nouveau gouvernement formé par le président et le Premier ministre "a été perçu comme une sorte d'affront, d'autant plus que ce sont eux qui ont fait venir le président".

Il a agi en "soldat" et en "fils du pays garant de la stabilité", disait mercredi son conseiller Baba Cissé.


TikTok attaque le gouvernement américain et la loi qui pourrait l'interdire

Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
Biden pourrait prolonger de trois mois la date limite du 19 janvier s’il détermine que ByteDance fait des progrès (Photo, AFP).
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  • Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs
  • Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises

SAN FRANCISCO: TikTok et sa maison mère chinoise ByteDance ont porté plainte mardi contre les États-Unis, estimant que la loi qui pose un ultimatum à la populaire plateforme de vidéos, et risque de la bannir du pays l'année prochaine, est "inconstitutionnelle".

Washington a adopté fin avril un texte qui oblige ByteDance à vendre TikTok dans un délai de douze mois, faute de quoi l'application utilisée par 170 millions d'Américains serait interdite.

Le réseau social et de nombreuses personnalités et ONG considèrent que cette loi viole la liberté d'expression de ses utilisateurs, garantie par le premier amendement de la Constitution américaine.

"Pour la première fois dans l'histoire, le Congrès a adopté une loi qui bannit une plateforme d'expression, et elle seule, de façon permanente à l'échelle nationale, et qui interdit à chaque Américain de participer à une communauté en ligne unique comptant plus d'un milliard de personnes dans le monde", déclarent les avocats de l'entreprise dans la plainte déposée devant un tribunal fédéral de Washington.

Après le vote par les élus et la promulgation par la Maison-Blanche, TikTok avait prévenu qu'elle utiliserait toutes les voies légales possibles contre la loi baptisée "Protecting Americans From Foreign Adversary Controlled Applications Act" ("protéger les Américains d'applications contrôlées par des adversaires étrangers").

Les promoteurs de ce texte font valoir des soupçons de manipulation et d'espionnage des utilisateurs américains par les autorités chinoises via TikTok.

«Pas de choix»

Selon la loi, la plateforme dispose de 270 jours pour trouver de nouveaux investisseurs non chinois, faute de quoi elle sera interdite aux États-Unis. La Maison-Blanche peut accorder un délai supplémentaire de 90 jours.

"Ils prétendent que la loi n'est pas une interdiction parce qu'elle offre à ByteDance un choix (...) Mais en réalité, il n'y a pas de choix", assènent les avocats.

Ils expliquent dans la plainte que la cession exigée "n'est tout simplement pas possible, ni sur le plan commercial, ni sur le plan technologique, ni sur le plan juridique. Et certainement pas dans le délai requis par la loi".

Comme de nombreuses associations de défense des libertés, ils font aussi valoir les risques potentiels pour d'autres plateformes.

"Si le Congrès peut faire cela, il peut contourner le premier amendement en invoquant la sécurité nationale et en ordonnant à l'éditeur d'un journal ou d'un site web de vendre pour éviter d'être fermé", argumentent-ils.

La bataille judiciaire pourrait monter jusqu'à la Cour suprême.

En 2020, TikTok avait réussi à bloquer un décret similaire de l'ancien président Donald Trump. Elle avait alors déposé un recours et un juge avait suspendu provisoirement le décret, estimant que les raisons invoquées pour l'interdiction étaient exagérées et la liberté d'expression menacée.

 

- Loi "inédite" -

 

La nouvelle loi vise à contourner les difficultés rencontrées précédemment, y compris dans des États qui ont essayé de bannir l'application.

Des experts estiment que la Cour suprême pourrait être sensible aux arguments de sécurité nationale avancés par les élus, sans certitude.

"TikTok a eu gain de cause dans ses précédentes contestations du premier amendement", a commenté Gautam Hans, professeur de droit de Cornell University, mais le fait que cette loi soit soutenue par les démocrates comme les républicains "pourrait inciter les juges à s'en remettre à une décision du Congrès selon laquelle l'entreprise pose un risque pour la sécurité nationale."

"En l'absence d'un débat public sur la nature exacte de ces risques, il est toutefois difficile de déterminer pourquoi les tribunaux devraient valider une loi aussi inédite", a-t-il ajouté.

Un argument que la plateforme met largement en avant, assurant que "la loi n'articule aucune menace posée par TikTok".

"Même les déclarations des membres du Congrès et le rapport d'une commission parlementaire se contentent d'indiquer qu'ils s'inquiètent de la possibilité +hypothétique+ que TikTok puisse être utilisé à mauvais escient à l'avenir, sans citer de preuves spécifiques", détaillent les avocats.

"Ces préoccupations spéculatives sont loin d'être à la hauteur de ce qui est requis lorsque les droits du premier amendement sont en jeu", continuent-ils.


Astrazeneca retire son vaccin contre le Covid face au «déclin de la demande»

Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
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  • Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid
  • L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée

LONDRES: Le géant pharmaceutique britannique Astrazeneca a annoncé mercredi qu'il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l'un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande.

Le groupe fait état d'un "surplus de vaccins mis à jour" face aux différents variants du virus, et un "déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n'est plus fabriqué ou distribué", dans un communiqué.

"AstraZeneca a par conséquent pris la décision d'initier le retrait de l'autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe", selon ce communiqué reçu mercredi par l'AFP.

L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée "à la demande du détenteur de l'autorisation de marketing", à savoir le laboratoire pharmaceutique.

Le groupe va aussi "travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour initier des retraits d'autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n'y a pas de future demande attendue pour le vaccin".

Dans son communiqué, Astrazeneca dit vouloir "conclure ce chapitre".

Une source proche d'Astrazeneca a souligné auprès de l'AFP qu'il n'y avait "plus eu de ventes depuis un certain temps".

"Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie", ajoute le communiqué qui affirme que "selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d'utilisation" du sérum, "et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde".

Revers 

Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d'oncologie, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid - tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d'un vaccin.

Ce vaccin, l'un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n'étaient pas la spécialité d'Astrazeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.

Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès.

Astrazeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l'accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu'il déclenche dans de rares cas des thromboses.

Le Royaume-Uni, qui avait d'abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-covid, l'avait ensuite remplacé par des sérums concurrents.

Le groupe rappelle régulièrement que les régulateurs et différents Etats qui ont autorisé le vaccin ont estimé que "les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d'effets secondaires extrêmement rares".


Assassinat d'un leader sikh au Canada: la police arrête trois suspects indiens

Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
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  • Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015
  • Le Canada est le pays qui compte le plus grand nombre de sikhs en dehors de leur Etat d'origine, le Pendjab, en Inde

VANCOUVER: La police canadienne a annoncé vendredi l'arrestation de trois hommes soupçonnés d'avoir appartenu à une équipe ayant assassiné le leader sikh Hardeep Singh Nijjar dans l'ouest du pays il y a presque un an.

Cette affaire a plongé le Canada et l'Inde dans une grave crise diplomatique à l'automne dernier après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a évoqué une implication du gouvernement indien dans la mort de ce leader séparatiste en juin 2023.

Trois ressortissants indiens, deux âgés de 22 ans et un de 28 ans, ont été arrêtés vendredi matin et inculpés de meurtre avec préméditation et de conspiration en lien avec la mort de la victime.

Ils ont été interpellés par la police à Edmonton, dans la province de l'Alberta (ouest), où ils résident. Ils sont derrière les barreaux en attendant la suite de la procédure.

Tous se trouvent au Canada depuis trois à cinq ans, a précisé la police durant une conférence de presse.

Les trois suspects auraient joué différents rôles - tireur, chauffeur et guetteur - le 18 juin 2023, le jour où le leader sikh a été abattu sur le parking du temple qu'il dirigeait à Surrey, en banlieue de Vancouver (ouest).

Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.

Des accusations que l'homme de 45 ans niait, selon l'Organisation mondiale des Sikhs du Canada, regroupement à but non lucratif qui vise à défendre les intérêts des sikhs canadiens.

D'autres suspects possibles 

La police fédérale a précisé que les arrestations menées vendredi ne mettent pas un terme à l'enquête, ouverte il y a 10 mois.

"Cette enquête ne s'arrête pas là. Nous savons que d'autres personnes ont pu jouer un rôle dans cet homicide et nous sommes déterminés à les retrouver et à les arrêter", a déclaré Mandeep Mooker, officier responsable de l'équipe d'enquête sur les homicides à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Il a également affirmé que la police tentait de déterminer "s'il y a des liens à établir avec le gouvernement indien".

Ces arrestations "constituent une avancée importante dans les efforts déployés par la GRC pour que les responsables du meurtre de M. Nijjar répondent de leurs actes", a estimé Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques.

"C'est un peu un soulagement de savoir que l'enquête progresse", a pour sa part réagi auprès de l'AFP Moninder Singh, ami proche de Hardeep Singh Nijjar et porte-parole du Conseil des Gurdwaras de la Colombie-Britannique, une organisation représentative des sikhs de cette province.

"C'est l'Inde en fin de compte qui est responsable et qui embauche des gens pour assassiner des dirigeants sikhs dans des pays étrangers", a-t-il affirmé, exhortant Ottawa à "exiger des comptes" du gouvernement indien.

En septembre, le Premier ministre Justin Trudeau avait publiquement incriminé les services de renseignements indiens dans cette affaire. New Delhi avait aussitôt qualifié ces accusation d'"absurdes".