AMMAN: Des centaines de Jordaniens ont organisé vendredi une manifestation improvisée près de la frontière séparant la Jordanie des Territoires palestiniens occupés, appelant leur gouvernement à agir face à l’intensification du conflit en Israël.
L'événement, rapidement organisé sur les réseaux sociaux, s'est tenu près du village de Karameh dans le gouvernorat de Shouna sous le slogan «yalla (allons-y) aux frontières».
Agitant des drapeaux palestiniens et jordaniens, les manifestants se sont rassemblés près du monument des martyrs de la bataille de Karameh, demandant le gouvernement jordanien d’ouvrir la frontière.
Le monument est un lieu poignant, en tant que site d'une importante résistance militaire jordano-palestinienne contre une offensive de l’armée israélienne en 1968, conduisant à l'éventuel retrait israélien du village sur la rive Est du Jourdain.
Mohammad Hmeidi, un médecin qui a pris part à la manifestation, a déclaré à Arab News: «Notre objectif est de faire pression sur le gouvernement jordanien pour qu'il rompe ses relations avec Israël, afin d’annuler l'accord de Gaza et d’expulser l'ambassadeur israélien en signe de solidarité avec le peuple palestinien dans les Territoires occupés».
Les manifestants ont scandé des slogans en faveur des Palestiniens à Jérusalem et à Gaza, criant «des millions de personnes sont prêtes à mourir et à devenir des martyrs».
Ils ont également scandé des slogans dans le but de soutenir Mohammad Deif, chef des Brigades d’Ezz-Ed-Din Al-Qassam du Hamas, qui sont actuellement impliqués dans des attaques à la roquette et des contre-attaques contre l’armée israélienne.
Les forces de sécurité jordaniennes ont dispersé les manifestants lorsque ceux-ci se sont approchés trop près de la frontière. Un porte-parole de la police a affirmé qu'ils avaient utilisé une force raisonnable avec certains manifestants, après avoir pénétré dans plusieurs propriétés privées et causé des dommages.
Adnan Abou Odeh, ancien conseiller du défunt roi Hussein, a déclaré à Arab News que les manifestations étaient importantes surtout pour leur valeur symbolique.
«Nous sommes vendredi et les jeunes Jordaniens sont au chômage. Cet événement est important car il apporte, en particulier, un soutien émotionnel aux Palestiniens, mais le vrai problème pour Israël est à l'intérieur; le crime d'apartheid entre Israéliens et Palestiniens, qui était caché depuis 1948, est maintenant évident pour tous», a-t-souligné, faisant référence à un récent rapport de Human Rights Watch accusant Israël de mettre en vigueur un système d'apartheid à travers le pays.
Abou Odeh a dit qu'il n'était pas sûr que cela incitera la Jordanie à rappeler son ambassadeur à Tel Aviv.
«La Jordanie avait épuisé tous ses efforts à l'ONU. Elle a fourni à l’équipe d’avocats qui lutte contre l’expulsion des familles palestiniennes du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem, tous les documents en sa possession », a-t-il soutenu.
«Tout dépend de la question de savoir si les Israéliens poursuivront leurs attaques ou accepteront les propositions d’un cessez-le-feu».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com