LYON : Sur une affiche électorale de la République en Marche pour les élections départementales dans l’Hérault, une candidate prénommée Sara Zemmahi apparaît voilée aux côtés de deux de ses colistiers.
Cette affiche, sur laquelle il est marqué en gras «différents mais unis», a suscité l’ire de certains politiques.
Qui est Sara Zemmahi ?
Membre de la société civile, Sara Zemmahi est ingénieure qualité. Elle s’occupe du suivi environnemental en zone à atmosphère contrôlée.
Elle est également la vice-présidente et la fondatrice de l’association humanitaire « Tabassam », qui vise à «promouvoir la réussite des jeunes, à favoriser les échanges et à venir en aide aux plus démunis», notamment en Afrique du Nord.
Actuellement, elle est remplaçante sur une liste dans l’Hérault (canton de Montpellier).
Réactions de l’opposition
Jordan Bardella, le numéro deux du parti Rassemblement National s’est rapidement étonné de voir apparaître une femme voilée sur l’affiche du parti LREM». Dans un tweet, il interpelle la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, en s’insurgeant : « C’est cela la lutte contre le séparatisme ? »
C’est cela la lutte contre le séparatisme @MarleneSchiappa ? pic.twitter.com/LBsS6Hs8Kl
— Jordan Bardella (@J_Bardella) May 10, 2021
Débats internes
Face aux attaques sur les réseaux sociaux, Stanislas Guérin, délégué général du parti LREM, a exigé le retrait de cette photo sous peine de retirer l’investiture. Sur son compte Twitter, il lance un ultimatum : «Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale. Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien.»
Les valeurs portées par LREM ne sont pas compatibles avec le port ostentatoire de signes religieux sur un document de campagne électorale. Soit ces candidats changent leur photo, soit LREM leur retirera leur soutien. https://t.co/7jBY4sGH2j
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) May 10, 2021
Roland Lescure, porte parole de LREM, a, de son côté, indiqué : « Nous avons arrêté une position qui vise à ce qu’évidemment les gens s’habillent comme ils veulent dans l’espace public, mais qu’on n’affiche pas de signe ostentatoire, quel qu’il soit, sur du matériel électoral. » Il a toutefois reconnu que « retweeter Bardella était sans doute maladroit de notre part car donnant l’impression qu’on réagissait suite à son interpellation ».
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal n’a pas tardé à acquiescer qu’«effectivement, on ne souhaite pas présenter de candidats qui s'affichent sur des documents officiels de campagne avec un signe ostensible religieux, c'est une question de choix politique.»
Le secrétaire d’Etat a toutefois précisé que « juridiquement, rien n’empêche une personne de se présenter à une élection avec un signe religieux ; ici en l’occurrence, un voile»
En effet, suite à un fait similaire pour les élections régionales de 2010 en PACA, le conseil d’Etat avait tranché en indiquant que le principe de laïcité ne s’applique pas aux candidats.
Même s’il existe des réticences sur ce sujet, les candidats sont tout à fait libres d’afficher leur religion, et donc de porter le voile.
De plus, il est désormais impossible de retirer une candidature, étant donné que le délai de dépôt de candidature était déjà dépassé – depuis 4 jours –.
Les colistiers de Sara Zemmahi ont indiqué « respecter la loi, rien que la loi ».
« On ira jusqu’au bout, avec ou sans étiquette, soutenant le président. M. Guerini n’est pas au-dessus du Conseil d’Etat», a rajouté la candidate colistière, Hélène Qvistgaard.
Plusieurs députés, tels que Naïma Moutchoum, Cécile Rilhac et Stella Dupont, ont par ailleurs contesté ce recadrage officiel, qu’ils ont qualifié de « discriminatoire » et de «méprisant envers le droit».
Le député de la Vienne, Sacha Houlié, est même allé jusqu’à appeler Stanislas Guerini « à passer la main », en insistant sur le fait que « relayer le Front national, c’est nier la raison même d’En Marche ».
Face à ces nombreuses réactions, Stanislas Guerini a expliqué « ne pas demander une modification du droit », tout en présentant ses excuses. « Avec le recul, je pense que c’était une erreur de répondre à Bardella. […] Si certains ont été heurtés, je m’en excuse ».