L’épouse d’un membre de la famille royale qatarie emprisonné s'exprime sur son combat pour la justice

Cheikh Talal Al-Thani est emprisonné en violation de ses droits fondamentaux par les autorités qataries depuis février 2013 et a rarement vu ses enfants depuis. (Photo Fournie)
Cheikh Talal Al-Thani est emprisonné en violation de ses droits fondamentaux par les autorités qataries depuis février 2013 et a rarement vu ses enfants depuis. (Photo Fournie)
Short Url
Publié le Lundi 24 août 2020

L’épouse d’un membre de la famille royale qatarie emprisonné s'exprime sur son combat pour la justice

  • Asma Arian raconte la terrible expérience de son mari emprisonné, le Cheikh Talal al-Thani
  • Le HCDH a interjeté appel au CDH en son nom dans le cadre de l’examen annuel des obligations et du rapport sur les droits du Qatar

RIYAD: Cheikh Talal al-Thani, membre éminent de la famille royale qatarie, est emprisonné en violation de ses droits fondamentaux par les autorités qataries depuis février 2013. Durant cette période, il n’a été autorisé à voir sa femme et ses quatre enfants — actuellement en exil en Allemagne — que deux fois.

Cheikh Talal est le petit-fils de l’émir qatari défunt, Cheikh Ahmad ben Ali al-Thani, dont le règne s’est étendu de 1960 à 1972. Le Cheikh Ahmad a été déposé par son cousin Cheikh Khalifa ben Hamad, grand-père de l’actuel émir du Qatar Tamim ben Hamad, et père de l’ancien émir Hamad ben Khalifa.

Les tensions entre les membres de la famille sont montées d’un cran à la suite du décès de l’un des fondateurs du Qatar, Cheikh Abdel Aziz ben Ahmed, après son exil en Arabie saoudite en 2008. Peu de temps après, les avoirs de Cheikh Talal ont été gelés et l’héritage qu’il devait recevoir après la mort de son père a été bloqué.

Depuis son arrestation, qui a eu lieu sans ordonnance du tribunal, Cheikh Talal s’est souvent vu refuser une représentation juridique, des visites familiales et des soins médicaux.

En mai 2018, Cheikh Talal a été condamné par un tribunal qatari à plus de vingt-deux ans de prison. Cette peine est en contradiction avec l’obligation fondamentale du Qatar envers le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. De plus, en violation des droits fondamentaux de Cheikh Talal, son dossier n’a pas été examiné par un tribunal indépendant.

À cause des mauvaises conditions dans lesquelles il est gardé, Cheikh Talal souffre aujourd’hui de diabète, de problèmes dentaires, d’hypertension, de maux de dos et d’articulations, et de mobilité réduite.

Il devrait être transféré à l'hôpital mais il se trouve dans une prison sans accès à des soins médicaux. La situation est aggravée par le refus du Qatar de tester les prisonniers pour la Covid-19, même si l’affirmation officielle dit que « les détenus bénéficient de soins de santé gratuits en prison ».

Asma Arian, qui a épousé Cheikh Talal en 2007, s’est entretenue depuis l’Allemagne avec Arab News, à propos de son rude combat pour que justice soit faite

Est-il vrai que votre appel au Conseil des droits de l'Homme de l’ONU a été accepté ?

Oui, c’est vrai. Nous avons jusqu’à présent interjeté appel quatre fois au CDH. Toutefois, en raison de la pandémie de coronavirus, nos demandes d’appel ont été bloquées pour un certain temps, alors le Bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) a interjeté appel en mon nom, dans le cadre de l’examen annuel des obligations et du rapport sur les droits du Qatar.

Le Qatar prétend souvent qu’il respecte ses engagements envers les droits de l’Homme. L’ONU a approuvé quatre appels de ma part. Le premier est en mon nom et au nom de mes enfants, au plus haut niveau possible. Les trois autres appels ont été présentés à des comités spéciaux, pour la torture, la détention arbitraire de mon mari, et la corruption du système judiciaire.

Les organes de l’ONU doivent prendre une décision et nous sommes en contact actif avec eux. Ils nous ont assuré qu’ils avaient accepté l’appel et que, d’ici le 21 septembre, les questions relatives à cette affaire seraient clarifiées.

Cheikh Talal souffre de problèmes de santé et de mobilité réduite à cause des mauvaises conditions dans lesquelles il est gardé.
Cheikh Talal souffre de problèmes de santé et de mobilité réduite à cause des mauvaises conditions dans lesquelles il est gardé. (Photo Fournie)

Quelles sont vos attentes concernant la prise en charge du procès par le CDH ?

Depuis le début de nos correspondances, le CDH est convaincu que le procès et les documents que j’ai fournis prouvent la violation des droits de l’Homme par le Qatar dans différents domaines. Ces derniers comprennent les violations de la charte des « Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus »: la torture de Cheikh Talal Al-Thani, l’interdiction de contacter son avocat, sa détention sans raison valable, ainsi que la violation des droits de l’enfant (en empêchant les enfants de Cheikh Talal d’entrer en contact avec leur père) et la violation des droits de la femme en m’empêchant d’entrer en contact avec lui.

Au début, nous nous sommes adressés au gouvernement qatari de façon courtoise lorsque nous avons demandé que Cheikh Talal soit libéré, puisque les documents prouvent qu’il a été arrêté injustement. Nous avons communiqué avec les prisons qataries afin de découvrir les raisons de sa détention. Mais nous n’avons reçu aucune réponse de la part des autorités.

Après avoir intensifié la pression sur les autorités qataries, ces dernières ont relâché Cheikh Talal, avant de l’arrêter une semaine plus tard dans l'attente d'un gel ou d'une renonciation de ma part aux procès et appels. La brève libération était une sorte de « ruse » de la part des autorités qataries.

Quant à mes attentes concernant le CDH, je pense qu’ils ont certainement divers mécanismes adéquats, et à ce stade le procès a pris de l’importance au niveau de l’ONU. Il est possible de le gagner car c’est une question humanitaire, et non politique, ayant de multiples dimensions — droits des enfants, des femmes, droits des prisonniers et torture en prison — qui dénoncent la violation par le Qatar des traités relatifs aux droits de l’Homme en général.

Aujourd’hui, le Qatar viole ces traités. Nos enfants n’ont pas le droit de communiquer avec leur père, et il m’a été interdit de contacter l’avocat qui défend mon mari depuis que nous avons interjeté appel auprès de l’ONU. J’ai dit au CDH que le Qatar ne respectant même pas ses propres lois, nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’il respecte les lois internationales.

 

Lettre du Département des réformes et des institutions pénales du ministère de l’Intérieur du Qatar indiquant que « le Qatari Talal ben Abdelaziz Ahmed al-Thani » a été condamné à plus de vingt-deux ans de prison. (Fournie)
Lettre du Département des réformes et des institutions pénales du ministère de l’Intérieur du Qatar indiquant que « le Qatari Talal ben Abdelaziz Ahmed al-Thani » a été condamné à plus de vingt-deux ans de prison. (Photo Fournie)

Pourquoi Cheikh Talal a-t-il été libéré durant une courte période puis de nouveau emprisonné ?

C’est ainsi que le Qatar se comporte: on ne peut pas lui faire confiance. Nous ne savons ni pourquoi il est retourné en prison après avoir été relâché, ni où ils l’ont emmené après avoir assiégé la maison où il était détenu. On ne peut jamais être à l'abri de ce genre de comportement officiel de la part du Qatar.

Il a été libéré et assigné à résidence, et quand ils ont décidé qu’il retournerait en prison, ils ont assiégé la maison durant huit heures. Ils surveillaient déjà la maison, alors à quoi bon l’assiéger aussi longtemps ? La maltraitance psychologique et l'intimidation que subit Cheikh Talal depuis son arrestation ne sont-ils pas suffisants ? Attendent-ils que je renonce à mon mari et aux droits de mes enfants ? Je n’abandonnerai pas, car ils n’ont pas respecté le droit le plus fondamental du détenu: lui permettre de communiquer avec son avocat. Comment puis-je même accepter de leur adresser la parole ?

Les autorités qataries vous ont-elles demandé d’abandonner votre campagne et vos appels aux organisations internationales ?

Cela se fait par le biais de messages envoyés aux membres de la famille de Cheikh Talal ou à moi directement afin que nous cessions nos revendications. Mais à quoi sert le silence ? D’autant que la question ne se limite pas à sa condition. Quatre enfants sont affectés par cette affaire et ne connaissent leur père qu'à travers des photos.

Combien Cheikh Talal a-t-il d’enfants ?

Quatre enfants: Alanoud, Aljawharah, Abdallah et Ahmed. Ils souffrent du fait de leur déplacement hors de leur pays et du fait d’être loin de leur père. Ahmed est né alors que Cheikh Talal était en prison. De plus, ses enfants souffrent aussi d’être privés de leurs droits et de voir leur père privé des siens.

Toute cette souffrance a été causée par Cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, l’ancien émir du Qatar. Tant que cette personne est à Doha, Cheikh Talal est en danger, c’est ce que j’ai précisé au CDH. Il est possible que je gagne le procès à l’ONU et que le Qatar soit inculpé. Cependant, tant que Cheikh Hamad est au Qatar, je ne m’attends pas à ce que Cheikh Talal soit libéré.

Combien de fois les enfants de Cheikh Talal ont-ils pu lui rendre visite ?

Sa fille Alanoud est la seule qui ait vu son père deux fois en sept ans. Ses autres enfants ne connaissent leur père qu’à travers les photos.

 

Ahmed, fils de Cheikh Talal, a développé une allergie en raison du manque de climatisation dans son logement. (Fournie)
Ahmed, fils de Cheikh Talal, a développé une allergie en raison du manque de climatisation dans son logement. (Photo Fournie)

Le procès contre Cheikh Talal est de nature financière… Cette allégation est-elle vraie ? Quelle est la véritable raison de sa détention ?

Le Qatar a intenté une action en justice contre Cheikh Talal à cause de dettes résultant de chèques de sécurité liés à ses propres sociétés. Le procès comprenait 1 600 documents uniquement en rapport à l’affaire financière.

L’ONU se demandait pourquoi Cheikh Talal serait emprisonné pour un problème financier. Je leur ai répondu qu’il n’était ni un tueur, ni un violeur, qu’il n’avait commis aucun crime méritant une peine de vingt-deux ans. Il mourra sans avoir eu la chance de revoir ses enfants.

Par conséquent, le procès n’est pas de nature financière. Peut-être y a-t-il une rancune contre Cheikh Talal, car, avant son emprisonnement, il avait revendiqué ses droits et son héritage. Le droit qatari et le droit international ne disent pas qu'une personne endettée doit être mise en prison pendant vingt-deux ans. Pire encore, il a été incarcéré sans avoir le droit de contacter un avocat.

Le juge m’a même demandé si j’avais assez d’argent pour rembourser la dette. Je lui ai alors présenté un titre de propriété foncière appartenant à Cheikh Talal et je lui ai expliqué que la valeur de ce terrain pouvait rembourser la dette, et même plus… Le juge a alors levé son doigt et a dit : « Ce sont les personnes les plus haut placées qui décideront s’il sera libéré ou non. »

Nous savons que ce n’est pas un procès financier que nous pouvons rembourser. Cependant, nous répondons à leurs allégations. L’État a maintenant confisqué les propriétés de Cheikh Talal, et les entreprises de l’État les utilisent sans son autorisation.

J’ai appelé la police à intervenir contre ces dernières, car elles détiennent ses propriétés et privent ses enfants de gains financiers et d’allocations, et s’introduisent dans ses propriétés sans permission et sans paiement  en échange de leur utilisation.

Ont-ils essayé de régler le procès financier avec vous ?

Oui. J’ai intenté quatre procès liés à l’héritage de Cheikh Aziz al-Thani, le père de Cheikh Talal, qui est décédé loin du Qatar. Ces procès prouvent que Cheikh Abdel Aziz laissait un héritage important et de nombreuses propriétés, et que la part de Cheikh Talal était substantielle.

J’ai demandé au juge de prendre toutes les fermes et de relâcher Cheikh Talal. J’ai même déclaré durant notre dernière conversation: « Prenez tout, et si Cheikh Hamad veut les fermes, qu’il les prenne, s’il veut tout prendre, qu’il le fasse. Mais vous n’avez pas le droit de priver mon époux d’une vie normale, d’empêcher ses enfants de le voir, de les torturer et de les déplacer. »

Depuis quand Cheikh Talal est-il en prison ?

Depuis 2013, à la fin du règne de Cheikh Hamad, avant qu’il n’abdique en faveur de son fils, Cheikh Tamim. De plus, le verdict contre Cheikh Talal et son emprisonnement ont également eu lieu durant le règne de Cheikh Hamad. Il a été emprisonné à cause d’un chèque qui n’était pas valide. Un juge égyptien, Mohammed El-Minshawi, avait ordonné que Cheikh Talal soit libéré, mais sa décision n’a pas été appliquée. Je ne sais pas si ce juge est toujours au Qatar.

 

La demande faite par Cheikh Hassan ben Khalid Al-Thani pour fournir de l’eau et de l’électricité à l’une des propriétés enregistrées pour abriter les enfants de Cheikh Talal Al-Thani et leur mère à Al-Wakrah. (Fournie)
La demande faite par Cheikh Hassan ben Khalid Al-Thani pour fournir de l’eau et de l’électricité à l’une des propriétés enregistrées pour abriter les enfants de Cheikh Talal Al-Thani et leur mère à Al-Wakrah. (Photo Fournie)

Comment se porte Cheikh Talal ?

Son état est mauvais, psychologiquement et physiquement. J’ai pu le prendre en photo avant qu’il ne retourne en prison. Il semblait avoir perdu beaucoup de poids. Je n’aurais pas voulu que cette photo soit publiée si ce n’était pour prouver son mauvais état de santé.

Il souffre de diabète à un moment où le Qatar connaît un nombre élevé de cas de coronavirus, en particulier dans les prisons. J'ai peur pour sa vie [larmes dans les yeux]. Je lui ai demandé : « T’affament-ils ? » « Oui, ils m’affament », m’a-t-il répondu.

Je n’aurais jamais imaginé que cela puisse se produire au Qatar, mais après avoir vu la photo, je l’ai cru. Je me demande comment les prisonniers sont nourris, surtout un homme qui souffre de diabète et qui a déjà été opéré deux fois en prison, la première fois pour un problème à l’œil et la seconde à la jambe.

Vous attendez-vous à ce que Cheikh Talal soit libéré si le Qatar est accusé de violation des droits de l’Homme dans les procès liés à lui et ses enfants ?

Je m’attends à ce que le Qatar soit inculpé, mais pas à ce que Cheikh Talal sorte de prison. Cependant, je suis convaincue que je peux prouver au monde les violations des droits de l’Homme commises par les autorités qataries. La pression internationale qu’elles ressentent est le résultat de ces violations de droits. Cheikh Talal a été lésé de manière inimaginable.

Avez-vous l’intention de prendre de nouvelles à l’ONU et au CDH ?

Je poursuivrai toute procédure légale qui servira à protéger Cheikh Talal et ses enfants de cette injustice. J'ai l'intention de déposer plainte contre le Qatar devant la justice allemande. C'est très important pour moi, et j'ai commencé à prendre des mesures à cet égard. Cependant, en raison de la pandémie de Covid-19, j'ai dû arrêter. Maintenant que nous sommes de retour à la normale, je vais continuer le procès, d’autant plus que j'ai subi des dommages après qu'ils m'ont poursuivie à Genève. Ils ont même percuté ma voiture ! Je suis actuellement sous la protection de la police allemande car j'ai accusé le Qatar et ses médias de nombreuses violations.

Avez-vous reçu des menaces explicites de la part du Qatar ?

J’ai reçu des menaces lorsque j’étais au Club suisse de la Presse à Genève. Ils m’attendaient à l’extérieur et ont envoyé des gens pour me menacer et m’accuser d’espionnage. La dernière menace que j’ai reçue date de la semaine dernière, quand ils ont sorti Cheikh Talal de prison.

Ils m’ont prévenue que si je ne restais pas silencieuse, ils le remettraient en prison, et c’est ce qui s’est passé. J’ai vraiment peur de ces menaces. Vous ne pouvez pas imaginer mon état psychologique lorsque j’ai décidé de continuer à défendre les droits de mon mari et de mes enfants. Je craignais que mon mari ne soit éliminé. J’en aurais été la cause…

Quel message voulez-vous faire passer aux organisations internationales des droits de l’Homme via Arab News ?

Je voudrais leur demander de prendre le procès au sérieux et de se souvenir que le Qatar n’est pas au-dessus des lois. Si le Qatar respectait les droits internationaux de l’Homme, il aurait respecté la charte des droits des détenus. Si le Qatar prétend qu’il respecte les droits de l’Homme, alors il doit respecter les droits des enfants et permettre à ceux de Cheikh Talal d’être en contact avec lui, au moins par téléphone, deux ou trois fois par semaine. Je demande de même aux organisations internationales d’intervenir et de mobiliser leurs mécanismes.

Le Qatar n’est pas au-dessus des lois, et c’est le bon moment pour se mobiliser afin de restaurer les droits du prisonnier, de l'enfant et de la femme. J'espère que des pressions seront exercées sur le Qatar afin que Cheikh Talal soit libéré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

Short Url
  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Short Url
  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

Short Url
  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".