A Gaza, l'ONU appelle à régler les «causes profondes» du conflit israélo-palestinien

Philippe Lazzarini, chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens lors d'une conférence de presse au complexe des Nations Unies à Gaza, le 23 mai 2021. (Photo, AFP)
Philippe Lazzarini, chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens lors d'une conférence de presse au complexe des Nations Unies à Gaza, le 23 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 23 mai 2021

A Gaza, l'ONU appelle à régler les «causes profondes» du conflit israélo-palestinien

  • «Nous ne devons pas simplement nous placer dans une approche de reconstruction. Nous devons avoir une approche plus large centrée sur le développement humain», estime Philippe Lazzarini
  • Les chefs de la diplomatie palestinien et jordanienont, eux, exhorté la communauté internationale à empêcher les autorités israéliennes de procéder à l'expulsion de familles palestiniennes à Cheikh Jarrah

GAZA: Après les « traumas » de la quatrième guerre entre le Hamas et Israël, l'ONU a appelé dimanche à une reconstruction à long terme de la bande de Gaza en réglant les « causes profondes » du conflit israélo-palestinien, afin de redonner « espoir » et éviter de nouvelles « destructions ». 

A l'heure où les services publics de Gaza ramassent les gravats, que les commerçants dont les boutiques ont été bombardées évaluent leurs pertes et que la vie tente de reprendre un semblant de normalité, une mission de l'ONU sonde l'enclave palestinienne pour chiffrer les dommages de 11 jours de guerre avec Israël. 

Mais, au-delà du millier d'appartements détruits, des routes crevassées et des infrastructures endommagées, c'est toute la question des traumatismes psychiques dus au conflit, et du futur de la bande de Gaza et de la Palestine en général, qui surgit. 

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Un camion chargé d'aide humanitaire, passe à Rafah dans le sud de la bande de Gaza, par le passage de Kerem Shalom, principal point de passage des marchandises entrant à Gaza en provenance d'Israël, le 21 mai 2021 (Photo, AFP)

« Vous construisez, vous détruisez »  

« Nous ne devons pas simplement nous placer dans une approche de reconstruction (...) car cela revient à Sisyphe: vous construisez, vous détruisez, vous reconstruisez, vous détruisez. Nous devons avoir une approche plus large centrée sur le développement humain », a estimé auprès Philippe Lazzarini, chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). 

« Ce qui veut donc dire que cela doit être accompagné d'un vrai processus politique », a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d'éviter une « normalité artificielle » à Gaza, où les deux millions d'habitants, et en particulier les jeunes, seraient dépendants de l'aide, sans futur, « jusqu'à la prochaine éruption de violences ». 

D'où l'importance de traiter les « causes profondes » du conflit israélo-palestinien, ce qui signifie par exemple la levée par Israël du blocus imposé depuis 2007 au territoire palestinien, mais aussi de donner « un sens au futur ». 

« Il y a peut-être eu moins de maisons détruites que pendant la guerre de 2014 », a renchéri Lynn Hastings, coordinatrice de l'aide humanitaire pour les Territoires palestiniens, dont les services chiffrent pour l'heure à un millier le nombre de commerces ou résidences « complètements détruits ».  

Mais « une chose que j'ai entendue est que la population de Gaza est plus traumatisée que jamais » et cela « doit vraiment être pris en considération », a-t-elle dit. 

Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur vendredi à la faveur d'une médiation égyptienne, n'a fixé aucune condition à l'arrêt des combats ni établi de plan pour la reconstruction. 

Une délégation égyptienne se trouve dimanche à Gaza pour des entretiens avec le Hamas au pouvoir. 

Espoir et opportunités 

A court terme, l'enjeu de la reconstruction de Gaza n'est pas qu'humanitaire, mais aussi diplomatique, l'armée israélienne accusant par exemple le Hamas d'avoir détourné de l'aide internationale à des fins militaires et d'utiliser le métal des canalisations pour en faire des roquettes. 

Lors d'une conférence de presse conjointe à Amman, les chefs de la diplomatie palestinien et jordanien, Riyad al-Maliki et Aymane Safadi, ont eux exhorté la communauté internationale à empêcher les autorités israéliennes de procéder à l'expulsion de familles palestiniennes à Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est occupé, dossier ayant fait office d'étincelles ces dernières semaines. 

Le président américain Joe Biden, dont le chef de la diplomatie Antony Blinken est attendu « dans les prochains jours » à Jérusalem, a déjà déclaré son intention de mettre en place une aide financière « majeure » pour « reconstruire Gaza » mais sans donner au Hamas --considéré comme « terroriste » par les Etats-Unis-- « l'opportunité de rebâtir son système d'armement ».  

« Il est vital que les Palestiniens aient de l'espoir et des opportunités, et qu'ils puissent vivre en paix et en sécurité, de la même façon que c'est important pour les Israéliens », a affirmé dimanche M. Blinken sur la chaîne américaine ABC, redisant l'attachement de Washington à la création d'un Etat palestinien. 

L'Unrwa, agence onusienne à laquelle l'administration Trump avait coupé les vivres, s'est réjouie du retour des contributions américaines avec l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche et a fait un appel de dons d'urgence de 38 millions de dollars pour Gaza. 

Des dizaines de camions d'aide internationale ont commencé à affluer dès vendredi par les terminaux de Kerem Shalom, à la frontière avec Israël, et ceux de Rafah, à la frontière égyptienne. 

Cette nouvelle guerre a tué 248 personnes dans l'enclave palestinienne, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes de Gaza ont fait 12 morts dont un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".