PARIS: Soutien de la première heure du certificat européen permettant de voyager, la Grèce dit ériger en priorité la sécurité sanitaire des touristes, qui assuraient avant la pandémie de Covid-19 un cinquième du PIB du pays.
Athènes se concentre sur la qualité de la destination, "pas le nombre" de visiteurs cet été, explique le ministre du Tourisme Harry Theoharis, en défendant le choix de vacciner en priorité la population des îles et une approche fondée sur la "gestion des risques" pour éviter des cas importés, mais sans exclure le recours à de nouveaux confinements si la situation l'exigeait.
- Quelles sont vos ambitions pour l'été en terme de nombre de touristes?
Ce n'était pas le nombre de visiteurs l'année dernière qui était important pour nous, ce n'est pas non plus le cas cette année. Ce qui est important, c'est la qualité de l'image de marque de la Grèce, de faire en sorte que tout le monde comprenne que nous prenons la sécurité sanitaire au sérieux, que nous nous préoccupons du bien-être des personnes et que nous n'ouvrons pas nos frontières sans protocoles. L'année dernière, le nombre de touristes a chuté de 75% par rapport à 2019, ça ira mieux cette année, mais nous savons évidemment que 2021 ne sera qu'une étape dans les années qui seront nécessaires pour retrouver le niveau de 2019.
Nous avons instauré un système (d'arrivées aux frontières) très numérisé, pour éviter tout problème. L'année dernière, nous étions le premier pays à avoir mis en place des formulaires numériques de localisation des voyageurs, nous avons réussi à lisser et optimiser ce système cette année, nous pensons que le processus sera encore plus fluide.
- Vous avez mis l'accent sur la vaccination dans les îles, mais certaines ont encore dû être confinées après des flambées de cas. Pouvez-vous rassurer les touristes qui auraient prévu de s'y rendre cet été et qui pourraient craindre des restrictions locales?
Dans plus d'un tiers des îles, soit 40, toute la population a déjà été vaccinée. Dans les autres îles, les plus grandes, tout le monde le sera d'ici à la fin juin. D'ici là, nous les protégeons: avant de quitter le continent pour les îles, vous devez soit être totalement vacciné, soit testé. Nous prenons la sécurité sanitaire très au sérieux. Et nous n'hésiterons pas à prendre toute mesure nécessaire pour protéger nos amis de l'étranger et bien sûr nos compatriotes. Mais nous mettons aussi tout en œuvre pour ne pas avoir recours à ces mesures.
En août dernier, la Crète, qui a reçu un million de touristes, avait un taux de positivité de deux tiers de la moyenne nationale. Tout bien considéré, nous pensons que le risque n'est pas ingérable.
- Vous cherchez à convaincre les Britanniques de vous retirer de la liste des pays à risque. Vous avez aussi décidé d'accepter les personnes vaccinées au Spoutnik russe alors que ce vaccin n'est pas homologué pour votre propre population...
Nous discutons activement [avec le Royaume-Uni] pour expliquer notre système, la situation dans les différentes régions. Je ne dis pas qu'ils prendront la décision [de retirer la Grèce de cette liste], chaque pays a le droit de prendre des décisions selon ses propres critères, mais nous sommes prêts à leur fournir toutes les données nécessaires. Nos chiffres sont transparents.
[Concernant Spoutnik], c'est une chose d'avoir un feu vert pour un vaccin destiné à vos compatriotes, c'en est une autre d'évaluer le risque que posent les personnes vaccinées au Spoutnik, dont de nombreux médecins en Grèce pensent qu'il est très efficace. L'approche que nous adoptons est basée sur la gestion des risques: l'Organisation mondiale de la Santé nous recommande de considérer les touristes comme des personnes à risque bas. Mais même si vous êtes vacciné, vous pouvez être testé à l'arrivée. Notre système de ciblage aux frontières est très sophistiqué. Si nous voyons davantage de tests positifs chez des personnes vaccinées au Spoutnik, nous renforcerons les tests à l'arrivée. Même chose si nous l'observons chez des personnes vaccinées au Pfizer.