La France retrouve un souffle de liberté avec une vague de réouvertures

Le président français et le Premier ministre français sur une terrasse de café à Paris mercredi alors que les restaurants et les terrasses des bars rouvrent aujourd'hui à 50% de leur capacité tandis que le couvre-feu sera repoussé à 21h00 (Photo, AFP)
Le président français et le Premier ministre français sur une terrasse de café à Paris mercredi alors que les restaurants et les terrasses des bars rouvrent aujourd'hui à 50% de leur capacité tandis que le couvre-feu sera repoussé à 21h00 (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 19 mai 2021

La France retrouve un souffle de liberté avec une vague de réouvertures

  • La profession s'interroge aussi sur les restrictions : «Remettre tout en marche pour quatre tables, est-ce que ça vaut le coup?»
  • Si certains riverains s'inquiètent du retour du chahut des terrasses, pour bon nombre de Français leur réouverture est très symbolique de la reprise d'une vie sociale

PARIS: Un café en terrasse, une visite au musée, un couvre-feu repoussé de deux heures... Les Français savourent mercredi la première étape d'un déconfinement très attendu après plus de six mois de vie au ralenti.

En dépit d'une météo exécrable -pluie et nuages sur une grande partie du pays- qui risque de jeter un voile sur la réouverture des terrasses, ils sont nombreux à trépigner devant la perspective de retrouver une vie semi-normale, dans un pays lourdement endeuillé par la covid, avec près de 108 000 morts depuis mars 2020.

 

"J’ai déjà eu 3 clients qui sont venus boire leur cafés, ça fait du bien!", se réjouit Pascal, gérant de la brasserie Le Saint Jean dans le quartier de Montmartre à Paris.

Les terrasses rouvrent à 50% de leur capacité d'accueil, avec 6 personnes maximum par table et jusqu'à 21H seulement.

Alors que les contaminations ralentissent de façon continue depuis quatre semaines, cinémas, théâtres et musées peuvent de nouveau accueillir le public -- masqué -- avec des jauges maximales de fréquentation.

Cyrian, 24 ans, a pris son train tôt pour arriver 30 minutes en avance pour la première séance d'une salle parisienne. "Je n'allais quand même pas être en retard pour le jour de la reprise!". Il a prévu d'enchaîner trois films.

Autre réouverture encadrée, celle des magasins de jouets ou de vêtements, durement éprouvés économiquement par la crise sanitaire. 

Sortie de l'état d'urgence et pass sanitaire: le Sénat vote un texte largement modifié

Ajustement du calendrier pour davantage de clarté, encadrement renforcé du "pass sanitaire" controversé: le Sénat dominé par l'opposition de droite a adopté dans la nuit de mardi à mercredi le projet de loi de sortie progressive de l'état d'urgence, après l'avoir substantiellement modifié.

Le texte a été voté en première lecture par 221 voix pour et 102 contre. La très grande majorité des sénateurs LR et centristes a voté pour, de même que les groupes RDPI à majorité En Marche et Indépendants. Les groupes PS et CRCE à majorité communiste ont voté contre. Les écologistes se sont abstenus, le RDSE à majorité radicale se partageant.

Sans surprise, le pass sanitaire, controversé, a animé les débats.

Cet outil doit soumettre l'accès aux grands rassemblements ou à certains lieux à la présentation d'un résultat négatif de dépistage du virus, d'un justificatif de vaccination, ou encore d'une attestation de rétablissement après une contamination.

Les sénateurs ont précisé qu'il ne pourrait être mis en œuvre que dans les lieux qui ne permettent pas d'assurer le respect des gestes barrières. Il pourrait être présenté sous forme papier ou numérique et les informations médicales auxquelles auraient accès les personnes autorisées à le contrôler seraient restreintes.

Le Sénat s'est en revanche opposé à l'inscription dans la loi d'une jauge minimale pour exiger un pass sanitaire, réclamée à gauche. Le ministre de la Santé Olivier Véran a rappelé que le gouvernement "s'est prononcé clairement" pour que le pass sanitaire ne vise que des événements au-dessus de 1 000 personnes.

L'article tel que voté par la chambre haute prévoit de prolonger l’état d'urgence sanitaire jusqu’au 30 juin, pour prendre en compte le maintien d'un couvre-feu prévu jusqu'à cette date. 

Ce projet de loi "ne marque pas une rupture nette entre les contraintes qu'impose l'épidémie et le retour à la vie d'avant (...)", a déclaré le ministre. Il "dessine des perspectives sur le long terme et installe les conditions d'un déconfinement sûr et efficace", a-t-il ajouté.

Dans le champ social, le Sénat a adopté un amendement du gouvernement prolongeant jusqu'en septembre le maintien du dispositif de l'aide sociale à l'enfance des jeunes âgés de 18 à 21 ans, pris en charge par les départements. 

Si certains riverains s'inquiètent du retour du chahut des terrasses, pour bon nombre de Français leur réouverture est très symbolique de la reprise d'une vie sociale. Pour Amélie, une Parisienne de 32 ans, c'est le retour à "la vie, la vraie" et la possibilité de retrouver "les copines" autour d'un verre. Mais dans les villages aussi, la réouverture du café local où l'on se côtoie, où l'on trompe parfois sa solitude, est attendue comme un événement majeur.

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Retour au théâtre de Chaillot pour de premiers spectateurs chanceux (Photo, AFP)

 

« Combler le manque »: le public retrouve cinés et musées le public retrouve cinés et musées

Il y a ceux qui étaient dès 07H30 devant les cinémas, d'autres qui ont pris un jour de congé pour retourner au musée: mercredi, ils étaient nombreux à venir se nourrir de culture, après plus de 200 jours de sevrage. 

« Heureux de retrouver la Joconde! »  

C'est sous les applaudissements de la première cinquantaine de visiteurs que le Louvre a ouvert ses portes vers 09H00.  

Frédéric Destival, auto-entrepreneur de 47 ans, est le premier à entrer pour admirer la Joconde: « Elle m’a manqué pendant sept mois. Heureux de la retrouver! ». Comme pour tous les musées, la distanciation est de mise avec la règle des 8 m2 par visiteur. 

« Voir une œuvre sur place procure une émotion que l'on n'a pas avec un catalogue », explique Pierre Jorsin, premier dans la file d’attente pour la réouverture du Mucem, à Marseille. Un peu plus loin, Vassilia Ros, employée d'un centre de vaccination qui a pris un jour de congé pour l'occasion, se félicite « d’échapper pour un temps à la crise sanitaire ». 

A Strasbourg, au palais Rohan, Lou Abela, 19 ans, étudiante en art, ne cache pas sa joie. « On a fait tout un cours sur le musée sans pouvoir y aller. Aujourd'hui, j'ai pris cinq réservations (dans les musées) pour la journée complète ». 

Et au musée des Confluences à Lyon, Marie-Aimée, 69 ans, est »venue spécialement de Grenoble pour voir une exposition sur les oiseaux. 

« Sortir pour s'enfermer au ciné » 

« J'attendais juste de pouvoir sortir pour mieux m'enfermer dans une salle de ciné et faire le plein de films », s'enthousiasme Angie Sembach, étudiante de 21 ans, devant un cinéma du centre de Strasbourg où la file d'attente se prolongeait sur le trottoir.  

« On avait vu avec les pré-ventes qu'il y avait une attente. On a des films complets. Certes on est en jauge de 35%, mais quand même », se réjouit Flore Tournois, directrice d'exploitation des cinémas Star à Strasbourg.  

Luce Van Dam, 17 ans, venue pour la séance de 08H20 au MK2 Bibliothèque, à Paris, veut « enchaîner deux trois séances dans la journée ». Pour elle, « ce n’est pas tant le film qui compte mais l'ambiance, le grand écran, ressortir un peu groggy ». 

Le Grand Rex, lui, a accueilli dès la matinée 800 fans d'animation japonaise qui se sont pressés pour voir le manga « Demon Slayer », qui a fait déjà un carton au Japon. 

Séance VIP aux Sept Parnassiens, dans le quartier Montparnasse à Paris: le Premier ministre Jean Castex et la ministre de la Culture Roselyne Bachelot ont été voir »Slalom », un premier film sur le harcèlement sexuel dans le sport. 

Théâtres ouverts, fermés... et occupés 

Le paysage est plus contrasté du côté des salles de théâtre et d'opéra, où la jauge est de 35%. Les grandes salles subventionnées rouvrent cette semaine.  

« Dès que la date d’ouverture a été annoncée, on a été débordé par les coups de fil, on sent que ça vibre », affirme Olivier Chapelet, directeur du Théâtre actuel et public de Strasbourg (TAPS).    

Représentation avancée à 19H00, fin du spectacle à 20H20, afin de respecter le couvre-feu à 21H00. Toutes les représentations sont complètes. Dans la salle, des housses en tissu ont été installées sur les fauteuil condamnés afin de respecter la jauge, qui limite la capacité d’accueil à 48 spectateurs, contre 135 en temps normal. 

« La vie de troupe ensemble, pouvoir boire un coup ensemble, on va enfin le retrouver.... Mais ce soir, avec le couvre-feu, les spectateurs ne pourront pas rester après, et le pot de première, traditionnel, c’est niet », souligne Sebastien Troester, directeur musical du spectacle au TAPS.  

Mais du côté du privé, la plupart des théâtres ont décidé de rouvrir en juin, lorsque la jauge remontera à 65%, voire à l'automne.  

« Quel est le producteur qui va se lancer dans un spectacle, avec une jauge plus que drastique? Il ne peut que perdre de l'argent ou déposer le bilan », affirme Jean Bouquin, à la tête du Théâtre Déjazet à Paris, qui compte rouvrir le 12 octobre.  

Et près de 100 théâtres continuent à être occupés en France par des intermittents qui réclament le retrait de la réforme de l'assurance chômage. A Paris, l'Odéon a annulé sa représentation prévue mercredi, avec Isabelle Huppert. 

« Grand bonheur »

Ces derniers jours, les cafetiers se sont activés pour être fin prêts, livrés en caisses de boissons et fûts de bière, terrasses proprettes et installées. Certains ont ouvert des créneaux de réservation, déjà remplis.

Pourtant, la profession s'interroge aussi sur les restrictions : "Remettre tout en marche pour quatre tables, est-ce que ça vaut le coup?", se demandait Stéphanie Mathey, qui gère trois bistrots dans Paris, à la veille de la réouverture.

Mais, assurait-elle aussi, "on va se chauffer comme un diésel (...) pour être vraiment prêts" pour les étapes suivantes de la levée des restrictions, en juin. 

Des confrères de Mme Mathey interrogés ces derniers jours par les médias français émettaient les mêmes doutes sur la pertinence économique d'une réouverture très partielle, face à une météo instable ne garantissant pas l'ouverture de leur terrasse chaque jour.

Alors que les Anglais par exemple peuvent désormais, depuis lundi, dîner à l'intérieur d'un restaurant et aller au pub, en France, les salles intérieures des restaurants ne devraient rouvrir que le 9 juin avec une jauge de 50% et des tablées de 6 personnes maximum. A la même date, les terrasses fonctionneront à pleine capacité, mais toujours avec des tablées de 6 personnes, et le couvre-feu devrait être retardé à 23 heures. Avant que la jauge en intérieur ne grimpe à 100% le 30 juin.

Jauge ou pas, les lieux de culture se félicitent néanmoins de commencer à sortir du marasme. "On est dans un état d’esprit de grand bonheur parce que ça fait six mois qu’on attend", a déclaré Brigitte Maccioni, la présidente des cinémas UGC, faisant état d'un taux de réservation "historiquement très élevé pour la semaine qui vient". "On sent l’appétit très, très, fort des gens !".

D'autant que des épidémiologistes se veulent rassurants : "Les terrasses ne sont pas des lieux reconnus comme favorisant la transmission par aérosols" et les musées, théâtres et cinémas, "avec les protocoles sanitaires prévus, ne sont pas non plus des lieux à haut risque de transmission du virus", explique l'épidémiologiste Antoine Flahault.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.