GENÊVE: L'escalade entre Israéliens et Palestiniens «doit cesser immédiatement», a réclamé mardi dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, en se disant «gravement préoccupé» par l'évolution de la situation.
«Les forces de sécurité israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue et calibrer leur recours à la force », a déclaré le chef de l'ONU. «Le lancement à l'aveugle de roquettes et de tirs de mortier vers les centres de population israéliens est inacceptable», a-t-il ajouté.
«Les Nations unies travaillent avec toutes les parties concernées pour désamorcer la situation de toute urgence», indique aussi son communiqué, sans autres précisions.
Un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme a déclaré mardi que l'ONU est «profondément inquiète» de l'escalade des violences en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.
«Nous condamnons toute violence et toute incitation à la violence, ainsi que les divisions ethniques et les provocations» a déclaré Rupert Colville lors du briefing régulier de l'ONU à Genève (Suisse), au moment où la région connaît la pire escalade depuis des années, déclenchée par des violences à Jérusalem-Est occupée.
Concernant les affrontement sur l'esplanade des Mosquées, le porte-parole a estimé que les forces de l'ordre israéliennes n'ont «clairement pas respecté ces derniers jours» leur obligation de répondre de façon proportionnée et de garantir de droit de se réunir pacifiquement.
Il a également souligné que les tirs de roquettes de Gaza sur Israël «étaient strictement prohibés par les lois humanitaires internationales et doivent cesser immédiatement».
Les autorités du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, ont fait état de 26 morts, dont neuf enfants, dans les frappes israéliennes menées en riposte à des salves de roquettes tirées depuis l'enclave palestinienne, en plus de 106 blessés.
L'armée israélienne a fait état de la mort de 15 membres du Hamas et du Jihad islamique, un autre groupe armé.
L'armée israélienne dit avoir frappé 130 cibles militaires, appartenant pour la plupart au Hamas.
Les heurts quotidiens sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, opposant des Palestiniens à la police israélienne, ont fait des centaines de blessés depuis vendredi.
Les Etats-Unis se disent «extrêmement préoccupés»
Les Etats-Unis se disent «extrêmement préoccupés» et appellent «les responsables israéliens et palestiniens à agir de manière décisive pour désamorcer les tensions et mettre un terme à la violence», dans un communiqué publié le 7 mai. «Il est absolument essentiel que toutes les parties fassent preuve de retenue, s’abstiennent d’actions et de rhétorique provocatrices, et préservent le statu quo historique sur l’Esplanade des Mosquées/le Mont du Temple, en parole et en pratique» est-il ajouté.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence sur les violences à Jérusalem, mais sans s'entendre sur une déclaration commune, les Etats-Unis jugeant qu'un «message public n'était pas opportun à ce stade», selon des diplomates.
A l'issue de nouvelles consultations dans l'après-midi sur la possibilité de publier un texte commun appelant à une désescalade, plusieurs diplomates ont indiqué qu'il ne devrait pas y en avoir lundi.
Dans la matinée, les Etats-Unis avaient expliqué à leurs 14 partenaires du Conseil, lors d'une visioconférence qui s'est tenue à huis clos, «travailler en coulisses» pour apaiser la situation et «n'être pas sûrs qu'à ce stade une déclaration aiderait».
«Les Etats-Unis sont engagés de manière constructive pour garantir que toute action du Conseil de sécurité contribue à apaiser les tensions», s'est bornée à indiquer dans le courant de l'après-midi un porte-parole de la mission américaine auprès de l'ONU.
Lors de la réunion tenue à la demande de Tunis, la Norvège, la Tunisie et la Chine avaient présenté un projet de déclaration réclamant «à Israël d'arrêter les activités de colonisation, de démolitions et d'expulsions» de Palestiniens, «y compris à Jérusalem-Est».
Dans ce document, le Conseil exprimait aussi «sa grave préoccupation face aux tensions et violences croissantes dans la Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est».
Il soulignait aussi «l'importance» pour toutes les parties «de s'abstenir de prendre des mesures unilatérales qui exacerbent les tensions et sapent la viabilité de la solution à deux États». Et il leur demandait de «faire preuve de retenue, de s'abstenir de toute provocation et de rhétorique, et de maintenir et respecter le statu quo historique dans les lieux saints».
Dans un communiqué, le chef de la Ligue arabe déclare quant à lui que les frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza sont «aveugles et irresponsables».
La ligue islamique mondiale condamne
La ligue islamique mondiale a également condamné dans un communiqué «les mesures d'évacuation par la force des maisons appartenant à des familles palestiniennes».
Communiqué de la #LigueIslamiqueMondiale : pic.twitter.com/1V3hd8uUoF
— Ligue islamique mondiale (@MWLOrg_Fr) May 9, 2021
L'un des vecteurs de tension des dernières semaines à Jérusalem-Est est le sort de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah menacées d'expulsion au profit de colons juifs.
Lundi, l'escalade s'est encore accrue avec des tirs de roquettes de Gaza vers Israël et des frappes meurtrières de l'Etat hébreu contre le Hamas, soit l'une des plus importantes augmentations de violences de ces dernières années.
Une semaine de violences entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes
Israël et les Palestiniens sont engagés depuis une semaine dans l'une des plus importantes escalades de violences de ces dernières années.
Eviction de Palestiniens
Le 3 mai au soir, des heurts éclatent dans le quartier de Cheikh Jarrah, proche de la Vieille ville à Jérusalem-Est, en marge d'une manifestation de soutien à des familles palestiniennes menacées d'éviction au profit de colons juifs.
Le tribunal de district de Jérusalem avait rendu en début d'année une décision favorable aux familles juives qui revendiquent des droits de propriété dans ce quartier. Depuis, des manifestations entraînent souvent des affrontements avec les forces de l'ordre.
La question de Jérusalem est l'une des principales pommes de discorde entre Israël et les Palestiniens. L'Etat hébreu estime que toute la ville est sa capitale «indivisible», et les seconds veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Appels internationaux
Le 5 mai, 22 Palestiniens sont blessés lors de nouveaux heurts. Onze manifestants sont arrêtés.
Le 6, Paris, Berlin, Londres, Rome et Madrid demandent à Israël de mettre fin «à sa politique d'extension des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés» et de cesser les expulsions à Jérusalem-Est.
Le 7, l'ONU exhorte Israël à cesser toute expulsion forcée de Palestiniens.
Heurts sur l'esplanade des Mosquées
Ce même jour, des dizaines de milliers de fidèles se réunissent dans l'enceinte de l'esplanade des Mosquées -- appelée Mont du Temple par les juifs -- pour la dernière grande prière du vendredi avant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan.
Selon la police israélienne, des Palestiniens lancent des projectiles sur les forces de sécurité qui répliquent avec des grenades assourdissantes et des balles en caoutchouc.
Le 8, de nouveaux heurts font une centaine de blessés, parmi lesquels des mineurs, dans d'autres secteurs de Jérusalem-Est, selon le Croissant-Rouge palestinien. La police israélienne évoque aussi des blessés dans ses rangs.
Les quatre membres du quartette pour le Proche-Orient (ONU, UE, USA et Russie) appellent Israël à la retenue.
Report de l'audience sur l'expulsion
Le 9, le pape François appelle à la fin des heurts. Le secrétaire général de l'ONU exhorte Israël «à cesser les démolitions et les expulsions».
Une audience clé de la justice israélienne, prévue le lendemain sur le sort de familles palestiniennes menacées d'éviction, est reportée.
Dans la nuit, des ballons incendiaires et sept roquettes sont lancés de Gaza vers le sud d'Israël.
Nouvelles violences
Le 10, quelque 520 Palestiniens et 32 policiers israéliens sont blessés dans de nouveaux heurts, notamment sur l'esplanade des Mosquées.
Ces accrochages coïncident avec la « Journée de Jérusalem », qui marque selon le calendrier hébraïque la prise de la partie orientale, peuplée de Palestiniens, de la Ville sainte par l'armée israélienne en 1967.
Un Arabe Israélien succombe à des blessures par balle en marge d'accrochages avec des Israéliens dans la ville de Lod (centre).
Dans la soirée, Israël mène des frappes meurtrières dans la bande de Gaza, en riposte à des salves de roquettes tirées depuis l'enclave palestinienne de Gaza, aux mains du mouvement islamiste Hamas, vers Israël.
Echanges de tirs entre Israël et Gaza
Le 11, le Hamas et Israël poursuivent leurs échange de tirs depuis et vers la bande de Gaza.
En deux jours, 28 personnes, parmi lesquelles dix enfants, ont été tuées dans des raids israéliens, en plus de 125 blessés, selon le ministère de la Santé à Gaza. Le Jihad islamique, second groupe armé de la bande de Gaza, indique que deux de ses commandants figurent parmi ces décès.
Les services de secours font état de deux Israéliennes tuées à Ashkelon (sud) dans des tirs de roquettes. Plus de 70 Israéliens sont traités dans un hôpital de cette ville.
Israël va «intensifier» ses attaques contre le Hamas, prévient le Premier ministre, Benjamin Netanyahu.