GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : Le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza continue de semer la mort alors que bombardements israéliens et salves de roquettes du Hamas palestinien ont fait de nouvelles victimes. Les violences se sont ravivées mardi en Cisjordanie et à Jérusalem lors d'une « journée de la colère », alors que la France a proposé dans la soirée une résolution pour un cessez-le-feu auprès du Conseil de sécurité de l'ONU.
La démarche française, en coordination avec l'Egypte et la Jordanie, risque de braquer les Etats-Unis. Cette proposition de résolution intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU est bloqué depuis huit jours par Washington sur l'adoption d'une simple déclaration sur le conflit, selon des sources diplomatiques.
Mardi, les Palestiniens de Cisjordanie ont organisé une journée de grève générale et de « colère » en solidarité avec Gaza, qui a été très largement suivie.
Lors de ces rassemblements, qui ont dégénéré en affrontements avec l'armée, quatre Palestiniens ont été tués et des soldats israéliens blessés par balles.
Depuis le début du nouveau cycle de violences armées entre l'Etat hébreu et des groupes de Gaza le 10 mai, au moins 230 personnes ont été tuées, en grande majorité des Palestiniens.
En neuf jours, 3 700 roquettes ont été tirées dont environ 90% ont été interceptées par le système de défense anti-aérien israélien, selon l'armée.
Les raids israéliens se sont poursuivis sur l'enclave palestinienne de la bande de Gaza, laissant de plus en plus d'immeubles éventrés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
A peine ouvert quelques heures, le point de passage de Kerem Shalom a été refermé mardi par Israël après des tirs d'obus palestiniens, faisant faire demi-tour aux camions de l'aide internationale chargés de vivres, de médicaments et d'essence.
Des bombardements sporadiques se sont poursuivis dans la nuit de mardi à mercredi à Gaza, selon un correspondant de l'AFP sur place. Mardi soir, un photographe de l'AFP a rapporté avoir vu des traînées lumineuses dans le ciel au moment où le dispositif de défense antimissiles israélien interceptait des roquettes tirées depuis la bande de Gaza.
A la crise sécuritaire s'ajoute le risque d'une crise humanitaire, avec 72 000 Palestiniens déplacés et 2500 personnes ayant perdu leur maison dans les bombardements, selon l'ONU.
En Israël, douze personnes ont été tuées, dont un enfant, et 294 blessées par des tirs de roquettes.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué que ses secouristes avaient pris en charge mardi plus de 150 personnes à Jérusalem et en Cisjordanie, dont 35 blessées par balles et 80 souffrant de problèmes liés à l'inhalation de gaz lacrymogènes.
Selon les autorités palestiniennes, les forces israéliennes ont tué 24 Palestiniens en Cisjordanie depuis le 10 mai.
Le président américain Joe Biden a exprimé, pour la première fois, son soutien à un « cessez-le feu », lors d'un nouvel entretien téléphonique lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. « Nous continuerons le temps qu'il faudra pour ramener la tranquillité aux citoyens d'Israël », a toutefois martelé M. Netanyahou.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, a menacé de tirer de nouvelles roquettes vers Tel-Aviv si l'aviation israélienne ne cessait « pas de cibler des civils », tandis que ses missiles visaient par dizaines le Sud d'Israël.
Sur le front diplomatique, le président palestinien Mahmoud Abbas a plaidé devant l'émissaire américain Hady Amr en visite en Cisjordanie pour une « intervention » de Washington.
La France a déposé mardi soir une résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour demander un cessez-le-feu. Lors d'une rencontre entre Emmanuel Macron, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi et, par visioconférence, le roi Abdallah II de Jordanie, « les trois pays se sont mis d'accord sur trois éléments simples: les tirs doivent cesser, le moment est venu d'un cessez-le-feu et le conseil de sécurité de l’ONU doit se saisir du sujet », a précisé l'Elysée.
Une seconde médiation est également en cours, via l'ONU, aidé du Qatar et de l'Egypte.
La dernière grande confrontation entre Israël et le Hamas remontait à l'été 2014. Le conflit de 51 jours avait ravagé la bande de Gaza et fait au moins 2251 morts côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 côté israélien, quasiment tous des soldats.