PARIS : L'économie française devrait être en mesure de croître de 5% cette année, a confirmé lundi la Banque de France dans sa dernière enquête de conjoncture qui met toutefois en exergue des difficultés d'approvisionnement dans l'industrie.
D'une manière générale, « les entreprises sont plutôt dans une dynamique de progression de leur activité par rapport aux mois précédents », a estimé le directeur général de la banque centrale française, Olivier Garnier, lors d'une présentation à la presse.
Au vu des réponses fournies par 8500 entreprises interrogées entre le 28 avril et le 5 mai, le niveau d'activité a été en avril inférieur de 6% à celui d'avant la crise du Covid-19, soit un point de mieux que dans le résultat de la précédente enquête réalisée il y a un mois.
L'impact des dernières mesures de restriction sanitaires aura donc été légèrement moindre que celui des mesures effectives au mois de novembre (-7%), malgré la fermeture des écoles.
En mai, avec la réouverture programmée de tous les commerces, des terrasses, musées, cinémas et théâtres à compter du 19 du mois, l'activité devrait revenir à -4% par rapport aux niveaux de janvier et février 2020.
Ce qui fait qu'en l'absence de nouveau rebond épidémique, « notre scénario de croissance » à 5% pour 2021 « est plutôt confirmé », selon Olivier Garnier.
D'ailleurs l'acquis de croissance à la fin mai, c'est-à-dire la progression du produit intérieur brut (PIB) sur l'année si l'activité stagnait sur les sept derniers mois, serait déjà de « près de 4,5% », a ajouté M. Garnier.
Le gouvernement a lui aussi un objectif de croissance de 5% pour 2021 et table sur un retour au niveau d'activité de l'avant-crise au premier semestre 2022.
L'enquête de la Banque de France montre que les services aux entreprises ont mieux résisté en avril que les services de proximité en général et que « dans le secteur du bâtiment, l'activité est quasi stable, très proche de son niveau d'avant-crise, selon les chefs d'entreprise interrogés », avec des carnets de commandes particulièrement bien remplis qui dépassent leurs niveaux déjà très élevés de 2019.
Dans l'industrie, la situation est contrastée selon les secteurs.
Le taux d'utilisation des capacités de production progresse légèrement, de 80% à 81% entre mars et avril, mais recule de 81% à 77% dans l'automobile en raison notamment de difficultés d'approvisionnement qui ont frappé ce secteur au niveau mondial.
En effet la reprise de l'économie mondiale « se traduit par des tensions sur certains types de matières premières ou dans des secteurs type semi-conducteurs », tensions « doublées du fait que les entreprises avaient plutôt déstocké durant la crise », a expliqué M. Garnier.
Mais cette difficulté qui affecte aussi d'autres secteurs industriels ainsi que le bâtiment, vient selon lui « plus d'un problème de redémarrage que d'un problème structurel durable ».
Côté positif, avec une reprise économique plus précoce en Asie et aux Etats-Unis qu'en Europe, « l'activité industrielle est sans doute pas mal tirée par l'activité mondiale », a encore relevé le directeur général de la Banque de France.
Sur l'inflation, il a jugé que « les hausses de coûts des intrants, surtout si elles sont transitoires, vont plutôt affecter les marges des entreprises plutôt que les prix ».
En matière d'emploi enfin, Olivier Garnier a estimé qu'avec la reprise, un retour des difficultés de recrutement que les entreprises connaissaient avant la crise n'était pas exclu.