ALGER: La campagne pour les élections législatives du 12 juin en Algérie s'est ouverte jeudi dans un climat de répression à l'encontre du mouvement de protestation populaire du Hirak, a constaté l'AFP.
Ces élections anticipées, qui auraient dû avoir lieu en 2022, apparaissent comme une tentative du régime de reprendre la main face au retour du Hirak dans la rue depuis la fin février.
La campagne électorale, qui prendra fin le 9 juin, débute trois mois après la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN) par le président Abdelmadjid Tebboune.
Dans de nombreux quartiers d'Alger, la majorité des panneaux électoraux étaient encore vides jeudi matin, selon un journaliste de l'AFP.
"Tous les candidats promettent le changement alors que la majorité d'entre eux est issue de l'ancien système. Ce scrutin ne fera qu'aggraver la crise politique", a expliqué à l'AFP un professeur d'économie de l'université d'Alger qui n'a pas souhaité donner son nom.
Près de 1 500 listes, dont plus de la moitié s'affichent comme indépendantes, sont en lice, selon l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Environ 1 200 autres listes ont été rejetées en vertu d'une nouvelle loi électorale stipulant que le candidat ne doit pas être "connu de manière notoire pour avoir eu des liens avec l’argent douteux et les milieux de l’affairisme".
Cette loi fixe notamment les règles de financement et de contrôle des campagnes électorales. Ainsi, il est interdit pour tout candidat de recevoir des dons en espèces ou en nature d'un Etat étranger ou d'une personne physique ou morale de nationalité étrangère.
Depuis l'annonce de ce scrutin, la "feuille de route" électorale du régime a été rejetée par les principaux partis laïcs ainsi que par les manifestants du Hirak qui défilent chaque semaine à travers tout le pays.
De leur côté, les autorités ont durci ces dernières semaines la répression afin de briser le mouvement de contestation avant l'échéance électorale, multipliant les arrestations et les poursuites judiciaires contre des opposants, des hirakistes et des journalistes.
Vendredi dernier, la police a ainsi dispersé sans ménagement la marche hebdomadaire du Hirak à Alger, et procédé à des centaines d'interpellations dans tout le pays.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné en avril de la même année, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance du pays en 1962.
Les dernières élections législatives de 2017 ont été remportées par le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) au sein d'une Alliance présidentielle ayant soutenu Abdelaziz Bouteflika. Ces deux partis sont aujourd'hui largement discrédités.