Au Chili, la solidarité contre la faim, réapparue avec la pandémie

La Chilienne Ruth Lagos pose lors de la préparation de déjeuners dans sa cuisine à Santiago, le 17 juillet 2020. (Martin BERNETTI/AFP)
La Chilienne Ruth Lagos pose lors de la préparation de déjeuners dans sa cuisine à Santiago, le 17 juillet 2020. (Martin BERNETTI/AFP)
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Publié le Mardi 25 août 2020

Au Chili, la solidarité contre la faim, réapparue avec la pandémie

  • « Nous nous battons pour un Chili meilleur et la situation empire de jour en jour »
  • A Lo Hermida, dans l'est de l'agglomération de Santiago, neuf femmes se sont réunies sous le nom « Les guerrières » pour lancer une soupe populaire qui livre 175 repas par jour à des habitants frappés par la faim mais aussi par le coronavirus

SANTIAGO DU CHILI: L'épidémie de coronavirus a réveillé un drame que le Chili croyait avoir éradiqué: la faim. Pour tenter d'y remédier, les soupes populaires se sont multipliées et des restaurants, parfois réputés, ont rallumé leurs fourneaux pour préparer des repas solidaires. 

A Lo Hermida, dans l'est de l'agglomération de Santiago neuf femmes se sont réunies sous le nom « Les guerrières »  pour lancer une soupe populaire qui livre 175 repas par jour à des habitants frappés par la faim mais aussi par le coronavirus, qui a touché de plein fouet ce quartier populaire de la commune de Peñalolén.

« Je n'aurais jamais pensé que ce serait si nécessaire ici », confie à l'AFP Ruth Lagos, qui se dit surprise par les carences révélées par la pandémie dans ce quartier de 240.000 habitants. Ici, des familles qui avaient réussi à sortir de la pauvreté avec des emplois précaires ont basculé en raison des restrictions sanitaires. 

Après avoir mis en place des réseaux d’approvisionnement, une cuisine a été installée dans la cour d'une des maisons du quartier. 

Les « Guerrières »  n'avaient jusque-là aucune expérience de la cuisine, mais elles se sont tourné vers l'histoire du quartier dans les années 1980, lorsque la crise économique aiguë en pleine dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990) avait entraîné la multiplication des soupes populaires. 

Une réalité que ce pays sud-américain, considéré comme stable et prospère jusqu'à l'éclatement de la crise sociale fin 2019, avait pensé avoir laissé derrière lui. 

« Nous nous battons pour un Chili meilleur et la situation empire de jour en jour » , déplore Ruth, qui, à 48 ans, se souvient d'avoir « épluché des pommes de terre«  quand elle était enfant avec ses parents pour la soupe populaire ouverte à l'époque dans le quartier. 

Dans toute la commune de Peñalolén, environ 80 initiatives de ce type ont été lancées. Selon les chiffres d'associations caritatives, au moins 400 fonctionnent dans toute l'agglomération de Santiago, où vivent 7 millions d'habitants.

« Remplir l'âme » 

Pour de nombreuses familles, le repas distribué est le seul de la journée: « Nous survivons grâce à la soupe populaire » , reconnaît Paola, qui vient de recevoir une assiette de poulet à la moutarde, accompagnée de riz. Au chômage depuis cinq mois, elle n'a pour l'heure reçu aucune aide de l'Etat. 

Ailleurs dans la capitale, ce sont des restaurants, parfois réputés, qui ont rouvert leur cuisine, après des mois de fermeture, pour distribuer des repas aux plus pauvres. Cela permet d'aider également les fournisseurs, les transporteurs, notamment scolaires, totalement à l'arrêt depuis la fermeture des écoles. 

« Cela nous aide beaucoup et cela aide beaucoup d'autres personnes sur toute la chaîne », explique à l'AFP la cheffe Carolina Bazan, propriétaire du Ambrosia Bistro et désignée en 2019 meilleure cheffe par le classement « 50 Best Restaurants«  d'Amérique latine. 

La restauratrice, qui a dû fermer son restaurant pendant deux mois avant de le rouvrir pour faire des livraisons à domicile, a décidé de se joindre à l'initiative « Nourriture pour tous » , qui rassemble aujourd'hui 14 restaurants et assure la distribution de 6.000 repas par semaine. 

Avec deux assistants, Carolina Bazan prépare 450 plats chaque semaine qui sont distribuées à des familles du centre de la capitale. Elle a pour l'heure mis de côté les préparations élaborées qu'elle concoctait dans son restaurant de tradition française pour se concentrer sur une cuisine plus simple. 

« Le plus important c'est surtout que cela soit bon, que cela te remplisse l'âme, et que cela soit nutritif » , explique la cheffe de 39 ans, mère de deux enfants. 

L'initiative « Nourriture pour tous »   est financée par des dons qui permettent l'achat de nourriture, la préparation des plats, la rémunération des restaurants et des entreprises de livraison. 

« Quand nous avons commencé la deuxième semaine de mai, il y avait trois soupes populaires. Deux semaines plus tard, il y en avait 25 et un mois plus tard, 78. La faim monte en flèche au Chili » , explique Ana Rivero, une des responsables de cette initiative, aujourd'hui présente à Santiago, mais aussi Antofagasta (nord), Valparaiso et Viña del Mar (centre).


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.