France: plusieurs manifestations en soutien aux Palestiniens, brèves tensions à Paris

Des milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier de Barbès-Rochechouart à Paris (Photo, AFP).
Des milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier de Barbès-Rochechouart à Paris (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 16 mai 2021

France: plusieurs manifestations en soutien aux Palestiniens, brèves tensions à Paris

  • Un total de 51 personnes ont été interpellées, dont 44 à Paris
  • A Paris, où la manifestation n'avait pas non plus été autorisée, des face-à-face, parfois tendus, ont opposé pendant plusieurs heures, manifestants et forces de l'ordre

PARIS: Environ 22 000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, se sont rassemblées en soutien aux Palestiniens samedi à travers la France, par endroits malgré l'interdiction des autorités, comme à Paris où des face-à-face parfois tendus ont opposé manifestants et forces de l'ordre. 

Dans la capitale, où les derniers manifestants ont été dispersés Porte de Clignancourt par les forces de l'ordre peu après 19 h, entre 2 500 à 3 500 personnes selon les autorités -4 500 à 5 000 selon les organisateurs-, se sont rassemblées par petits groupes dans le quartier de Barbès (XVIIIe arr.).

Selon le ministère, les soutiens au peuple palestinien étaient en outre 18 500 dans les autres villes de province, où ont eu lieu 59 rassemblements.

Un total de 51 personnes ont été interpellées, dont 44 à Paris où, selon des chiffres provisoires du parquet, 15 personnes étaient en garde à vue en début de soirée, notamment pour « participation à un groupement formé en vue de violences », « participation à un attroupement après sommation » et « violences sur les forces de l'ordre ».

Il y a eu deux « blessés légers » chez les forces de l'ordre (un à Nice, un à Paris), selon le ministère de l'Intérieur.

Les rassemblements les plus importants ont eu lieu à Strasbourg (4 000 manifestants), Marseille (1 500), Lyon et Nantes (1 000), a précisé le ministère.

Il y a eu à Toulouse 800 personnes selon les organisateurs, 400 selon la police ; 1 500 à Lille, selon les organisateurs, 6 à 700, selon la préfecture. 

A Montpellier, où environ 200 personnes (préfecture de l’Hérault) se sont réunies dans le calme, Saloua Abdel Hadi, une assistante maternelle de 23 ans, est venue « pour soutenir ce peuple opprimé. Depuis longtemps, la France ferme les yeux sur tout ce que subit, tous les jours, le peuple palestinien de la part de l’État d’Israël ». 

D'autres manifestations ont été interdites, comme à Aubervilliers et Montreuil en Seine-Saint-Denis. 

A Nice, quelque 150 personnes se sont rassemblées dans le calme en dépit de l'interdiction. De même à Grenoble, où environ 200 personnes ont manifesté.

A Paris, où la manifestation n'avait pas non plus été autorisée, des face-à-face, parfois tendus, ont opposé pendant plusieurs heures, manifestants et forces de l'ordre, ont constaté des journalistes.

Charges de la police, utilisation à de nombreuses reprises des canons à eau et gaz lacrymogènes, lancers de projectiles divers par les manifestants, feux de poubelles.... Un « jeu du chat et de la souris » entre les deux parties sur de larges boulevards ou des rues plus étroites a rythmé l'après-midi. 

Un déploiement policier massif – 4 200 policiers et gendarmes mobilisés avec pour consignes la dispersion « immédiate » - a empêché les manifestants qui avaient rendez-vous et projetaient de se rendre vers Bastille, de déployer un cortège. 

Au total, 367 personnes ont été verbalisées dans la capitale, selon le ministère de l'Intérieur. 

« Libérez la Palestine »

« Libérez la Palestine » ; « Israël assassin », « Israël casse toi, Palestine n’est pas à toi », ont crié des manifestants. « Palestine vivra. Palestine vaincra », pouvait-on entendre. Quelques drapeaux palestiniens étaient brandis ou utilisés en cape.

Les organisateurs, dont l'Association des Palestiniens en Ile-de-France, ainsi qu'une petite trentaine d'autres organisations, telles Attac, l'Action Antifasciste Paris-Banlieue, le Nouveau Parti Anticapitaliste avaient maintenu leur appel à manifester, en dépit de l'interdiction, confirmée vendredi par le tribunal administratif.

L'interdiction a été prise jeudi par le préfet de police de Paris, Didier Lallement, à la demande du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour des « risques de troubles », mettant en avant le précédent de 2014, lorsqu'une manifestation pro palestinienne à Paris avait dégénéré en violences urbaines.

Sept ans plus tard, la manifestation entendait au départ commémorer la Nakba, l'exode de centaines de milliers de Palestiniens à la création d'Israël en 1948. 

Classe politique divisée

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement a justifié l'interdiction : « On ne veut pas qu'il y ait des scènes de violences, on ne veut pas d'importation d'un conflit sur le sol français, on ne veut pas de crise de haine dans les rues de la République française ».

L'interdiction de la manifestation parisienne divise la classe politique, entre soutiens de la demande du gouvernement - essentiellement la maire de Paris Anne Hidalgo, dans la majorité, à droite et à l'extrême droite - et ceux qui dénoncent une mesure « inacceptable », menés par La France insoumise (LFI).

Les appels à manifester interviennent sur fond d'escalade militaire inédite ces derniers jours depuis 2014 entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, dans et autour de la bande de Gaza, et de violences dans des villes israéliennes mixtes arabes et juives.

Ce conflit a fait depuis lundi 139 morts palestiniens dont une quarantaine d'enfants, et des centaines de blessés dans la bande de Gaza, selon un dernier bilan palestinien. En Israël, dix personnes ont été tuées dont un enfant et près de 600 blessées.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Short Url
  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.