HAYANGE: Le jeune homme soupçonné d'avoir tué de plusieurs coups de couteau en pleine rue à Hayange sa compagne de 22 ans a été mis en examen et écroué mercredi, alors que le gouvernement a lancé une mission d'inspection pour faire « toute la lumière » sur ce drame.
Ce réfugié politique serbe de 23 ans a été mis en examen pour « homicide par conjoint » et placé en détention, a indiqué le procureur de la République de Metz, Christian Mercuri.
Une femme d'une quarantaine d'années, chez qui le suspect avait été interpellé lundi quelques heures après le drame, a été mise en examen pour « soustraction d'un criminel à l'arrestation ou au recherches » et placée sous contrôle judiciaire, a ajouté le magistrat.
Après s'être concerté avec Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, et Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé plus tôt sur Twitter l'ouverture d'une « mission d'inspection de fonctionnement pour faire toute la lumière suite au terrible féminicide d'Hayange ».
L'Inspection générale de l'administration et l'Inspection générale de la justice devront déterminer les circonstances qui ont conduit au décès, dans la nuit de dimanche à lundi, de Stéphanie, une jeune femme de 22 ans poignardée à plusieurs reprises en pleine rue à Hayange (Moselle).
« Laxisme »
En fin d'après-midi, à l'appel du maire de Hayange, Fabien Engelmann, plusieurs centaines de personnes ont participé à une marche blanche en hommage à la victime.
L'élu RN avait fait accrocher au fronton de la mairie un calicot proclamant « Hommage à Stéphanie. Non au laxisme ».
« La justice avait connaissance des violences conjugales. Quand ils s'engueulaient, il y avait des interventions de police », s'est indignée une amie de Stéphanie, Johanna, vêtue d'un t-shirt blanc maculé de tâches de sang.
« Je ne comprends pas comment on a pu accorder à ce monsieur une liberté sous surveillance chez Stéphanie (...) Le suivi n'a pas été fait correctement », a-t-elle estimé.
Mardi devant la presse, le procureur de la République de Metz avait exclu tout « dysfonctionnement des services judiciaires dans cette affaire ».
L'inspection devra toutefois établir quelles suites ont été données à une main courante de la victime visant son compagnon, enregistrée le 14 janvier 2020, et à une plainte qu'elle avait déposée le 26 novembre 2020. « Les deux faisant état de violences verbales ou de harcèlement ou de menaces de mort », selon Mercuri.
Elle devra également se pencher sur une série d'interventions au domicile du couple de police secours, alertée par des voisins à la suite de violentes disputes, selon des témoignages confirmés par le procureur.
Ce dernier avait expliqué mardi que ni la plainte ni la main courante n'avaient été « portées à la connaissance de l'autorité judiciaire ».
Ainsi, aux yeux de la justice et malgré les 9 mentions inscrites au casier judiciaire du suspect - deux pour des faits de violences remontant à 2015 et les autres pour des « délits routiers » -, celui-ci n'était « pas identifié judiciairement parlant comme un conjoint violent », selon le magistrat.
« Conjoint violent »
C'est dans ce contexte que le suspect, qui purgeait depuis le 20 novembre 2020 une peine d'un an d'emprisonnement pour les délits routiers, a bénéficié d'un aménagement de peine, au domicile conjugal, sous surveillance électronique. Il avait débuté le 13 mai, dix jours avant le drame.
S'il avait été « identifié » comme un conjoint violent, « le suspect n'aurait pas reçu un aménagement de peine au domicile conjugal », a soutenu Mercuri.
La mission d'inspection diligentée dans cette affaire intervient quelques semaines après le lancement d'une autre inspection, concernant un féminicide survenu à Mérignac (Gironde) le 4 mai, lorsqu'un homme avait tiré plusieurs coups de feu sur sa femme, avant de la brûler vive en pleine rue.
Dans ce dossier, l'inspection a pointé « une suite de défaillances qui peut être reprochée à différents acteurs dans la communication et la coordination entre les services », selon un rapport d'étape.