Malgré une lueur d'espoir diplomatique, les frappes se poursuivent à Gaza

Une famille blessée par un raid israélien s'apprête à être transportée en ambulance à l'hôpital. (AFP).
Une famille blessée par un raid israélien s'apprête à être transportée en ambulance à l'hôpital. (AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 20 mai 2021

Malgré une lueur d'espoir diplomatique, les frappes se poursuivent à Gaza

  • «Mais qu'est-ce que mon frère a fait ? Il ne faisait que passer (ses jours) dans son fauteuil roulant»
  • Le Comité international de la Croix-Rouge a estimé que «les populations à Gaza et en Israël ont un besoin urgent de répit»

GAZA: Vers un cessez-le-feu à Gaza? La diplomatie s'active jeudi sur le terrain et en coulisses pour tenter de mettre un terme à l'escalade militaire meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza après une nouvelle nuit de bombardements.

Après l'appel du président américain Joe Biden en faveur d'une «désescalade» immédiate dans ces affrontements qui ont fait au moins 239 morts en dix jours, majoritairement des Palestiniens, et l'échec d'une résolution de la France à l'ONU, bloquée par Washington, c'est au tour jeudi de l'Allemagne d'entrer en scène.

gaza
Un homme palestinien âgé passe devant un bâtiment détruit par les bombardements israéliens dans la ville de Gaza, le 19 mai 2021. (Photo, AFP)

 

Heiko Mass: la paix passe par une solution à deux Etats

Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Mass, tient dans la journée en Israël et en Cisjordanie occupée des pourparlers avec de hauts responsables israéliens et l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, mais pas directement avec le Hamas, classé organisation «terroriste» par les États-Unis et l'Union européenne. 

D'où aussi d'intenses pourparlers avec l'Égypte, pays limitrophe d'Israël et de la bande de Gaza, micro-territoire palestinien de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis 15 ans, pour remettre sur les rails une trêve fragile datant de quelques années entre le Hamas et l'État hébreu mais qui a volé en éclats la semaine dernière.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a affirmé que Gaza a besoin d'être soutenue sur le plan humanitaire. Il a toutefois aussi exprimé la solidarité de l'Allemagne avec Israël, tout en appelant à un cessez-le feu urgent.

Maas a par ailleurs estimé qu'une solution à deux États permettrait aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre en paix.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel s'est dit favorable à des «contacts indirects» avec le Hamas.

Ce cycle de violences entre Israël et Gaza a été déclenché après les tirs par le Hamas de salves de roquettes vers l'État hébreu le 10 mai, en solidarité avec les centaines de Palestiniens blessés lors de heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de Jérusalem, dans le secteur palestinien de Jérusalem occupé par Israël depuis plus de 50 ans. 

Israël a «profité» de la situation, a indiqué mercredi un responsable militaire israélien, pour «réduire les capacités» militaires du Hamas. Depuis dix jours, l'armée israélienne pilonne la bande de Gaza, où la population locale vit de jour et de nuit sous le tonnerre de la guerre, selon des équipes de l'AFP sur place. 

gaza
Au dénuement presque total des Gazaouis, s'ajoute à présent la destruction de leur espace de vie. (AFP).

 

Hamas annonce la probabilité d'un cessez-le-feu

Un cessez-le-feu avec Israël sera annoncé dans les 24 heures, a déclaré un haut responsable du Hamas à CNN. Israël n'a pas commenté cette déclaration.

 

 

 

Famille décimée

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des avions de chasse israéliens ont frappé les résidences d'au moins six dirigeants du Hamas, selon l'armée israélienne, tandis que les sirènes d'alarmes hurlaient dans le sud d’Israël aux premières heures de jeudi, le deuxième groupe armé à Gaza, le Jihad islamique, revendiquant une nouvelle salve de roquettes.

Un peu plus tôt, une famille palestinienne a été décimée à Deir al-Balah (centre). Eyad Saleha, en fauteuil roulant, Amani, sa femme enceinte, et Nagham, leur fille de trois ans, ont péri dans un raid israélien mercredi sur la bande de Gaza, selon les autorités locales.

«Mais qu'est-ce que mon frère a fait ? Il ne faisait que passer (ses jours) dans son fauteuil roulant», a dit à l'AFP Omar Saleha, affirmant que son frère, en fauteuil roulant depuis 14 ans, n'était pas un combattant. «Qu'est-ce que sa fille a fait ? Et sa femme ?».

Le Comité international de la Croix-Rouge a estimé que «les populations à Gaza et en Israël ont un besoin urgent de répit», ajoutant dans un communiqué avoir informé Israël et le Hamas qu’à partir de jeudi son personnel se «déplacera pour apporter une réponse aux besoins urgents. Les deux parties ont une responsabilité claire de nous faciliter de tels mouvements».

Depuis le début des affrontements, au moins 227 Palestiniens, incluant une soixantaine d'enfants et des combattants du Hamas, ont péri dans les frappes israéliennes, tandis que 12 personnes ont perdu la vie en Israël dans des tirs depuis Gaza, les mouvements palestiniens dans ce territoire ayant dirigé plus de 4 000 roquettes vers le territoire israélien. 

Il s'agit de la plus forte cadence de roquettes jamais tirées vers l'État hébreu, selon l'armée israélienne qui dispose toutefois d'un bouclier antimissile ayant permis selon eux d'intercepter environ 90% des projectiles.

«Le président (américain) a indiqué au Premier ministre (israélien) qu'il s'attendait à une désescalade significative aujourd'hui vers un cessez-le-feu», selon la Maison Blanche qui a fait état d'un échange téléphonique entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu.

Les États-Unis, qui ont revendiqué une approche diplomatique «discrète», ont refusé de soutenir un projet français d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une cessation des hostilités.

«Le moment opportun»

Mercredi, un responsable militaire israélien a affirmé que son pays étudiait le «moment opportun pour un cessez-le-feu», précisant que l'armée était prête à encore «plusieurs jours» de conflit.

«Ce que nous essayons de faire est précisément ceci: diminuer leurs capacités, leurs moyens terroristes et diminuer leur détermination», a renchéri le Premier ministre Benjamin Netanyahu se disant «déterminé à continuer cette opération».

«Nous n'en sommes pas encore à un cessez-le-feu», ont résumé mercredi à Jérusalem deux sources diplomatiques étrangères à l'AFP, alors qu'une troisième a fait état d'un «risque de contagion» à la région qui rend encore plus «urgent» un cessez-le-feu.

Mercredi, des roquettes ont été tirées du Liban voisin vers Israël qui a répliqué à l'artillerie, mais c'est surtout c'est vers la Cisjordanie occupée et l'intérieur même d'Israël que les regards sont tournés. 

Depuis 10 jours, des émeutes et des affrontements avec les forces israéliennes ont éclaté dans de nombreuses villes et camps palestiniens de Cisjordanie faisant plus de 25 morts, pire bilan depuis des années dans ce territoire. 

Et des Arabes israéliens – descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948 – ont manifesté, fermé leur commerce ou été au cœur d'émeutes, disant subir la même «discrimination» que les Palestiniens de Gaza ou Ramallah en Cisjordanie. 

La communauté internationale à la peine dans le conflit israélo-palestinien

Entre des Etats-Unis soucieux de ménager Israël, une Europe divisée et des acteurs régionaux antagonistes, la communauté internationale peine à se faire entendre et à imposer un cessez-le-feu dans le nouvel embrasement entre Israéliens et Palestiniens de Gaza.

LA PRUDENCE DE JOE BIDEN 

Le président américain Joe Biden, qui n'avait pas fait du dossier israélo-palestinien une priorité après les multiples gestes de son prédécesseur Donald Trump en faveur d'Israël, se retrouve en première ligne malgré lui dans la gestion diplomatique de la crise.

Ses partenaires occidentaux et l'aile gauche du parti démocrate lui demandent de s'impliquer davantage et de faire pression sur Israël, allié traditionnel des Etats-Unis, pour calmer le jeu et remettre ensuite sur le métier la recherche d'une solution politique.

"Ce qui se passe montre que l'idée caressée par certains (de) simplement ignorer le conflit du Proche-Orient en pensant qu'il disparaîtrait de lui-même, que le temps arrangerait les choses (...) était une vue de l'esprit", résume le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

Le président Biden a appelé mercredi à une "désescalade vers un cessez-le-feu". "Mais la position traditionnelle des Etats-Unis est de ne pas faire pression sur Israël", relève Pascal Boniface, directeur de l'Institut de Relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris.

L'administration Biden privilégie en outre comme ses prédécesseurs les canaux bilatéraux au détriment de l'ONU, où elle a jusqu'ici bloqué toute initiative appelant à la cessation des hostilités, relève une source diplomatique européenne. 

"A ce stade, elle réalise aussi qu'il y a peu de bénéfice politique à tirer d'une implication plus grande dans la recherche d'une solution politique", faute de perspectives de ce côté-là, observe Lucy Kurtzer-Ellenbogen, experte à l'Institute of Peace à Washington.

Les Etats-Unis comme Israël entendent aussi "s'assurer que le Hamas ne ressorte pas comme le vainqueur d'un cessez-le-feu", renchérit Ghaith al-Omari au Washington Institute. Avec un objectif majeur, réduire durablement sa capacité militaire.

L'IMPUISSANCE DES EUROPEENS

L'Union européenne, premier partenaire économique d'Israël et soutien clé dans le développement de la Palestine, dispose dans l'absolu de leviers de pression. Mais elle reste divisée - la Hongrie a refusé mardi de se joindre à une déclaration commune appelant au cessez-le-feu - et inaudible sur ce dossier.

"Les divisions se sont accrues entre les Etats membres sous l'influence de l'administration Trump qui a beaucoup radicalisé le dossier", explique Pierre Vimont, diplomate français et expert au centre Carnegie Europe interrogé par l'AFP.

"Les Etats membres sont tout autant divisés pour utiliser les leviers" à leur disposition, ajoute-t-il, déplorant "une absence totale d'initiative".

L'UE refuse également de faire pression sur Israël en menaçant si besoin de remettre en cause l'accord d'association qui les lie et n'a aucun contact avec le Hamas qu'elle considère comme une organisation terroriste.

La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, compte sur ce soutien européen pour accentuer la pression sur les Etats-Unis aux Nations-unies.

Mais son projet de résolution appelant à une "cessation immédiate des hostilités" et à un accès de l'aide humanitaire à Gaza se heurte à une menace de veto américain.

Le président français Emmanuel Macron appuie aussi une médiation de son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, dont le pays est l'un des rares à parler à la fois au Hamas et à Israël, avec lequel il a signé un traité de paix en 1979. 

L'EGYPTE, MEDIATEUR DE REFERENCE

Acteur clé dans la région, l'Egypte pâtit toutefois de l'influence grandissante du Qatar et de la Turquie sur le Hamas, relève Haisam Hassanein, expert au Washington Institute.

"Son rôle s'est du coup réduit à la recherche d'un cessez-le-feu quand l'escalade est à son comble. Mais les Israéliens insistent pour la garder dans la boucle", note-t-il.

Pour Pascal Boniface, l'Egypte peut "accompagner un compromis, habiller le résultat d'une négociation" entre deux belligérants, Israël et le Hamas, qui officiellement ne se parlent pas.

Le Qatar, qui a des relations discrètes avec Israël, peut aussi servir de "courtier, de relais" entre les deux belligérants, estime-t-il.

L'IRAN ET LA TURQUIE, "AVOCATS" DE LA CAUSE PALESTINIENNE

Le président turc Recep Tayyip Erdogan se pose une nouvelle fois en héraut de la cause palestinienne face à des pays arabes moins vocaux sur le sujet et dont certains viennent tout juste de normaliser leurs relations avec Israël comme le Maroc, les Emirats arabes unis et Bahreïn.

L'Iran, soupçonné de fournir financements et armes au Hamas et au Jihad islamique, autre groupe armé à Gaza, "tire aussi avantage d'un conflit qu'il n'a pas lui-même contribué à déclencher", fait observer le Centre d'analyse américain Soufan. 

Il apparaît ainsi comme un soutien de la cause palestinienne et à travers elle de l'islam sunnite et non plus seulement des chiites. "Cela renforce sa stratégie (d'influence) régionale afin de contrer les Etats-Unis, Israël, l'Arabie saoudite et d'autre adversaires", souligne le Soufan Center.

LA RUSSIE ET LA CHINE A L'ARRIERE-PLAN

La Russie, qui entretient de bonnes relations à la fois avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les dirigeants palestiniens, appelle à une réunion urgente du Quartette, un groupe de médiateurs pour le Proche-Orient (Russie, Etats-Unis, ONU et UE).

La Chine a regretté pour sa part "l'obstruction" des Etats-Unis au Conseil de sécurité après avoir tenté en vain de faire adopter une déclaration appelant à la fin des hostilités.


Gaza: premiers déchargements de 300 palettes d'aide humanitaire sur la côte, offensive en cours au nord

Des camions d'aides avancent dans la ville de Gaza (Reuters)
Des camions d'aides avancent dans la ville de Gaza (Reuters)
De la fumée s'élève lors d'un bombardement israélien à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mai 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le mouvement militant du Hamas. (AFP)
De la fumée s'élève lors d'un bombardement israélien à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mai 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le mouvement militant du Hamas. (AFP)
Des personnes se rassemblent avec des jerrycans pour faire le plein d'eau à partir d'un camion-citerne dans la cour d'une école de l'UNRWA à Jabalia accueillant des Palestiniens déplacés par le conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. (AFP)
Des personnes se rassemblent avec des jerrycans pour faire le plein d'eau à partir d'un camion-citerne dans la cour d'une école de l'UNRWA à Jabalia accueillant des Palestiniens déplacés par le conflit en cours dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. (AFP)
Short Url
  • Après plusieurs jours de blocage, plus de 300 palettes d'aide humanitaire ont été déchargées pour la première fois sur la jetée provisoire déployée par les Etats-Unis à Gaza
  • Dans la bande de Gaza, Israël a annoncé son intention d'«intensifier» son offensive au sol à Rafah où l'objectif affiché est d'anéantir les derniers bataillons du Hamas

RAFAH, Territoires Palestiniens : Des combats acharnés opposent Israël au Hamas dans la bande de Gaza, où après plusieurs jours de blocage, plus de 300 palettes d'aide humanitaire ont été déchargées pour la première fois sur la jetée provisoire déployée par les Etats-Unis, a indiqué samedi l'armée israélienne.

«Plus de 300 palettes d'aide humanitaire» ont été décharchées, les premières à entrer via la jetée flottante» provisoire américaine arrimée sur la côte de la bande de Gaza, a déclaré l'armée israélienne, dans un communiqué.

De son côté, le Hamas a tenu à souligner samedi, dans un communiqué, «qu'aucune voie d'acheminement de l'aide, y compris la jetée flottante, ne constitue une alternative aux routes sous supervision palestinienne».

Après des jours de blocage des arrivées d'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine, l'armée américaine avait annoncé vendredi l'arrivée «d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours».

Londres a annoncé pour sa part qu'un chargement d'aide britannique avait été «acheminé avec succès sur le littoral de Gaza (.... ) en même temps que de l'aide des Etats-Unis et des Emirats arabes unis» via le couloir maritime chypriote, alors que la France a déclaré qu'un bâtiment de la Marine en provenance de Chypre, avec à son bord 60 tonnes d'aide, était en cours de déchargement sur le ponton américain.

L'armée israélienne a mené de nouvelles frappes à Rafah qui ont fait deux morts dans le camp de Berbera, dans le centre de Rafah, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au huitième mois de guerre contre le mouvement islamiste palestinien, l'armée a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque sans précédent menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter avaient été «pris en otage» et «brutalement assassinés» par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova dans le sud d'Israël, a déclaré son porte-parole Daniel Hagari.

En parallèle, l'armée avait annoncé vendredi à l'AFP avoir mené à Jabalia les combats «peut-être les plus acharnés» dans cette zone septentrionale de la bande de Gaza depuis le début de son offensive terrestre sur le territoire palestinien fin octobre.

Six personnes ont été tuées dans leur habitation bombardée dans ce secteur, selon la Défense civile palestinienne.

L'armée israélienne a affirmé avoir terminé son opération dans le quartier de Zeitoun à Gaza-Ville (nord), après une semaine de «raids précis», tuant «plus de 90 terroristes».

Plus de 35.300 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque du Hamas, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Par ailleurs, un chef local de la branche armée du Jihad Islamique à Jenine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, a été tué dans une frappe israélienne, a annoncé samedi le mouvement islamiste, confirmant une information de l'armée israélienne et du gouvernement palestinien.

- Appel de 13 pays -

Dans la bande de Gaza, Israël a annoncé son intention d'«intensifier» son offensive au sol à Rafah où l'objectif affiché est d'anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les craintes de la communauté internationale sur le sort des centaines de milliers de déplacés massés dans cette ville.

Treize pays - Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept Etats membres de l'UE dont la France - lui ont adressé un appel conjoint à ne pas lancer d'offensive de grande ampleur sur Rafah, qualifiée de «décisive» par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Dans leur appel commun, les 13 pays réclament aussi «des efforts supplémentaires» pour améliorer les flux d'entrée de l'aide international «par tous les points de passage concernés, y compris celui de Rafah».

Premier soutien d'Israël, les Etats-Unis, qui s'opposent également à une offensive d'ampleur à Rafah, ont annoncé la visite dimanche en Israël du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, après une escale samedi en Arabie saoudite.

Depuis le déploiement le 7 mai de l'armée israélienne du côté palestinien du point de passage de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage crucial pour l'entrée de l'aide, dont les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.

Dans ce contexte, Washington a annoncé vendredi avoir évacué 17 médecins américains qui étaient bloqués dans le territoire palestinien.

- «Les gens sont terrifiés» -

Depuis qu'Israël a ordonné aux civils de quitter les secteurs est de Rafah le 6 mai en prévision d'une offensive terrestre d'envergure, «640.000 personnes» ont fui la ville, «dont 40.000 le 16 mai», selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées par les combats, se trouvaient jusque-là à Rafah, adossée à la frontière fermée avec l'Egypte.

«Les gens sont terrifiés et essaient de s'enfuir» vers le nord et la côte, «c'est très difficile, car il n'y a pas d'itinéraire sûr pour sortir de Rafah et il n'y a certainement pas de destination sûre à Gaza», a décrit Jens Laerke, porte-parole de l'Ocha.

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque des commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

A Gaza, 279 soldats israéliens ont péri depuis l'entrée des troupes israéliennes fin octobre sur le territoire, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a pris le pouvoir en 2007.

 

 


Quatre journalistes tués à Gaza, le nombre de morts parmi les professionnels des médias dépasse cent

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat. (Photo AFP)
Short Url
  • Cent quatre journalistes palestiniens, ainsi que deux journalistes israéliens et trois libanais, auraient été tués depuis le début du conflit
  • Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat

LONDRES: L’Autorité des médias de Gaza a déclaré jeudi que quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, ce qui porte à plus de cent le nombre total de journalistes tués dans le conflit.

Selon l’agence Anadolu, les victimes sont Hail al-Najjar, éditeur vidéo à Al-Aqsa Media Network, Mahmoud Jahjouh, photojournaliste pour le site Palestine Post, Moath Moustafa al-Ghefari, photojournaliste pour le site Kanaan Land et pour la Palestinian Media Foundation, et Amina Mahmoud Hameed, présentatrice de programmes et rédactrice dans plusieurs organes de presse.

Le Bureau de presse de Gaza a indiqué que les quatre journalistes avaient été tués lors d’une frappe aérienne israélienne, mais il n’a pas fourni de détails supplémentaires sur les circonstances de leur mort.

Au total, cent quatre journalistes palestiniens, deux israéliens et trois libanais ont été tués depuis le début du conflit, le 7 octobre.

Ces dernières pertes s’ajoutent au lourd tribut déjà payé par les professionnels des médias. Selon le Comité pour la protection des journalistes, le conflit de Gaza constitue le conflit le plus meurtrier pour les journalistes et les professionnels des médias depuis que l’organisation a commencé à tenir des registres.

Israël poursuit son offensive sur Gaza en dépit d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige un cessez-le-feu immédiat.

Jeudi, l’Afrique du Sud, qui a porté plainte contre Israël pour génocide devant la Cour internationale de justice, a demandé à cette dernière d’ordonner à Israël de mettre fin à son assaut contre Rafah.

Selon les autorités médicales de Gaza, plus de 35 200 Palestiniens ont été tués, principalement des femmes et des enfants, et plus de 79 200 ont été blessés depuis le début du mois d’octobre, lorsqu’Israël a lancé son offensive, répondant à une attaque du Hamas.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée annonce avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza

Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Ricarda Louk est assise devant une pancarte représentant sa fille disparue Shani Louk, le 17 octobre 2023, à Tel Aviv. L'armée israélienne a déclaré le 17 mai 2024 avoir retrouvé les corps de trois otages israéliens à Gaza, dont Louk. (AP)
Short Url
  • L'armée israélienne a récupéré «les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre », a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari
  • Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne

JÉRUSALEM: L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir découvert dans la bande de Gaza les corps de trois otages israéliens enlevés lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre en Israël et les avoir rapatriés.

L'armée a récupéré "les corps de nos otages Shani Louk, Amit Buskila et Itzhak Gelerenter, pris en otage durant le massacre commis par le Hamas le 7 octobre", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, ajoutant qu'ils avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova et "leur corps emmenés" à Gaza.

Selon l'amiral Hagari, les corps des otages ont été récupérés "durant une opération conjointe entre l'armée et l'agence de renseignements" sur la base de renseignements obtenus notamment "lors d'interrogatoire de terroristes arrêtés dans la bande de Gaza" et ont été identifiés à l'institut national de Médecine légale israélien.

Germano-Israélienne de 22 ans, Shani Louk était apparue dans une vidéo sur les réseaux sociaux, allongée sur le ventre, apparemment inconsciente et à moitié dénudée, à l'arrière d'un pick-up dans la bande de Gaza.

Amit Buskila était âgée de 27 ans et Itzhak Gelerenter de 56 ans lors de l'attaque.

"Le retour de leurs corps est un rappel douloureux et brutal que nous devons rapidement ramener tous nos frères et soeurs de leur cruelle captivité", les vivants et les morts, a réagi le Forum des familles d'otages, principale association de proches.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée israélienne.

L'attaque surprise menée depuis la bande de Gaza par des commandos du Hamas dans le sud israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 360 personnes ont été tuées sur le seul site du festival de musique Nova, organisé dans le sud d'Israël, tout près de la frontière avec la bande de Gaza.

En riposte, Israël a lancé une offensive tous azimuts sur la bande de Gaza, qui a déjà fait plus de 35.000 morts, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé ses condoléances aux familles. "Cette perte terrible brise le coeur", nous "pleurons avec les familles", a assuré M. Netanyahu, promettant de ramener "tous les otages, les vivants et les morts".