PARIS: Le Français Antoine de Saint-Affrique prendra le 15 septembre la direction générale du géant français Danone, propriétaire des marques Actimel ou Evian et récemment ébranlé par une crise de gouvernance et l'éviction de son ex-PDG star, Emmanuel Faber.
Sa nomination a été actée lundi par le conseil d'administration deux mois après la réunion qui avait abouti au désavoeu définitif de son prédécesseur, au terme d'une fronde d'actionnaires combinée à des divisions au sein du conseil.
« La décision du conseil d'administration de ce soir est l'aboutissement d'un processus de sélection rigoureux », souligne le groupe dans un communiqué.
Le nouveau directeur général du géant français du yaourt, de la nutrition infantile et des eaux en bouteille, aux 100 000 salariés dans le monde, aura la lourde tâche de retrouver le chemin de la croissance.
Mais aussi de tourner la page d'une « crise de gouvernance douloureuse », selon les mots du président du conseil d'administration Gilles Schnepp, lors de l'Assemblée générale des actionnaires fin avril.
« Je suis fier et honoré de rejoindre et de bientôt diriger une entreprise qui a toujours été une source d'inspiration pour moi », a déclaré de Saint-Affrique.
Il se dit aussi « impatient d'écrire, avec tous les Danoners [surnom des salariés de Danone], le comité exécutif et le conseil, le prochain chapitre de notre croissance et du développement de [la] mission d'entreprise » de Danone.
Jusqu'ici de Saint-Affrique, 56 ans, était directeur général du groupe zurichois Barry-Callebaut, qui fournit du cacao et des préparations à base de chocolat aux géants de l'alimentation que sont Unilever, Nestlé ou Mondelez ainsi qu'aux professionnels de la pâtisserie.
Son départ de ce géant du cacao avait été annoncé le mois dernier, alimentant les spéculations sur une arrivée prochaine chez Danone.
Avant cela, de Saint-Affrique a passé une grande partie de sa carrière dans la multinationale des produits de grande consommation Unilever, jusqu'à présider, de 2011 à 2015, sa branche alimentation.
Il a aussi travaillé quelque temps chez Danone à la fin des années 1990, comme vice-président marketing de la société Amora Maille, alors propriété du groupe.
Profil rassurant
Son bilan chez Barry-Callebaut a été salué. Avec lui, le groupe a connu une phase d'expansion, aussi bien « en terme de croissance que de trésorerie », a souligné Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel.
De quoi présenter un profil rassurant aux actionnaires qui tenaient Emmanuel Faber pour responsable de performances commerciales et financières jugées insuffisantes.
Parmi eux, le fonds d'investissement américain Artisan Partners, troisième actionnaire de Danone avec environ 3% du capital, n'a pas souhaité commenter la nomination de son successeur.
Le fonds londonien Bluebell Capital Partners n'a pas non plus souhaité faire de commentaire.
Soutenu par l'imminence de l'annonce, le titre de Danone a progressé dans la journée de 1,29% à la Bourse de Paris, à 58,29 euros, dans un CAC 40 en léger repli.
Faber - qui cumulait les fonctions de président-directeur général - avait été remplacé le 15 mars à la présidence du conseil d'administration par Gilles Schnepp. Et Danone s'était mis en quête d'un nouveau directeur général.
« Nous sommes unanimement convaincus qu'Antoine de Saint-Affrique est un leader exceptionnel du secteur des biens de consommation. Son parcours et son bilan en matière d'innovation et de résultats sont remarquables », affirme Schnepp, cité dans le communiqué.
« Il aura toute la latitude qui est celle d'un directeur général pour apprécier et orienter la stratégie de Danone pour le futur », a ajouté Schnepp.
Les syndicats du groupe s'étaient inquiétés devant la déstabilisation puis le départ d'Emmanuel Faber, réputé prôner un capitalisme plus vert et plus social.
Depuis, le conseil d'administration a répété son adhésion au plan Local First initié par l'ex-PDG, qui réorganise les activités du groupe par régions et prévoit 1.850 suppressions de postes dans le monde, dont 458 en France.
Le conseil s'est aussi dit attaché au statut d' « entreprise à mission » de Danone, adopté l'an dernier, qui enjoint le groupe à poursuivre des objectifs extrafinanciers, notamment en matière de préservation de l'environnement.