WASHINGTON: Les républicains votent mercredi pour décider s'ils évincent Liz Cheney des sommets du parti au Congrès américain, après ses critiques vives et persistantes de Donald Trump, signe de la profonde influence que conserve l'ex-président sur son camp.
Les 212 républicains de la Chambre des représentants se réuniront à huis clos à partir de 09H00 (13H00 GMT) pour décider du sort de l'élue conservatrice.
Sa faute ? Dénoncer sans relâche le « grand mensonge » perpétré par le milliardaire lorsqu'il affirme, contre toute évidence, que la dernière élection présidentielle lui a été « volée ». Et l'accuser d'avoir incité la violence des manifestants pro-Trump lors de l'assaut meurtrier du Capitole.
Pendant que les républicains afficheront leurs divisions, Joe Biden cherchera à se montrer en dirigeant capable de dépasser les lignes partisanes.
Pour la première fois, il recevra en fin de matinée à la Maison Blanche les quatre chefs du Congrès : les démocrates Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, et Chuck Schumer, chef de la majorité au Sénat, ainsi que les républicains Kevin McCarthy, à la tête de la minorité à la Chambre, et Mitch McConnell, numéro un des républicains au Sénat.
Sénateur pendant près de quatre décennies, le président démocrate espère se concentrer avec ses interlocuteurs « sur les points d'accord », selon la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki.
« Cette réunion ne se centrera pas sur l'avenir du parti républicain », a-t-elle souligné, en épinglant les divisions qui agitent le « Grand Old Party ».
« Culte de la personnalité »
A coups de communiqués incendiaires, l'ex-président républicain a largement pesé dans l'éviction attendue de Liz Cheney, « une imbécile va-t-en-guerre qui n'a rien à faire dans la hiérarchie ».
L'élue du Wyoming est apparue ces derniers jours résignée à perdre sa place de numéro trois du parti à la Chambre. Mais non sans exhorter les républicains à tourner le dos « au culte de la personnalité Trump ».
Et mardi soir, elle a donné un discours cinglant contre son ennemi.
« Rester silencieux et ignorer le mensonge » sur la fraude électorale présumée « enhardit le menteur », a-t-elle lancé dans un hémicycle pratiquement vide.
« Je n'y participerai pas. Je ne resterai pas immobile en silence pendant que d'autres mènent notre parti sur une voie qui abandonne l'Etat de droit, et rejoignent la croisade de l'ancien président pour saper notre démocratie ».
« Rassembler autour de mensonges »
La fille de l'ancien vice-président Dick Cheney figurait parmi les dix républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour « incitation à l'insurrection » lors de l'attaque du Capitole le 6 janvier.
L'ex-président américain avait ensuite été acquitté par le Sénat.
Liz Cheney, 54 ans, avait survécu à une première motion de défiance en février. Mais depuis, la patience de certains collègues, y compris critiques de Donald Trump, s'est étiolée.
Car dans son rôle de numéro trois, ou « conference chair », Liz Cheney est chargée de porter le message des républicains. Or les élections parlementaires cruciales des « midterms » de 2022 approchent.
Le message de Kevin McCarthy est clair : impossible de l'emporter sans montrer un front uni.
« Elle a perdu sa capacité à être notre porte-parole », a écrit mardi Chip Roy, un élu du Texas, qui avait pourtant soutenu Liz Cheney lors du vote de défiance, en déplorant ses « attaques personnelles contre le président Trump », toujours très populaire chez les électeurs.
La numéro trois dispose aussi de soutiens, mais sans doute trop rares pour la maintenir à son poste.
« On ne peut pas rassembler autour de mensonges », a tonné lundi l'un d'eux, l'élu républicain Adam Kinzinger.
Pour la remplacer, le magnat de l'immobilier et Kevin McCarthy soutiennent Elise Stefanik, 36 ans.
Arrivée au Congrès il y a six ans avec des positions modérées, elle est depuis devenue l'une des grandes voix pro-Trump au Congrès, où elle soutient aussi ses accusations sans fondement de fraudes électorales.
Le vote pour la nommer pourrait néanmoins être repoussé de plusieurs jours, sous la pression de conservateurs irrités de voir cette ex-centriste propulsée numéro trois sans débat.