GAZA: Hala, Yara et Rola. Les trois sœurs, ainsi que leur père, Mohammad Al-Kulak, sont mortes sous les décombres de leur maison qui, avec plusieurs autres dans la rue Al-Wehda à Gaza, a été touchée par des frappes aériennes israéliennes, faisant au moins 42 morts et plus de 50 blessés.
Dalal, la mère des trois filles et son fils unique, Abdellah, âgé de seulement 2 ans, ont survécu.
Hala, 12 ans, Yara, 9 ans, et Rola, 6 ans, figurent parmi les 11 enfants tués au cours de la première semaine de l'éruption des bombardements. Abdellah et Dalal sont depuis le drame, profondément choqués, selon le père de Dalal, Ahmed Al-Maghribi.
Al-Maghribi s’inquiète beaucoup pour sa fille, qui prend des sédatifs pour qu'elle ne perde pas le contrôle. Parfois, elle ne croit pas avoir perdu son mari et ses filles, tandis qu'à d'autres moments, elle demande à plusieurs reprises «pourquoi ils les ont tués».
«Dalal était très attachée à ses filles. Elle leur a accordé beaucoup d'attention qui les a énormément aidés à l'école », a révélé Al-Maghrabi à Arab News.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a déclaré dans un communiqué que les trois sœurs et huit autres enfants sur les 60 qui ont perdu la vie au cours de la première semaine de la guerre participaient à son programme psychologique et social visant à les aider à faire face aux traumatismes.
Les enfants, âgés de 5 à 15 ans, ont été tués dans leurs maisons dans des zones densément peuplées avec d'innombrables proches, selon le NRC.
Nous sommes choqués d'apprendre que huit enfants que nous aidions ont été bombardés alors qu'ils étaient à la maison en pensant qu'ils étaient en sécurité … Ils sont maintenant partis, tués avec leurs familles, enterrés avec leurs rêves et les cauchemars qui les hantent», a souligné le secrétaire général du CNRC, Jan Egeland.
Hudhaifa Al-Yaziji, directeur du NRC à Gaza, a déclaré que l'organisation travaillait avec 118 écoles de la bande de Gaza et que leurs services psychologiques et sociaux atteignaient plus de 75 000 élèves dans le cadre du programme Better Learning (Meilleur apprentissage).
Al-Yaziji croit que la guerre augmentera sans aucun doute le nombre d'enfants et d'étudiants qui ont besoin d'interventions psychologiques et sociales.
Il a déclaré à Arab News que les enfants d’Al-Kulak et d’autres personnes tuées recevaient les services du conseil pour faire face aux traumatismes antérieurs qu’ils avaient subis à la suite de la violence endurée à Gaza. Al-Yaziji a dévoilé que le symptôme le plus important nécessitant un traitement était les cauchemars.
Soumaya Habib, médecin au ministère de la Santé, et une équipe de spécialistes s'occupent des enfants traumatisés par les guerres israéliennes précédentes ainsi que les cycles de violence.
Habib a déclaré à Arab News que la guerre actuelle a été «extrêmement dure» et qu'elle aura certainement des effets négatifs sur la majorité des enfants palestiniens.
Elle est convaincu que des enfants comme Abdellah Al-Kulak, qui a miraculeusement survécu avec sa mère de sous les décombres, subiront des traumatismes plus graves.
Selon Habib, les cicatrices mentales qui affecteront les enfants ont de nombreuses formes, notamment la perte du sentiment de sûreté et de sécurité, les crises de panique et l'agressivité. Pour les femmes, elles perdront, à des degrés divers, une «partie de leur féminité» et afficheront des caractéristiques et des pratiques violentes.
Le Conseil norvégien pour les réfugiés a signalé que 80% des élèves de Gaza avaient une perspective positive pour l'avenir en 2019, mais qu'en septembre 2020, ce chiffre était tombé à 29% seulement.
«La guerre fera perdre à plus d'enfants leur vision positive de l'avenir, car ils voient la mort à chaque raid et à chaque explosion», a soutenu Habib.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com