Trêve à Gaza, nouveaux heurts sur l'esplanade des Mosquées

Des Palestiniens fuient les grenades lancées par la police israélienne devant le Dôme du Rocher dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, alors qu'un cessez-le-feu est entré en vigueur entre le Hamas et Israël (AP)
Des Palestiniens fuient les grenades lancées par la police israélienne devant le Dôme du Rocher dans l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, alors qu'un cessez-le-feu est entré en vigueur entre le Hamas et Israël (AP)
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Publié le Samedi 22 mai 2021

Trêve à Gaza, nouveaux heurts sur l'esplanade des Mosquées

  • Biden appelle à saisir « une vraie opportunité » d'avancer vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, Blinken au Moyen-Orient « dans les prochains jours »
  • Le président US exprime sa « sincère reconnaissance » à l'Egypte, parraine des négociations et chargée de surveiller la mise en œuvre du cessez-le-feu dans les deux camps

GAZA CITY/JERUSALEM : Après d'intenses tractations diplomatiques, le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur vendredi matin. En dépit de cette trêve tant attendue à Gaza, les tensions ne sont pas retombées du côté de Jérusalem-Est. 

De nouveaux heurts ont en effet éclaté entre fidèles palestiniens et policiers israéliens sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupée, deux semaines après des accrochages similaires qui ont conduit à une flambée de violences en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Les affrontements ont débuté après la grande prière  du vendredi à laquelle ont participé une foule de Palestiniens. Des projectiles ont été lancés en direction des forces israéliennes présentes sur l'esplanade, troisième lieu saint de l'islam, a rapporté la police, en faisant état d'une "émeute". Des médias locaux ont également fait état de blessés palestiniens, cibles de balles en caoutchouc israéliennes lors de ces affrontements.

A Gaza toutefois, pas d'avions de combat dans le ciel et pas d'alertes à la roquette: le calme est revenu vendredi matin dans la bande de Gaza et en Israël après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu qui a mis fin à 11 jours d'hostilités sanglantes. 

Dans l'heure avant l'entrée en vigueur de la trêve, à 02H00 (23H00 GMT), des habitants de la bande de Gaza faisaient toujours état de bombardements et des sirènes d'alarme prévenaient toujours des habitants du sud d'Israël de tirs de roquettes.

Mais dès l'entrée en vigueur de la trêve, des milliers de Palestiniens ont célébré l'événement dans les rues du centre de Gaza City. 

Et des manifestations de joie se sont aussi multipliées dans des villes de la Cisjordanie occupée, tandis que l'armée israélienne ne faisait mention d'aucune nouvelle alerte à la roquette. 

 

 

La France salue la cessation des hostilités

"Je salue la cessation des hostilités intervenue cette nuit", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, en relevant lui aussi "le rôle fondamental de l'Egypte" pour y parvenir.

"L'escalade des derniers jours souligne la nécessité d'une relance d'un véritable processus politique entre les parties", a-t-il souligné.

La trêve doit maintenant "être pérennisée à travers des arrangements durables de cessez-le-feu" et "permettre un réengagement humanitaire", notamment à Gaza, a-t-il souligné.

 

Cet accord a été favorisé par l'Egypte, puissance régionale entretenant à la fois des relations avec Israël et le Hamas, mouvement considéré comme « terroriste » par l'Etat hébreu, l'Union européenne et les Etats-Unis.

Le président américain Joe Biden a estimé jeudi, peu avant son entrée en vigueur que le cessez-le-feu à Gaza était en fait « une vraie opportunité » d'avancer vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, tout en exprimant sa « sincère reconnaissance » à l'Egypte pour son rôle dans les négociations.

« Je suis convaincu que les Palestiniens et les Israéliens méritent tout autant de vivre en sécurité et de jouir d'un même niveau de liberté, de prospérité et de démocratie », a déclaré M. Biden depuis la Maison Blanche.

Et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé à une « reconstruction et un rétablissement rapides et durables qui soutiennent le peuple palestinien et renforcent leurs institutions ».

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken se rendra au Moyen-Orient « dans les prochains jours » pour y rencontrer ses homologues « israélien, palestinien et régionaux » et « travailler ensemble à la construction d'un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens », a annoncé jeudi le département d'Etat.

Le cessez-le-feu est tombé après une réunion du cabinet de sécurité israélien - regroupant le Premier ministre Benjamin Netanyahu, l'état-major de l'armée et des services de renseignement - qui a « accepté à l'unanimité » l'initiative égyptienne de « cessez-le-feu bilatéral sans condition ».

Dans la foulée, le Hamas et le Jihad islamique --autre groupe armé palestinien de Gaza-- ont confirmé l'entrée en vigueur dès 02H00 locales vendredi (23H00 GMT) de cette trêve annoncée après plus de dix jours d'affrontements sanglants avec Israël.

« Nous avons été informés par les frères égyptiens qu'un accord avait été conclu pour un cessez-le-feu bilatéral et simultané dans la bande de Gaza, à partir de 02H00 du matin », a déclaré le bureau politique du Hamas dans un communiqué.

« La résistance palestinienne respectera cet accord aussi longtemps que l'occupation (nom donné par le Hamas à Israël, NDLR) le respectera », a-t-il poursuivi.

Le Hamas revendique une «victoire» saluée par le Hezbollah

Le Hamas revendique la "victoire" dans sa confrontation armée avec Israël, a affirmé un haut responsable du mouvement devant des milliers de personnes réunies vendredi pour des manifestations de joie à Gaza City, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu avec l'Etat hébreu.


"Ceci est l'euphorie de la victoire", a lancé Khalil al-Hayya, numéro deux du bureau politique du Hamas dans la bande de Gaza, lors d'un discours devant des manifestants en liesse, promettant en outre de "reconstruire" les maisons détruites par les frappes israéliennes.

De son côté, le mouvement libanais Hezbollah, bête noire d'Israël, a salué vendredi une "victoire historique" des factions palestiniennes à Gaza après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu avec l'Etat hébreu pour cesser les hostilités meurtrières.

Allié de Téhéran, un autre ennemi juré d'Israël contre qui il a combattu à plusieurs reprises ces dernières décennies, le Hezbollah soutient traditionnellement le mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne de Gaza.


"Le Hezbollah félicite le peuple palestinien héroïque et sa vaillante résistance pour la victoire historique remportée (...) contre l'ennemi sioniste", a indiqué dans un communiqué le mouvement chiite armé, poids lourd de la politique libanaise mais considéré comme un groupe "terroriste" par Israël et les Etats-Unis.


Le Hezbollah "salue en particulier les résistants, les martyrs, les blessés et leurs familles" tout comme "la direction des factions de la résistance palestinienne, qui étaient à la hauteur de cette bataille".

 

Netanyahou prévient, l’armée israélienne «répondra fermement» à toute nouvelle attaque

S'adressant à des journalistes au quartier général de l’armée à Tel-Aviv, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a affirmé que 90% des roquettes tirées depuis Gaza ont pu être interceptées par le Dôme de fer, ajoutant que 1000 d'entre elles  ont été tirées sur Ashkelon et le sud d’Israël.

 

Netanyahou s’est également félicité de la prestation de l’armée israélienne, affirmant qu’«aucune autre armée n’aurait pu mener une telle opération avec des dégâts aussi minimes pour les civils» et soulignant que les tunnels du Hamas à Gaza ont été détruits.

 

Enfin, le Premier ministre a prévenu que l’armée israélienne «répondra fermement» à toute nouvelle attaque et que les «émeutiers» à l’intérieur d’Israël paieront un lourd tribut.

 

Ce discours de Netanyahou est intervenu quelques minutes seulement avant de nouveaux heurts entre Palestiniens et la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées. 

gaza
Cette petite fille est assise devant ce qui reste de sa maison, endommagée par les raids israéliens. (AFP). 

Affaiblir le Hamas?

Le Hamas avait lancé les hostilités le 10 mai en tirant des salves de roquettes vers Israël en « solidarité » avec les centaines de Palestiniens blessés lors d'affrontements avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem, troisième lieu saint de l'islam.

Après ces tirs de roquette, Israël a lancé une opération visant à « réduire » les capacités militaires du Hamas en multipliant les frappes aériennes contre ce micro-territoire de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis presque 15 ans.

De leur côté, le Hamas et le Jihad ont lancé plus de 4300 roquettes vers Israël, des tirs d'une intensité inégalée contre l'Etat hébreu, qui dispose d'un bouclier antimissile ayant permis d'intercepter 90% de ces projectiles.

Les affrontements ont fait au moins 232 morts côté palestinien, dont 65 enfants et de nombreux combattants du Hamas et du Jihad islamique, et 12 morts en Israël.

 

Berlin appelle à régler les « causes profondes » du conflit

Le chef de la diplomatie allemande a salué vendredi le cessez-le-feu entré en vigueur entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza mais estimé qu'il fallait désormais "s'attaquer aux causes profondes" du conflit.


"C'est bien qu'un cessez-le-feu intervienne" et qu'il n'y ait "plus de victimes", s'est réjoui sur Twitter Heiko Maas, tout juste rentré d'une visite en Israël et dans les territoires palestiniens.


Le ministre du gouvernement d'Angela Merkel a adressé un "grand merci à l'Egypte pour sa médiation" qui a abouti au cessez-le-feu.


"Il est maintenant temps de s'attaquer aux causes profondes, de rétablir la confiance et de trouver une solution au conflit du Proche-Orient", a conclu M. Maas.

 

 

 

 

Les réactions internationales au cessez-le-feu

Union européenne: 

L'Union européenne s'est félicitée vendredi du cessez-le-feu entré en vigueur entre Israël et le Hamas palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza et s'est engagée à soutenir les efforts en vue d'une "solution politique" à long terme. 
"L'Union européenne se félicite du cessez-le-feu annoncé mettant fin à la violence à Gaza et dans ses environs. Nous félicitons l'Égypte, le Qatar, les Nations unies, les États-Unis et d'autres qui ont joué un rôle de facilitateur à cet égard", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un communiqué. 
"Nous sommes consternés et regrettons les pertes de vies humaines de ces 11 derniers jours. Comme l'UE n'a cessé de le répéter, la situation dans la bande de Gaza est depuis longtemps intenable", a-t-il ajouté.
"Seule une solution politique apportera une paix durable et mettra fin une fois pour toutes au conflit israélo-palestinien. Rétablir un horizon politique vers une solution à deux États reste de la plus haute importance", a poursuivi le chef de la diplomatie européenne.
Il a assuré que "l'UE est prête à soutenir pleinement les autorités israéliennes et palestiniennes dans ces efforts".
"L'UE renouvelle à cette fin son engagement avec les principaux partenaires internationaux, notamment les États-Unis, et d'autres partenaires dans la région, ainsi qu'avec le Quartette pour le Proche-Orient", a-t-il poursuivi.

Chine: 

La Chine s'est félicitée du cessez-le-feu et a annoncé l'envoi d'une aide humanitaire à destination des Palestiniens.

"La Chine salue le cessez-le-feu entre les deux parties et espère que les deux camps respecteront sérieusement le cessez-le-feu et la fin des violences", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian. 

"La communauté internationale doit promouvoir le retour des discussions de paix entre la Palestine et Israël, et trouver une solution à deux Etats juste, durable et complète", a-t-il poursuivi.

La Chine s'est engagée à envoyer une aide d'urgence d'un million de dollars aux Palestiniens, puis un deuxième don du même montant à destination de l'UNRWA, l'agence onusienne d'aide aux réfugiés. La Chine va aussi expédier 200 000 doses de vaccins contre le Covid-19 aux Palestiniens. 

"La Chine apprécie la médiation de l'Egypte, des Nations unies et des autres parties", a ajouté Zhao Lijian. 

Le pape: 

"Je remercie Dieu pour la décision de mettre fin aux conflits armés et aux actes de violence, et je pris pour la poursuite des processus de dialogue et de paix", a déclaré le pape François à des ambassadeurs au Saint-Siège, appelant les catholiques à prier "pour que les Israéliens et les Palestiniens puisse trouver le chemin du dialogue et du pardon". 

              


Au moins 44 morts dans de nouveaux bombardements aériens israéliens sur Gaza, selon les secours

La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés plusieurs fois par la guerre et vivent dans des conditions très dures, Israël bloquant l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire. (AFP)
La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés plusieurs fois par la guerre et vivent dans des conditions très dures, Israël bloquant l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire. (AFP)
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  • Israël a intensifié ses bombardements meurtriers et ses opérations au sol depuis que son armée a repris le 18 mars l'offensive dans la bande de Gaza, après deux mois de trêve et des tractations infructueuses sur la façon de la prolonger
  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir accentuer la pression militaire sur le Hamas pour arracher la libération des dizaines d'otages israéliens enlevés durant l'attaque du 7-Octobre et toujours retenus à Gaza

GAZA: La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état d'au moins 44 personnes tuées dans de nouveaux bombardements aériens israéliens dimanche, Israël faisant état de son côté d'une salve de projectiles tirés depuis le territoire palestinien, à laquelle Benjamin Netanyahu a ordonné de donner "une réponse forte".

Israël a intensifié ses bombardements meurtriers et ses opérations au sol depuis que son armée a repris le 18 mars l'offensive dans la bande de Gaza, après deux mois de trêve et des tractations infructueuses sur la façon de la prolonger.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël à partir de la bande de Gaza voisine.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir accentuer la pression militaire sur le Hamas pour arracher la libération des dizaines d'otages israéliens enlevés durant l'attaque du 7-Octobre et toujours retenus à Gaza.

Le bilan des frappes israéliennes depuis dimanche à l'aube s'élève "à au moins 44 morts, dont 21 à Khan Younès" dans le sud de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

L'une des frappes a tué six Palestiniens dans le quartier d'Al-Touffah à Gaza-ville (nord), où un groupe de personnes s'était rassemblé près d'une boulangerie, a indiqué M. Bassal. Trois enfants figurent parmi les morts, a-t-il précisé.

Dans un communiqué, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a condamné un "assassinat délibéré d'enfants" dans le territoire palestinien dévasté et assiégé par Israël depuis 18 mois.

D'épais panaches de fumée se sont élevés au dessus de la bande de Gaza, où plusieurs secteurs ont été bombardés par les forces israéliennes, selon des images de l'AFP.

"Bombe nucléaire" 

Une frappe a visé la maison de la famille Abou Issa à Deir al-Balah (centre) qui a été détruite. "Aucune personne recherchée ne se trouvait là. Les hommes étaient tous à la mosquée", a dit Mohammad al-Azaizeh, un habitant.

"Il n'y avait que des civils, enfants, femmes et filles. Un missile a tout ravagé, rasant la maison. On aurait dit une bombe nucléaire", a-t-il ajouté.

Au lendemain d'une frappe meurtrière samedi soir à Gaza-ville, des corps dont ceux d'enfants ont été transportés à l'hôpital al-Ahli. Là, hommes et femmes pleurent la perte de proches enveloppés dans des linceuls blancs, selon des images de l'AFP.

Un homme sanglote en tenant dans ses bras le corps d'un proche, d'autres prient près des victimes devant l'hôpital. Des blessés, dont des enfants, ont été soignés dans le couloir de l'établissement.

"Ils ont visé des civils non armés dans leur sommeil", s'est exclamé un habitant, Mohammad Rahmi, qui a perdu un membre de sa famille.

Projectiles tirés de Gaza 

La quasi-totalité des 2,4 millions de Gazaouis ont été déplacés plusieurs fois par la guerre et vivent dans des conditions très dures, Israël bloquant l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire.

De son côté, l'armée israélienne a fait état d'une rare salve d'une dizaine de projectiles tirés depuis la bande de Gaza vers Israël en l'espace de quelques minutes en soirée. La plupart ont été interceptés, a-t-elle dit.

A la suite de ces tirs, Benjamin Netanyahu "a donné instruction d'apporter une réponse forte et a approuvé la poursuite des opérations intensifiées de l'armée israélienne à Gaza contre le Hamas", ont indiqué ses services dans un communiqué, ajoutant qu'il s'était exprimé depuis l'avion le transportant à Washington.

La police israélienne a indiqué que des débris étaient tombés à Ashkelon (sud) après l'interception des projectiles. Un homme a été blessé par des éclats, selon les secours.

Plus tard, les militaires israéliens ont affirmé avoir frappé le site de lancement de ces roquettes à Gaza.

Ils avaient lancé auparavant un ordre d'évacuation en arabe aux habitants de la zone de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, affirmant que les tirs en provenaient.

"Nous lancerons une frappe lourde sur toute zone d'où des roquettes seraient tirées", a également averti sur X Avichay Adraee, le porte-parole en lanque arabe de l'armée israélienne.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Sur les 251 personnes enlevées, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes selon l'armée.

Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé en représailles une offensive destructrice qui a fait au moins 50.695 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Selon ce ministère, plus de 1.300 Palestiniens ont été tués depuis la rupture de la trêve, le 18 mars.

La guerre à Gaza doit être un des sujets à l'ordre du jour des discussions de M. Netanyahu lundi à la Maison Blanche avec le président Donald Trump, son principal allié.


Macron en Egypte pour une visite consacrée à Gaza

Le président français veut "marquer sa mobilisation" en faveur "d'un cessez-le-feu à Gaza" et répondre "à l'urgence", a expliqué l'Elysée. (AFP)
Le président français veut "marquer sa mobilisation" en faveur "d'un cessez-le-feu à Gaza" et répondre "à l'urgence", a expliqué l'Elysée. (AFP)
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  • Le retour de la guerre, avec la reprise le 18 mars des opérations militaires par Israël après deux mois de trêve, avait été qualifié de "retour en arrière dramatique" par M. Macron
  • Le président français veut "marquer sa mobilisation" en faveur "d'un cessez-le-feu à Gaza" et répondre "à l'urgence", a expliqué l'Elysée

LE CAIRE: Emmanuel Macron consacre sa visite en Egypte lundi et mardi à Gaza, avec un volet politique de soutien au plan arabe pour l'enclave palestinienne face aux ambitions contestées de Donald Trump et un volet humanitaire pour appeler à la levée du blocus de l'aide.

Le président français veut "marquer sa mobilisation" en faveur "d'un cessez-le-feu à Gaza" et répondre "à l'urgence", a expliqué l'Elysée.

Le retour de la guerre, avec la reprise le 18 mars des opérations militaires par Israël après deux mois de trêve, avait été qualifié de "retour en arrière dramatique" par M. Macron.

Dès son arrivée dimanche soir, il a eu une rencontre avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans le souk de la capitale égyptienne. Lundi matin, il doit le revoir pour un entretien plus formel, avant un sommet à trois auquel se joindra le roi Abdallah II de Jordanie.

Pour la diplomatie française, c'est une manière d'afficher sa solidarité avec deux pays voisins des territoires palestiniens ébranlés par le plan du président américain.

Au même moment, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan de ce plan, sera reçu à la Maison Blanche.

Début février, juste après son retour au pouvoir, Donald Trump a suscité un tollé international en évoquant une prise de contrôle de la bande de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient".

Pour cela, ses 2,4 millions d'habitants pourraient être déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, qui ont vivement rejeté cette option mais doivent composer avec la pression américaine.

"L'Egypte est au cœur de tous les efforts visant essentiellement à atteindre la désescalade ou un cessez-le-feu ou un arrêt complet des tirs entre Israël et le Hamas", relève Mohamed Marei, directeur de l'Observatoire égyptien, affilié au Centre égyptien de réflexion et d'études stratégiques.

Le mouvement islamiste palestinien a déclenché la guerre avec des attaques sans précédent en Israël le 7 octobre 2023.

 

- Etape symbolique -

 

Ce chercheur souligne que Le Caire a clairement "refusé" le plan Trump, considéré comme "une menace allant à l'encontre des intérêts égyptiens".

La France va aussi réaffirmer son "opposition aux déplacements forcés de populations" et exprimer son soutien au plan arabe conçu comme une réponse au plan Trump, a dit l'entourage d'Emmanuel Macron.

Cette initiative, préparée par l'Egypte, prévoit de reconstruire la bande de Gaza, détruite par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, sans déplacer les Gazaouis.

Paris estime toutefois qu'il faut "encore renforcer" ce plan, notamment sur "la sécurité" et la "gouvernance" de l'enclave palestinienne.

Les pays arabes prévoient un retour de l'Autorité palestinienne, au détriment du Hamas qui dirige le territoire depuis 2007.

Emmanuel Macron veut aussi évoquer avec ses homologues "la nécessaire définition d'une sortie de crise politique fondée sur la solution à deux Etats", israélien et palestinien, selon l'Elysée.

Il coprésidera en juin à l'ONU, avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, une conférence sur ce sujet. Ce rendez-vous pourrait, selon des sources diplomatiques, constituer le "moment opportun" que la France attend pour éventuellement reconnaître un Etat palestinien.

Mardi, le président français se rendra ensuite dans la ville égyptienne d'al-Arich, dans le nord de la péninsule du Sinaï, à 50 kilomètres du point de Rafah par lequel est censée passer l'aide humanitaire vers Gaza, à nouveau stoppée.

Lors de cette étape hautement symbolique, il appellera à "la réouverture des points de passage pour l'acheminement de fret humanitaire à Gaza" et "redira l'engagement de la France à poursuivre son soutien humanitaire vers les populations gazaouies", a fait savoir la présidence française.

Dans ce port méditerranéen qui sert de base arrière pour l'aide, il va rencontrer des personnels d'ONG françaises, des Nations unies, du Croissant-Rouge égyptien, mais aussi probablement des "bénéficiaires" palestiniens de l'action humanitaire, a-t-on détaillé de même source.

La quasi-totalité des Gazaouis ont été déplacés par les combats et vivent dans un territoire dévasté et assiégé.

Sur le plan bilatéral franco-égyptien, plusieurs accords économiques doivent être signés lundi dans les transports, la santé, les énergies renouvelables ou le domaine universitaire.

nda-fff/clr/tmt

© Agence France-Presse


Gaza: une vidéo montre les dernières minutes des secouristes tués selon le Croissant-Rouge

Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
Sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés. (AFP)
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  • L'armée israélienne avait indiqué jeudi enquêter sur "l'incident", tout en affirmant que ses soldats avaient tiré sur des "terroristes" et des "véhicules suspects" qui avançaient vers eux tous feux éteints
  • Mais sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés

GAZA: Une vidéo récupérée sur le téléphone portable d'un secouriste tué avec d'autres membres du personnel médical en mars à Gaza, selon le Croissant-Rouge palestinien, montre leurs ambulances clairement reconnaissables et gyrophares allumés, avec le bruit de tirs nourris.

Le 23 mars, 15 secouristes et travailleurs humanitaires ont été tués par des tirs israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas depuis près de 18 mois, selon le Croissant-Rouge et l'ONU.

Il s'agit de huit membres du Croissant-Rouge palestinien, six membres de l'agence de défense civile de Gaza et d'un membre de l'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard enterrés sous le sable près de Rafah.

L'armée israélienne avait indiqué jeudi enquêter sur "l'incident", tout en affirmant que ses soldats avaient tiré sur des "terroristes" et des "véhicules suspects" qui avançaient vers eux tous feux éteints.

Mais sur la vidéo de six minutes et 42 secondes, diffusée samedi par le Croissant-Rouge palestinien, des ambulances circulent, phares et gyrophares allumés.

La vidéo, apparemment filmée depuis l'intérieur d'un véhicule en mouvement, montre un camion de pompiers et des ambulances circulant dans l'obscurité.

Tirs nourris 

Les véhicules s'arrêtent ensuite près d'un autre garé en bord de route, et deux hommes l'un portant un uniforme d'ambulancier et l'autre un gilet de secouriste, en sortent.

On entend au même moment la voix de deux hommes parlant en arabe: l'un dit "un véhicule, un véhicule", "pourvu qu'ils n'aient rien". L'autre dit "on dirait un accident".

Quelques secondes plus tard, des tirs nourris éclatent et l'écran devient noir.

Le Croissant-Rouge a indiqué avoir retrouvé la vidéo sur le téléphone de Rifaat Radwan, l'un des secouristes tués.

"Cette vidéo réfute catégoriquement les affirmations de l'occupant selon lesquelles (...) certains véhicules se seraient approchés de manière suspecte, sans gyrophares ni signes d'identification", a dit le Croissant-Rouge palestinien dans un communiqué samedi.

"Ces images exposent la vérité", a-t-il indiqué.

Plus tard, la porte-parole du Croissant-Rouge palestinien, Nebal Farsakh, a déclaré à des journalistes à Ramallah, en Cisjordanie occupée, que des soldats israéliens avaient "ouvert le feu de manière frénétique" sur les secouristes.

Selon elle, le sort d'un secouriste reste inconnu. "Nous pensons qu’il a été arrêté", a-t-elle dit.

Un responsable militaire a déclaré tard samedi soir à des journalistes qu'il y avait eu deux incidents le 23 mars.

Le premier s'est produit à 4h du matin, lorsque des soldats ont tiré sur un véhicule transportant des membres du Hamas, tuant deux d’entre eux et en arrêtant un, a-t-il indiqué sous couvert d’anonymat.

Lors du second incident, à "6h du matin", les soldats "ont reçu un rapport de la couverture aérienne signalant un convoi se déplaçant dans l'obscurité de manière suspecte en leur direction", a-t-il déclaré. "Ils ont ouvert le feu à distance".

"Il n’y avait (...) aucun tir à courte distance (...) Les soldats (...) ont pensé qu'ils faisaient face à des terroristes", a-t-il déclaré.

De son côté, le Hamas a dénoncé dans un communiqué "une tentative délibérée de dissimuler le crime en enterrant les victimes dans des fosses communes".

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), la première équipe a été tuée par les forces israéliennes le 23 mars, et d'autres équipes d'urgence et d'aide ont été frappées pendant plusieurs heures alors qu'elles cherchaient leurs collègues disparus.

Le convoi avait été dépêché en réponse à des appels à l'aide de civils pris au piège des bombardements, selon le Croissant-Rouge.

"Les juifs arrivent" 

Dans la vidéo, l'ambulancier en train de filmer récite la déclaration de foi, la "shahada", traditionnellement prononcée par les musulmans avant la mort, alors que le bruit des tirs nourris continue sans cesse.

Alors que les tirs continuent, il dit: "les juifs arrivent", en référence aux soldats israéliens.

La mort des travailleurs humanitaires a suscité un tollé international.

Jonathan Whittall, directeur de l'Ocha dans les territoires palestiniens, a déclaré que les victimes étaient "en uniforme, portant encore des gants" lorsqu'ils ont été retrouvés. L'Ocha a parlé de "fosse commune".

Un responsable militaire israélien a dit à l'AFP qu'ils avaient été "recouverts de sable et de draps de façon à éviter leur détérioration" en attendant qu'ils puissent être récupérés.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque menée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien contre Israël.