La guerre des mots des Libanais sur la Palestine

Des soldats libanais en faction dans le village de Klaileh. Trois roquettes ont été tirées du sud du Liban vers Israël, a indiqué une source militaire. (Photo, AFP)
Des soldats libanais en faction dans le village de Klaileh. Trois roquettes ont été tirées du sud du Liban vers Israël, a indiqué une source militaire. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 mai 2021

La guerre des mots des Libanais sur la Palestine

  • Un ancien député a averti que le Liban «n’est ni une base militaire ni une plate-forme de missiles pour les factions palestiniennes ou les milices iraniennes»
  • Les pannes de courant s'ajoutent aux malheurs des libanais alors qu'une entreprise turque suspend son approvisionnement en électricité

BEYROUTH: La réaction du Liban à la violence à Gaza et ses relations avec la Palestine font l’objet d’un débat furieux après que des roquettes ont été tirées du sud du Liban vers les colonies israéliennes.

L'ancien député Nadim Gemayel a averti que «le Liban n'est ni une base militaire ni une plate-forme de missiles pour les factions palestiniennes ou les milices iraniennes».

Il a exigé que «l'État et les services de sécurité agissent rapidement et frappent d'une main de fer, car le Liban ne peut aujourd'hui se permettre de répéter l'expérience des années 60».

Gemayel a affirmé que «la cause la plus importante aujourd'hui est uniquement la cause libanaise».

Le député Bilal Abdallah a signalé que «le Liban est confronté à un effondrement économique et à un vide politique, et la question de la Palestine ne doit pas être mise au premier plan».

Il a déclaré à Arab News: «Ce qui se passe maintenant nécessite une perception profonde et du calme».

Les commentaires des deux hommes politiques sont intervenues au moment où des jeunes libanais et palestiniens ont pris d'assaut vendredi une clôture sur la Ligne bleue entre le Liban et Israël.

Toutefois, ils n’ont pas pu franchir la barrière de sécurité israélienne qui se dressait sur leur chemin.

Des groupes de jeunes hommes ont manifesté près de la zone frontalière face à la colonie d'Al-Moutella, et ont tenté de traverser une clôture de barbelés pour y accéder, mais ont été accueillis par des bombes lacrymogènes tirées par les troupes israéliennes, les forçant à se disperser et à retourner au territoire libanais.

L'incident est survenu après le lancement de roquettes depuis le sud du Liban jeudi vers les colonies israéliennes.

Bien que le Hezbollah a absolument nié tout lien avec les frappes, une déclaration a fait allusion à l’implication potentielle du groupe dans le conflit en cas d’aggravation de la violence.

L'armée libanaise a annoncé vendredi que «des unités militaires ont trouvé trois roquettes à proximité du camp de réfugiés de Rashidieh dans la région de Tyr, au sud du Liban».

Au moins quatre missiles Grad ont été tirés depuis les alentours du camp de Rashidieh, visant les colonies israéliennes de Shlomi et Nahariya. Aucune partie n'a revendiqué la responsabilité des attentats.

Le général de division Soubhi Abou Arab, commandant des Forces de sécurité nationales palestiniennes au Liban, a déclaré à Arab News qu'il s'était rendu vendredi matin au camp de Rashidieh pour une inspection et que «la situation était tout à fait normale».

Il a affirmé qu’«aucune roquette n'a été tirée depuis le camp ou ses environs, mais plutôt depuis une zone plus loin du camp».

«Nous n’avons aucune idée de qui a tiré les roquettes et nous laissons le soin à l'armée libanaise, car cette zone relève de sa responsabilité, et les unités de l'armée vont surement accomplir leurs tâches à la recherche des lance-roquettes».

«Je n'ai reçu jusqu'à présent aucune information à ce sujet de la part des services de renseignement de l'armée libanaise».

Le dilemme libanais sur la Palestine est un différend qui remonte aux exigences du patriarcat maronite pour la neutralité du Liban.

La solidarité avec la Palestine a dominé les sermons du vendredi dans les mosquées et des manifestations ont aussi éclaté dans tout le pays.

Le député Bilal Abdallah a déclaré à Arab News: «Sur le plan émotionnel, nous sommes tous solidaires des Palestiniens et bouleversés par les meurtres des innocents. Il n'y a aucun argument à ce sujet. Mais l'élargissement de la zone de guerre est une question qui doit être étudiée, également».

Abdallah a de plus indiqué: «Si l'ouverture du front libanais est nécessaire, cela aura sans doute ses propres calculs et conséquences».

Il a ajouté: «Examinons les perspectives de l'affrontement en cours, soit qu'il aboutira à un cessez-le-feu ou s'aggravera encore et encore».

Le député a averti que le Liban «ne peut se permettre aucune implication dans ce qui se passe, ou alors qu’il en soit un front complet et pas seulement le Liban, mais ouvrez plutôt les fronts du Golan jusqu'en Jordanie».

Abdallah a en outre ajouté: «La communication existante dans la région implique de redessiner leur carte, ce qui présuppose la nécessité d'éviter de se précipiter vers le jugement».

Néanmoins, un autre sentiment populaire parmi le public libanais est que les problèmes auxquels leur propre pays est confronté doivent être traités en premier, avant que les affaires étrangères ne soient examinées.

La crise interne libanaise a été aggravée par l'annonce vendredi de la compagnie de l'Électricité du Liban (EDL) que l'approvisionnement en électricité a commencé à décliner après que l’entreprise turque Karpowership, qui approvisionne le pays via deux stations flottantes, ait déclaré avoir «suspendu les approvisionnements en raison d'arriérés de paiement, et après une menace juridique pour ses stations».

Un porte-parole a affirmé que l'entreprise «regrettait d'avoir éteint les générateurs», ajoutant qu'elle avait «fait tout son possible afin d’éviter de recourir à une telle décision».

Le Liban reçoit 370 mégawatts d'électricité de la société, soit environ un quart de son approvisionnement total.

Le pays pourrait ainsi être confronté à des problèmes électriques sévères à moins qu’une décision urgente ne soit prise concernant une avance controversée du Trésor de 300 milliards de livres libanaises (196 millions de dollars) pour la reprise des appels d'offres afin d’acheter du carburants, en particulier du fuel-oil pour faire tourner les générateurs.

L’EDL a aussi exhorté les responsables à obtenir des devises fortes pour la production, le transport et la distribution, afin d’assurer un niveau minimum de stabilité dans l’approvisionnement en électricité de l’ensemble du territoire Libanais.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.