WASHINGTON : Une élue trumpiste du Congrès américain était mardi au cœur d'une nouvelle polémique après avoir comparé le passeport vaccinal contre le Covid-19 à l'étoile jaune, symbole de la stigmatisation des Juifs par les nazis, ce qui lui a valu une dure, et rare, réprimande de sa hiérarchie.
"Les employés vaccinés obtiennent un logo de vaccination comme les nazis forçaient les personnes juives à porter une étoile jaune", a tweeté Marjorie Taylor Greene, en citant un article qui parlait d'un supermarché où des logos désigneront les employés vaccinés contre le Covid-19, pour qui le masque n'est plus obligatoire.
"Les passeports vaccinaux et l'obligation de porter des masques créent des discriminations contre les personnes non-vaccinées", a poursuivi l'élue de la Chambre des représentants.
Face à l'indignation exprimée par plusieurs personnalités mardi, dont une journaliste petite-fille de survivants de l'Holocauste, Marjorie Taylor Greene a insisté.
"Je ne l'ai jamais comparé à l'Holocauste, juste à la discrimination contre les Juifs dans les premières années des nazis", a-t-elle tweeté.
"Arrêtez de déformer mes propos", a-t-elle lancé à un autre, Jake Sherman de Punchbowl News, qui avait écrit: "Je ne veux pas donner de l'écho à ces actes imbéciles, mais en tant que Juif, je me sens obligé de souligner à quel point c'est répugnant. Les nazis ont assassiné six millions de Juifs."
Alors que la polémique s'emballait, le chef des républicains à la Chambre, Kevin McCarthy, a publié un communiqué d'une rare sévérité envers cette élue qui fait souvent polémique.
"Marjorie a tort et sa décision intentionnelle de comparer les horreurs de l'Holocauste au port du masque est déplorable. L’holocauste est la plus grande atrocité perpétrée dans l'Histoire. Le fait qu'on doive le déclarer encore aujourd'hui est profondément préoccupant", a-t-il écrit, sans toutefois évoquer de sanction.
Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a lui jugé ses propos "absolument scandaleux et répréhensibles" mais a rejeté la responsabilité d'une éventuelle sanction sur les responsables de la Chambre.
Grande cible des critiques de Marjorie Taylor Greene, qui lui reproche notamment le maintien de l'obligation de porter un masque dans l'hémicycle, la présidente démocrate de la Chambre Nancy Pelosi a estimé que ses déclarations n'avaient "pas leur place" aux Etats-Unis, mais n'a pas dit si elle devrait être expulsée. "Elle devrait arrêter de parler", a-t-elle simplement répondu aux journalistes.
Le Covid-19 a fait plus de 590 000 morts aux Etats-Unis.
Déjà sanctionnée en février pour des propos controversés, notamment son soutien passé aux thèses de la mouvance complotiste QAnon et ses déclarations semblant appeler à l'exécution de dirigeants démocrates.
Lors du vote, 11 républicains avaient rejoint plus de 200 démocrates contre elle. Elle avait présenté des excuses partielles le lendemain, tout en déplorant la "grande trahison" des 11 élus de son parti.
Greene est de nouveau sanctionnée pour ses propos polémiques, le 13 mai dernier, quand elle s'en est de nouveau prise à la célèbre jeune progressiste Alexandria Ocasio-Cortez, en lui demandant, en criant, pourquoi elle soutenait des "terroristes" - en évoquant des groupes d'extrême gauche et le mouvement "Black Lives Matter". Une conduite rare sous le dôme du vénérable Capitole, qui a outré les démocrates.
Autour du globe, la sphère complotiste cherche à établir un parallèle entre les crimes nazis et les restrictions gouvernementales ou la campagne de vaccination pour dénoncer une "dictature sanitaire".